eJournals Vox Romanica 74/1

Vox Romanica
vox
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2941-0916
Francke Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
2015
741 Kristol De Stefani

Ricarda Liver, Der Wortschatz des Bündnerromanischen. Elemente zu einer rätoromanischen Lexikologie, Tübingen (Francke) 2012, 334 p.

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Jörg  Timmermann
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Besprechungen - Comptes rendus 279 6 La cote des prénoms en 2008, Neuilly-sur-Seine 2007. In conclusione, nel decimo capitolo Sestito propone delle riflessioni sul concetto di «nome di moda», riprendendo le definizioni adottate in altri lavori, ed esprime le proprie riserve in merito alle indagini che mirano a spiegare come e perché si scelga un nome: si tratta, infatti, di una procedura molto complessa, soggettiva e difficilmente indagabile con strumenti scientifici. Il capitolo si chiude facendo riferimento allo studio di J. Besnard 6 secondo il quale «per ogni nome entrato nel ciclo della moda [sono previsti] vari momenti successivi: in sintesi si ha una fase di ascesa (in cui la frequenza percentuale passa da 0.1% a 1%), una fase di conformismo, ovvero di moda vera e propria, in cui la frequenza supera costantemente l’1% e il nome viene mediamente percepito come gradevole e appropriato per un neonato, infine una fase di declino (in cui la frequenza scende dall’1% allo 0.1%), e poi un periodo generalmente lungo di ‘purgatorio’, in cui il nome, usurato dalla cospicua diffusione in tempi recenti, non è di fatto preso in considerazione, in quanto non in linea con la moda, e appare tendenzialmente sgradito» (364-65). Il volume di Francesco Sestito si chiude con una ricca appendice (373-434) in cui sono riportate alcune tabelle riassuntive delle rilevazioni considerate nel corso dello studio, corredate dai consueti valori statistici. La completezza dello studio di Francesco Sestito permette di inquadrare sotto una nuova luce parte della scena antroponimica italiana dalla seconda metà del Quattrocento ad oggi. Questo grande contributo nell’ambito dell’antroponimia diacronica italiana non può che fungere da incoraggiamento e da stimolo, nonché da modello, per gli studi futuri. Camilla Bernardasci Raetoromania Ricarda Liver, Der Wortschatz des Bündnerromanischen. Elemente zu einer rätoromanischen Lexikologie, Tübingen (Francke) 2012, 334 p. Si la lexicologie des grandes langues romanes a déjà fait couler beaucoup d’encre, il n’en va pas de même des petites langues romanes telles le romanche (le rhéto-roman des Grisons). Nous saluons donc le fait de disposer désormais d’une monographie fort bien documentée sur son lexique, et ce d’autant plus que son auteure est connue comme l’une des meilleures spécialistes en matière de linguistique romanche. L’étude en question comprend trois parties dont la première adopte une perspective synchronique appliquant les notions de base de la lexicologie à sa description, à savoir un choix de champs lexicaux (1.2), les phraséologismes (1.3) et les relations sémantiques: la synonymie (1.4.2), l’antonymie (1.4.3) et le couple polysémie vs homonymie (1.4.4). À l’opposé de la synchronie, les chapitres suivants (2 et 3) traitent le lexique dans une optique historique: la stratification étymologique du lexique (2.2) et lexique du romanche tel qu’il se manifeste dans les premiers textes (3). Dans la partie synchronique (11-47), R. L. présente tout d’abord cinq esquisses consacrées aux champs lexicaux suivants: «les désignations de la parenté», «la perception», «la communication verbale», «l’orientation dans l’espace» et «les animaux domestiques» dont le premier et le dernier me semblent particulièrement bien choisis. Leur structuration lexicale est de nature à refléter de façon exemplaire certains aspects de la vie des montagnards. Ainsi, le champ de «la désignations de la parenté» distingue quatre degrés de cousinage (14), l’inceste Besprechungen - Comptes rendus 280 1 Comment mieux mettre en valeur - dans la partie synchronique aussi - les particularités du lexique romanche? C’est