eJournals Vox Romanica 74/1

Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
2015
741 Kristol De Stefani

Przemysław Dębowiak, La formation diminutive dans les langues romanes, Frankfurt am Main (Peter Lang) 2014, 265 p. (Études de linguistique, littérature et art 2)

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2015
Adrian  Chircu
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Besprechungen - Comptes rendus 263 version longue de l’épisode de la fausse Guenièvre dans le Lancelot, à la valeur - là négative, ici positive - de l’érudit. T. Pavel, dans «Raconter, réfléchir, exhorter» (247-65), revient sur la distinction que faisait Paul Zumthor entre oralité et vocalité: «l’oralité est la manière dont un message est transmis par la voix et capté par l’oreille, la vocalité est une notion relative aux valeurs qui sont attachées à la voix comme voix» (254). Cette bipartition, qui implique selon l’auteur que nous écoutons la littérature autant que nous la lisons, est mise au service d’un programme d’application dont le but est de promouvoir la possibilité de mettre au jour, dans l’œuvre littéraire, les traces, par exemple réflexives comme dans le cas de l’ironie flaubertienne, de l’instance auctoriale - au rebours d’ailleurs de certaines habitudes critiques: «les attitudes de la voix - qui sont également celles de l’esprit qui s’y incorpore et qui l’anime - jouent un rôle essentiel» (256). Dans «Les fictions encyclopédiques. De Gustave Flaubert à Pierre Senges» (267-82), L. Demanze emprunte une problématique similaire à celle de B. Blanckeman pour mettre en regard savoir encyclopédique et érudition: «l’un est une pratique collective aimantée par un désir de totalité, la seconde serait essentiellement une préoccupation asociale et solitaire, magnétisée par la ressaisie précise des faits» (281-82). Or, pour l’auteur, Bouvard et Pécuchet représente le premier moment d’une mise en crise de la volonté totalisante de la pratique encyclopédique, qui se module dès lors en un savoir des multiplicités - où l’on retrouve la problématique de l’atomisation des savoirs mise en évidence par B. Blanckeman: «Si le monde est un labyrinthe, le livre même devra susciter cette étrangeté et provoquer chez le lecteur l’aveuglement du voyageur incapable d’accéder à une vision panoptique du réel» (271). À la lecture de ce recueil - qui se termine par une suite de notations de G. Macé, «Des livres mouillés par la mer. Pensées simples III» (283-301), en forme de journal de bord d’un lecteur érudit -, on est frappé par l’ampleur de la diversité des pratiques et des attitudes que la postérité de Paul Zumthor fait germer. Plusieurs contributions très personnelles offrent un éclairage inédit sur le métier de chercheur, sans toutefois faire l’économie d’analyses profondes et pertinentes. Philippe Simon H Przemys ł aw D ę bowiak, La formation diminutive dans les langues romanes, Frankfurt am Main (Peter Lang) 2014, 265 p. (Études de linguistique, littérature et art 2) La publication d’un nouvel ouvrage portant sur les diminutifs romans peut être expliquée de deux façons: soit les auteurs des études antérieures n’ont pas intégralement étudié la formation de ce type de dérivés, soit la situation actuelle de ceux-ci réclame la reconsidération des faits de langue, à cause des changements survenus au cours des années. Vu l’état des recherches, dans son ouvrage, le linguiste polonais Przemys ł aw D ę bowiak se propose de privilégier la première voie, qui s’explique par les parcours diachronique et synchronique précisés dans l’Introduction de son volume. Dès le début, l’auteur déclare que «le principal motif du choix du sujet de ce travail a été l’absence de monographie qui envisage la problématique signalée d’une manière complète» (11). Son étude prend comme points de référence les descriptions de la diminution romane élaborées dans les années 50 par Bengt Hasselrot et Reino Hakamies, rares et doctes à la fois. Après avoir attentivement parcouru la bibliographie afférente au sujet traité, D ę bowiak soutient «[qu’]il y a deux approches concernant la formation