une optique qui présuppose - ce me semble - une perspective contrastive et par là-même des travaux préliminaires. Il va de soi que les remarques ci-dessous ne se veulent pas une critique mais seulement des suggestions pour de futurs travaux: - Quant aux champs lexicaux, on pourrait recourir au champ lexical «eaux»: (ce n’est pas parce que j’en suis l’auteur moi-même mais) on pourrait ainsi recourir à une base comparative de quatre langues (allemand, anglais, espagnol et français). La section de ce champ qui se réfère aux cours d’eau de montagne est-elle plus nuancée lexicalement en romanche que dans les autres langues (angl. torrent, fr. torrent, esp. torrente)? (Cf. J.Timmermann, Lexematische Wortfeldforschung. Das Wortfeld «Gewässer» im Französischen, Deutschen, Englischen und Spanischen, Tübingen 2007: 150 s., 199, 212). - Quant à la polysémie, comment le romanche se comporte-t-il face à des patrons polysémiques typiquement romans, comme par ex. fr. temps [phénomène météorologique] + [phénomène chronologique] face à all. Zeit vs Wetter? - Quant à l’antonymie, comment le romanche se comporte-t-il face à des antonymies telles que louer ‘prendre en location’ vs louer ‘donner en location’ vs all. mieten/ vermieten; fr. acheter vs vendre face à all. kaufen vs verkaufen; face à it. rimanere ‘rester’ et ‘devenir’? L’on pourrait mettre également à profit ici la typologie lexicale selon V. Gak; ce dernier cherche à identifier la proximité lexicale (convergences/ divergences) entre cinq langues romanes. Il s’agit là des séries du type: fr. eau, esp. agua, it. acqua, port. água, roum. ap ǎ remontant toutes au même étymon. Il parvient ainsi à établir ce qu’il appelle le degré d’individuation. Il en ressort que le roumain fait bande à part car disposant du nombre le plus élevé de mots isolés qui ne continuent dans aucune des autres langues en question. Quelle serait la place du rhéto-roman ou du romanche parmi ces cinq langues? Cf. V. Gak, «Typologie des divergences lexicales entre les langues romanes dans l’optique onomasiologique», in: U. Hoinkes (ed.), Panorama der lexikalischen Semantik. Thematische Festschrift aus Anlass des 60. Geburtstags von Horst Geckeler, Tübingen 1995: 175-83. 2 X. Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise. Une approche linguistique du vieux-celtique continental, Paris 2 2003. 3 Cf. les unités suivantes citées d’après la forme sursilvane: gaulta (63), garlet (64), diervet (64), signun (66), groma (66), gavegl (67 s.) et sliusa (68). étant un fléau continuel des populations retirées dans la montagne et par là-même le plus souvent sans rapports externes; le champ des animaux domestiques présente des distinctions telles que ‘± maturité sexuelle’ ou bien ‘châtré’ vs ‘non châtré’ (30), jouant un rôle éminent dans l’élevage du bétail et montrant à quel point la vie des paysans alpins s’inscrit dans la structuration lexicale dudit champ. Toutefois, si R. L. se propose de dégager au cours des chapitres diachroniques (2 et 3) les aspects particulièrement caractéristiques du lexique romanche (253), on peut se demander pourquoi cette perspective très prometteuse ne s’applique pas avec la même constance à ses descriptions synchroniques, «l’originalité des exemples» choisis ici «n’étant pas le premier critère qui règle son choix ici» (252) 1 . La partie étymologique (chapitre 2: 48-203) me semble parfaite (à condition de mieux mettre en relief les éléments gaulois): R. L. y discute avec virtuosité les différentes étymologies dont il est question au cours de ce chapitre en pondérant méticuleusement le pour et le contre des différentes approches proposées pour tel et tel mot, ajoutant, le cas échéant, ses propres solutions (cf. tschanc [55 s.] et foppa [58 s.]). Pour ce faire, elle se fonde sur la classification suivante: éléments préromains (2.2.2), latins (2.2.3) et germaniques (2.2.4). Certaines étymologies relatives aux éléments préromains (51-71) appellent pourtant un commentaire de ma part: d’après Delamarre 2 2003 2 , différents mots rangés par R. L. sous la catégorie indifférenciée des éléments préromains permettent clairement d’être précisés comme gaulois. Certes, à plusieurs reprises, elle signale l’origine gauloise 3 sans le faire pour autant constamment, comme les cas suivants le laissent entrevoir: Besprechungen - Comptes rendus 281 4 J. Grzega, Romania Gallica Cisalpina. Etymologisch-geolinguistische Studien zu den oberitalienisch-rätoromanischen Keltizismen, Tübingen 2001. 5 J. Kramer, compte rendu de R. Liver 2012, ZRPh. 130 (2014): 1034-41. 6 Voir à ce sujet, J. Grzega 2001: 338 (carte 9). - surs. darvena, engad. rasvenna ‘berce commune’ (heracleum sphondylium), phytonymes dont une base lexicale *ard, art ‘ours’ (non explicitée étymologiquement chez R. L.) se trouverait à l’origine (53); avec Delamarre 2 2003: 55 s., nous sommes ici indubitablement en présence d’un étymon gaulois; cf. v.irl. art, gall. arth, bret. arz ‘id.’ et ‘guerrier’. - surs. urlaun, vall. amblana, etc. ‘lagopède alpin’ , *albulana (53 s.). Origine non précisée par R. L.; en effet, le mot serait préceltique d’origine, mais passé dans différents dialectes romans par l’intermédiaire du gaulois (celticité indiquée par le suffixe -ena/ -inea), donc à interpréter en dernière instance comme celtisme (cf. Grzega 2001: 56) 4 . - surs./ put. tegia, vall. teja, etc. , (at)tegia ‘hutte, cabane’ (65). R. L. indique différentes sources qui partent soit d’une origine gauloise soit d’une étymologie à partir d’un substrat méditerranéen; d’après Delamarre 2 2003: 59, nous avons affaire ici une fois de plus à un étymon de claire filiation gauloise (cf. les corrélats du celtique insulaire: v. irl. teg, gall. t ŷ , bret. et corn. ti, tous ‘maison’). - *grava ‘éboulis’ (61 s.). Étymon d’origine indéterminée chez R. L., attribué au gaulois chez Delamarre 2 2003: 183; cf. bret. et gall. gro ‘sable de rivière’, plus éloigné v. irl. griän ‘gravier’. On pourrait encore multiplier les exemples. Je veux bien - en accord avec Kramer 2014: 1036 5 - qu’il vaille mieux se montrer réticent à toute étymologie par trop hasardeuse; cependant, les sources que j’ai consultées ne parlent de celtismes que sur la base de critères bien établis en celtologie (mots apparentés en néoceltique, suffixe gaulois, mots cités chez les auteurs classiques, etc.). Il s’avère, dès lors, que parmi les éléments prélatins, l’étendue de l’apport gaulois est plus vaste que la présentation de R. L. veut nous le faire croire: en conséquence, je proposerais d’intégrer dans sa stratification étymologique une couche réservée exclusivement aux celtismes dont la vraie liste deviendrait encore plus longue, m’étant limité ici à quelques exemples. Cette stratification correspondrait, par ailleurs, à la présentation des couches étymologiques telles qu’on les trouve en règle générale dans divers manuels sur l’histoire du français et de l’espagnol. Ou bien est-il inadéquat de partir d’un substrat celtique/ gaulois pour les Alpes des Grisons 6 ? La présentation des éléments latins constitue pour ainsi dire le cœur de ce chapitre (71- 149), le lexique latin constituant son fonds héréditaire et représentant quantitativement de loin la couche la plus importante (50). R. L. recourt ici - pour bien mettre en évidence les caractéristiques de cette strate - à la combinaison de deux paramètres, soit les variations diatopique et diachronique (72): quant à la variation diatopique, elle distingue A) les mots qui ne sont attestés qu’en romanche, soit entièrement soit partiellement; B) les mots dont la répartition géographique couvre également les aires limitrophes du romanche (lombard, frioulan, ladin, etc.; C) les mots dont la répartition géographique concerne - en dehors de l’aire romanche - des parties assez vastes de la Galloet de l’Italoromania et enfin D) les mot qui, quoique limités au romanche, connaissent aussi des équivalents dans certaines zones marginales de la Romania (portugais, roumain, sarde, italien méridional). Pour indiquer la variation chronologique, elle se sert de minuscules a)-c), a) indiquant le latin classique, b) le latin tardif et enfin c) les néologismes romanes. Ainsi Aa) peut être exemplifié par cudisch ‘livre’ , lat. codex (73); pour Da) l’on citera èr , lat. ager, étymon qui se manifeste, par opposition à lat. campus (Italoromania), aussi en portugais, roumain, sarde et calabrais (123 s.). Besprechungen - Comptes rendus 282 7 Pour la problématisation de cette approche, cf. R. Liver 2012: 205, 231. 