diminutive romane qui [lui] paraissaient manquer» (11): la description comparative synchronique des marqueurs diminutifs actuels dans les langues romanes et les changements survenus au cours des siècles. Besprechungen - Comptes rendus 264 1 Malgré le fait que l’auteur a consulté des études sur le provençal (Adams, Anglade, Östberg), il semble que l’auteur penche pour l’emploi du terme occitan, quand il discute de la situation du diminutif dans le domaine d’oc. 2 L’auteur - qui s’est sans doute laissé abuser par la présence massive des militants «arpitanistes» sur internet - préfère utiliser ce terme au lieu de francoprovençal car il considère que le premier est situé sous le signe d’une certaine neutralité [sic] (13). D’ailleurs, le romaniste polonais considère que sa contribution à la connaissance des diminutifs «remplit une lacune dans le domaine de la morphologie historique et comparée des langues romanes. Son avantage est d’envisager le problème posé d’une perspective tant diachronique que synchronique, perspectives qui jusqu’à présent restaient séparées» (12). En ce qui concerne la disposition du contenu, le livre de D ę bowiak respecte la structure classique des ouvrages de linguistique romane. Le premier chapitre, «La formation diminutive en tant que marque d’expressivité et moyen d’enrichissement du lexique d’une langue», contient des repères théoriques qui permettent une meilleure compréhension du mécanisme de la diminution, vue parfois en opposition avec l’augmentation. À cela s’ajoutent les discussions portant sur les moyens d’expression qui sont judicieusement décrits et exemplifiés (affixes diminutifs, changement de genre, réduplication, association des adjectifs exprimant la petitesse, énallage, etc.), ainsi que sur le sens et la fonction des diminutifs et des augmentatifs. Généralement, dans cette première partie, l’auteur fait appel à certains exemples tirés de sa langue maternelle, le polonais, et d’autres langues (allemand, hongrois, suédois, basque, par exemple), ce qui ne nuit pas au cadre théorique dressé. Dans le deuxième chapitre («La formation diminutive en latin»), D ę bowiak aborde la problématique du diminutif dans la langue latine, où ce dernier était très présent, caractérisant spécialement la langue parlé, dont nous retrouvons quelques exemples dans le très connu Appendix Probi (auris non oricla, vetulus non veclus). Le romaniste polonais tient à préciser que, dans la langue latine, dérivative par excellence, «la formation diminutive concernait surtout les substantifs, mais aussi certains adjectifs, adverbes et parfois même des verbes; ces caractéristiques sont d’ailleurs communes, de manière très générale, aux langues indo-européennes» (45). Ensuite, dans le même chapitre, D ę bowiak réalise un inventaire des suffixes diminutifs latins (par exemple, le suffixe *-loou *-ko-) et leurs variantes (par ex., le suffixe -lus/ ŭ la/ -lum; -c ŭ lus/ -c ŭ la/ -c ŭ lum), auxquelles s’ajoutent d’autres moyens (diminution par énallage ou renforcement par adverbe ou préfixe). L’auteur offre des exemples suggestifs (par ex., alba ‘blanche’ . alb ŭ la; tam f ě r ō c ŭ lus ‘tellement hardi’; s ŭ bcrass ŭ lus, -a, -um ‘grassouillet’), afin de faciliter son investigation. Certains sous-chapitres (2.3. «Sens et fonctions des diminutifs en latin»; 2.4. «Continuation des diminutifs latins dans les langues romanes») ont pour rôle d’éclairer des aspects liés à la sémantique (réduction ou élargissement de signification) et à l’héritage des langues romanes, ce qui permet de suivre l’évolution des diminutifs (réduction ou développement), au cours des siècles, dans différents zones de la Romania. Soulignons aussi l’effort que fait l’auteur d’offrir des explications justes à l’égard de la perte de diminution dans le cas des diminutifs lexicalisés français (le type toilette, qui n’est plus une ‘petite toile’) ou relativement au remplacement des mots primitifs tombés en désuétude (des cas comme lacet, pour lacs ou muet pour mu) (138). Le troisième et dernier chapitre («La formation diminutive dans les langues romanes»), mis à part un bref parcours diachronique, est intégralement destiné aux faits de langue synchroniques, présents dans les langues romanes contemporaines (portugais, galicien, espagnol, catalan, occitan 1 , français, «arpitan» 2 , sarde, italien, rhéto-roman, roumain). L’investigation Besprechungen - Comptes rendus 265 permet à l’auteur d’observer que «la formation diminutive par suffixes est généralement d’une grande vitalité dans les langues romanes modernes; cet état de choses résulte d’une continuation et d’une amplification des tendances d’évolution morphologique et lexicale du latin, observable tout au long de son histoire, et particulièrement à l’époque tardive» (171). Les «Conclusions générales» reprennent les aspects décrits dans les pages de cet ouvrage, D ę bowiak insistant sur le fait que «l’histoire des marqueurs diminutifs en latin et dans les langues romanes se fonde sur quelques mécanismes morphologiques et sémantiques qui se répètent cycliquement» (175). Les mérites de cette monographie de la diminution romane actuelle sont indiscutables et nous avons constamment remarqué le goût du détail, le bon choix des exemples et, aussi, l’esprit de synthèse de l’auteur. À notre avis, pour une meilleure interprétation, il aurait cependant fallu que le chercheur se penche aussi sur les dialectes des langues romanes investigués, qui sont plus conservateurs et qui, heureusement, sont encore vivants. La recherche dialectale aurait permis d’obtenir des informations complémentaires, par le biais du roumain (par exemple, la constatation que le suffixe -uc est rare (167); au Maramure ş , celui-ci est encore très présent et il est employé de manière générale; il est vrai que l’affixe -ui est peu productif mais les exemples sont assez anciens). Une meilleure distinction (formes anciennes/ nouvelles) aurait fourni d’autres données quant à la dynamique de la diminution. Il aurait aussi été intéressant de suivre systématiquement le fonctionnement des moyens de diminution des noms propres ou des néologismes d’origines diverses, ce qui aurait contribué à compléter le sujet abordé et à rapporter à nos jours les commentaires concernant le diminutifs. Les Annexes sont très utiles et valorisent en grande partie les dictionnaires représentatifs des langues romanes comme le REW ou le FEW. D’ailleurs, dans cette section du livre, D ę bowiak se propose de rédiger un petit lexique d’une vingtaine de diminutifs latins qui survivent dans les langues romanes. Cet outil s’avère nécessaire à une compréhension adéquate, non seulement de la démarche de l’auteur mais aussi de l’évolution et de la survie diminutive romane (179-88). L’identification des exemples dans le texte est facilitée par la rédaction d’un «Index des mots» qui contient les mots discutés. Quant aux «Références», elles nous permettent d’avoir accès aux options théoriques que l’auteur a choisies pour son entreprise et de connaître la provenance de ses exemples. Les trois résumés (en français, en polonais et en anglais) qui terminent cette analyse du diminutif roman assurent une large diffusion des connaissances linguistiques que l’on trouve dans les pages de l’ouvrage. Nous espérons que les romanistes trouveront dans les pages de ce livre beaucoup d’informations liées au rôle et à la place des diminutifs dans les langues romanes concernées, d’hier et d’aujourd’hui. Nous avons eu sous nos yeux un livre facile à consulter et étayé par de nombreux faits de langue appropriés. Cette étude de la vitalité des diminutifs romans possède toute sa raison d’être puisque nous avons affaire à un processus de formation lexical qui, à part quelques exceptions, est loin d’être éteint. Adrian Chircu H Tommaso Raso/ Heliana Mello (ed.), Spoken Corpora and Linguistic Studies, Amsterdam/ Philadelphia (John Benjamins) 2014, viii + 498 p. (Studies in Corpus Linguistics 61). Il volume recensito è una ponderosa miscellanea che fa il punto sugli ultimi sviluppi della linguistica dei corpora nell’ambito degli studi sul parlato spontaneo. L’opera è pubblicata all’interno della collana di John Benjamins Studies in Corpus Linguistics, attiva dal 1998 e