8 Toujours est-il que nombre de germanismes employés chez Gabriel ont disparu de la langue contemporaine (215). 9 Toutefois, R. L. émet l’hypothèse selon laquelle la faible quantité de germanismes qu’on trouve dans la version engadinoise de Bifrun serait imputable au fait que ce dernier se montre particulièrement réservé sur leur emploi, certains des germanismes qu’on trouve chez Gabriel étant absolument courants dans l’engadinois de l’époque (215, 231). 10 Il s’agit de Gian Travers (put.), Durich Chiampel (vallad.) et des auteurs sutsilvans Daniel Bonifaci, Adam Nauli, Balzer Alig et Zacharia da Salò (231). Suit le sous-chapitre sur les germanismes (150-203). Ici, comme avant, les exemples sont bien choisis; ils sont de nature à mettre en évidence le caractère insolite du vocabulaire romanche. Ainsi le lecteur s’étonnera d’apprendre que le romanche connaît des germanismes anciens (152-58) comme surs. uaul , germ. wald (156), des néologismes romans à base germanique (158-171) comme scrinari ‘menuisier’( , suisse all. Schriner + suffixe roman -ari [159]), des calques (171-75) comme surs. letg ‘mariage’ ( , letg ‘droit’), exemple où - d’après la fameuse formule d’Ascoli «materia romana e spirito tedesco» (c.-à-d. signifiant roman et signifié germanique [171]) - l’évolution sémantique de letg (‘droit’ . ‘mariage’) se calque précisément sur celle de germ. ewa ‘droit’ . ‘mariage’) et enfin des emprunts (récents) à l’allemand/ tyrolien/ suisse allemand (175-91) comme ampla ‘feux-rouge’ (185), polizist ‘agent de police’ (188) et spinat ‘épinards’ (190) pour ne citer ici que les exemples les plus éloquents. Le troisième et dernier chapitre (204-51) s’intéresse aux premiers textes du romanche (XVI e et XVII e siècles) notamment sous l’aspect de l’historicité des divergences lexicales entre ses idiomes: celles-ci sont-elles plutôt récentes ou se retrouvent-elles déjà dans les premiers textes? À la recherche d’une réponse, R. L. se fonde sur la comparaison des premières traductions de la Bible (en l’occurrence les Actes des apôtres, chapitres 20-24) en deux dialectes romanches: il s’agit là du sursilvan et de l’engadinois (puter) dans les versions de Luci Gabriel et de Giachem Bifrun respectivement (avec le même texte de départ, les traduction en deux idiomes différents permettent de nombreuses comparaisons [205]) 7 . Il en résulte que grosso modo les divergences actuelles se dessinent déjà dans ces traductions, ce qui prouve qu’au moment de leur réalisation ces différences existaient déjà (230). À cela s’ajoute une deuxième observation: le voisinage de l’aire germanophone comme c’est le cas du sursilvan va de pair avec un plus grand nombre de germanismes 8 (215-19); l’engadinois, en revanche, confinant immédiatement à l’aire italophone, connaît un plus grand nombre de italianismes/ mots d’origine romane: ainsi, surs. ufruor (cf. all. Aufruhr) chez Gabriel 20.1, 21.38, 24.18, 23.7, etc. s’oppose à engad. rimur 20.1, arimur 21.38, 24.18, dabat 23.7, etc. chez Bifrun (216); le lecteur s’étonnera de surcroît d’apprendre que Gabriel a l’habitude d’insérer dans sa traduction certains mots transmis tels quels par l’allemand, surtout les noms des langues: griechisch 21.37 et Hebreisch 21.40 (tandis que Bifrun a recours ici à différentes formes romanes [218]) 9 . Suit l’analyse des particularités lexicales chez d’autres auteurs des XVI e et XVII e siècles (231-51) 10 : à l’opposé des comparaisons entre les traductions de la Bible (205-31), R. L. met l’accent ici non sur les différences mais sur les affinités dialectales (232). Ainsi - pour ne citer qu’une observation éloquente - dans bien des cas, la signification a fini par se spécialiser dans la langue actuelle, comme en l’occurrence en engadinois et en sursilvan: lat. mansio . engad. maschun ‘maison’, surs. mischun ‘ibid.’ (XVI e / XVII e s) . auj. ‘perchoir’ (239). Pour conclure, R. L. réussit pleinement à dessiner l’image d’une langue insolite, bien distincte des autres langues romanes, et par là-même bien fascinante; point n’est besoin (pour les jeunes romanistes) de partir pour d’autres horizons (cf. Kramer 2014: 1040). Pour la Besprechungen - Comptes rendus 283 recherche future, ce livre marquera, à n’en pas douter, le point de départ. Dans ce sens-là, il va sans dire que les quelques propositions alternatives que j’ai formulées au sujet de la partie synchronique (cf. surtout N1) ne se veulent aucunement critiques. Elles ont pour principal but d’encourager d’autres travaux. Quant à la partie étymologique, la discussion minutieuse des différentes approches et la pondération de ses conclusions sont exemplaires. Certes, ça et là, selon les sources que l’on prend pour base, on en vient à peser les choses un peu différemment (comme je l’ai proposé pour les celtismes). Reste à espérer que ce livre contribue à éveiller l’intérêt pour une langue qui, tout en occupant une place centrale dans la géographie de l’Europe, ne joue qu’un rôle marginal dans ses paysages linguistiques. Jörg Timmermann Galloromania Vita e passione di santa Margherita d’Antiochia, due poemetti in lingua d’oc del XIII secolo, edizione critica a cura di Maria Sofia Lannutti, Firenze (Edizioni del Galluzzo) 2012, cxix + 162 p. (Archivio romanzo 23) Ce volume propose l’édition critique de deux textes hagiographiques occitans en couplets d’octosyllabes sur la vie et la passion de sainte Marguerite d’Antioche. Il s’agit de deux versions dérivant d’une même source latine: la première très courte (596 v.) est attestée par cinq manuscrits dont trois fragmentaires (BPS) et un de collocation actuellement inconnue (M, dont le texte est fourni par deux transcriptions modernes); la deuxième plus longue (1550 v.) se trouve dans un manuscrit unique conservé à la Bibliothèque Laurentienne de Florence. La nouvelle édition a en premier lieu le mérite de réunir l’une à côté de l’autre ces deux versions en octosyllabes puis se justifie par la qualité insuffisante des éditions précédentes, datant d’ailleurs de plus d’un siècle. Plusieurs éditions de la version courte ont paru au cours du dernier quart du XIX e siècle, mais aucune d’elles n’est vraiment critique, et elles précèdent toutes la découverte des fragments de Barcelone et de Majorque (siglés B et P), respectivement de 182 et 87 vers. La version longue a eu au début du XX e siècle une seule édition intégrale parsemée d’imprécisions et de fautes de lecture, après l’édition partielle proposée par Paul Meyer contenant une excellente description du manuscrit. L’introduction s’ouvre par une rapide mise en contexte de la légende et du culte de la sainte, et de la tradition littéraire la concernant. À cette courte prémisse (points 1 à 3), fait suite une introduction philologique minutieuse et détaillée des deux textes considérés, divisée en plusieurs parties: une étude de la tradition manuscrite et des rapports entre les témoins, une analyse linguistique, l’examen des questions métriques et la présentation de la source latine. L’introduction s’achève par un chapitre synthétique mais très utile consacré aux critères d’édition, auquel fait suite une bibliographie complète et détaillée. L’édition commentée des deux textes est suivie d’un appendice qui reproduit le texte de la passion latine dans la version dite «toulousaine» (éd. Jeanroy) et celui de la «version abrégée d’Aurillac» (manuscrit perdu, éd. Brunel), qui révèle de nombreux points de contact avec la version occitane courte. Le volume est complété par un glossaire et un index des noms et des œuvres citées. La légende de Marguerite, jeune fille martyrisée au temps des persécutions de Dioclétien (303-313), sainte protectrice des parturientes, fut déclarée apocryphe en 494. Elle a cependant joui d’un succès remarquable, particulièrement en Angleterre, et a produit des versions vernaculaires à partir du début du XI e siècle, parmi lesquelles on compte beaucoup de rédactions occitanes et françaises, dont certaines en prose toujours inédites et peu étudiées.