eJournals Vox Romanica 74/1

Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
2015
741 Kristol De Stefani

Vita e passione di santa Margherita d’Antiochia, due poemetti in lingua d’oc del XIII secolo, edizione critica a cura di Maria Sofia Lannutti, Firenze (Edizioni del Galluzzo) 2012, cxix + 162 p. (Archivio romanzo 23)

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2015
Luca  Barbieri
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Besprechungen - Comptes rendus 283 recherche future, ce livre marquera, à n’en pas douter, le point de départ. Dans ce sens-là, il va sans dire que les quelques propositions alternatives que j’ai formulées au sujet de la partie synchronique (cf. surtout N1) ne se veulent aucunement critiques. Elles ont pour principal but d’encourager d’autres travaux. Quant à la partie étymologique, la discussion minutieuse des différentes approches et la pondération de ses conclusions sont exemplaires. Certes, ça et là, selon les sources que l’on prend pour base, on en vient à peser les choses un peu différemment (comme je l’ai proposé pour les celtismes). Reste à espérer que ce livre contribue à éveiller l’intérêt pour une langue qui, tout en occupant une place centrale dans la géographie de l’Europe, ne joue qu’un rôle marginal dans ses paysages linguistiques. Jörg Timmermann Galloromania Vita e passione di santa Margherita d’Antiochia, due poemetti in lingua d’oc del XIII secolo, edizione critica a cura di Maria Sofia Lannutti, Firenze (Edizioni del Galluzzo) 2012, cxix + 162 p. (Archivio romanzo 23) Ce volume propose l’édition critique de deux textes hagiographiques occitans en couplets d’octosyllabes sur la vie et la passion de sainte Marguerite d’Antioche. Il s’agit de deux versions dérivant d’une même source latine: la première très courte (596 v.) est attestée par cinq manuscrits dont trois fragmentaires (BPS) et un de collocation actuellement inconnue (M, dont le texte est fourni par deux transcriptions modernes); la deuxième plus longue (1550 v.) se trouve dans un manuscrit unique conservé à la Bibliothèque Laurentienne de Florence. La nouvelle édition a en premier lieu le mérite de réunir l’une à côté de l’autre ces deux versions en octosyllabes puis se justifie par la qualité insuffisante des éditions précédentes, datant d’ailleurs de plus d’un siècle. Plusieurs éditions de la version courte ont paru au cours du dernier quart du XIX e siècle, mais aucune d’elles n’est vraiment critique, et elles précèdent toutes la découverte des fragments de Barcelone et de Majorque (siglés B et P), respectivement de 182 et 87 vers. La version longue a eu au début du XX e siècle une seule édition intégrale parsemée d’imprécisions et de fautes de lecture, après l’édition partielle proposée par Paul Meyer contenant une excellente description du manuscrit. L’introduction s’ouvre par une rapide mise en contexte de la légende et du culte de la sainte, et de la tradition littéraire la concernant. À cette courte prémisse (points 1 à 3), fait suite une introduction philologique minutieuse et détaillée des deux textes considérés, divisée en plusieurs parties: une étude de la tradition manuscrite et des rapports entre les témoins, une analyse linguistique, l’examen des questions métriques et la présentation de la source latine. L’introduction s’achève par un chapitre synthétique mais très utile consacré aux critères d’édition, auquel fait suite une bibliographie complète et détaillée. L’édition commentée des deux textes est suivie d’un appendice qui reproduit le texte de la passion latine dans la version dite «toulousaine» (éd. Jeanroy) et celui de la «version abrégée d’Aurillac» (manuscrit perdu, éd. Brunel), qui révèle de nombreux points de contact avec la version occitane courte. Le volume est complété par un glossaire et un index des noms et des œuvres citées. La légende de Marguerite, jeune fille martyrisée au temps des persécutions de Dioclétien (303-313), sainte protectrice des parturientes, fut déclarée apocryphe en 494. Elle a cependant joui d’un succès remarquable, particulièrement en Angleterre, et a produit des versions vernaculaires à partir du début du XI e siècle, parmi lesquelles on compte beaucoup de rédactions occitanes et françaises, dont certaines en prose toujours inédites et peu étudiées. Besprechungen - Comptes rendus 284 Les deux versions occitanes ont dû circuler sous forme de recueil de textes de dévotion de petit format et de facture pauvre, comme l’attestent les témoins qui ont survécu jusqu’à nos jours. La version courte semble être l’œuvre d’un auteur catalan qui a opéré dans le milieu culturel toulousain peu après la moitié du XIII e siècle, comme le prouvent les phénomènes languedociens présents dans la tradition manuscrite. La version longue est conservée dans un manuscrit avignonnais du milieu du XIV e siècle, mais dérive d’un modèle originaire de la basse Auvergne, auquel on peut probablement appliquer la date 1284 qu’on lit dans l’explicit du manuscrit. L’éditrice conduit son travail avec la compétence et l’élégance qui lui sont connues et il est difficile de lui adresser des critiques et des reproches. On peut juste éprouver un petit regret. Malgré la spécialisation philologique évidente de l’édition et l’abondance de la bibliographie fournie, on aurait souhaité un plus ample examen de la valeur culturelle de ces textes et une meilleure mise en relief de leur place à l’intérieur de la littérature hagiographique et dévotionnelle dans la tradition romane et plus particulièrement occitane. On pourrait ajouter que le commentaire des textes, en général très clair et bien équilibré, se révèle parfois excessivement réticent. Il est parfaitement compréhensible que l’éditrice n’indique pas des sources qui sont plutôt celles de la version latine, mais si l’on choisit de relever la présence de formules récurrentes, comme par exemple celle relative aux «idoles sourdes et muettes» (version longue, v. 418-419), il serait peut-être préférable d’en indiquer le modèle scripturaire évident (Ps. 115,5 et 135,16). Le caractère dévotionnel simple de ce texte et son niveau culturel non élevé se manifestent par une irrégularité métrique diffuse et par la prolifération des variantes et des modifications (irrégularités dans la mesure des vers, assonances à la place des rimes, interpolations, contaminations) qui exigent de l’éditrice des décisions délicates. Dans le cas de la version courte, étant parvenue à la conviction de l’existence d’un archétype unique et de la possibilité d’établir un stemma codicum, Lannutti a décidé de se fonder sur ces bases et sur l’étude des diffractions pour corriger les lieux corrompus tout en essayant d’éviter les hybridations. Quant à la version longue, l’éditrice a décidé d’intervenir pour régulariser les hypométries et hypermétries estimant qu’elles relèvent de la tradition plutôt que de l’auteur ainsi que les infractions à la rime. Dans les deux cas, pour corriger le texte, elle met à profit le texte de la source latine que les deux versions occitanes suivent assez fidèlement. La nature des difficultés abordées, la qualité et clarté de l’exposition philologique, invitent à des réflexions d’ordre méthodologique. La tradition manuscrite de la version courte pose quelques difficultés étant donné que le texte se fonde sur le témoignage d’au moins trois manuscrits pour un total d’environ 180 vers seulement, tandis que les autres vers sont attestés uniquement par les ms. M et P. Dans ce cas, la définition de catégories telles que diffraction et polygenèse se révèle particulièrement délicate. Certaines prises de position concernant ces catégories peuvent influencer de manière déterminante la définition du stemma, et dans ce cas, vu l’absence d’éléments plus sûrs, il serait peut-être préférable de laisser la question ouverte, quitte à présenter plusieurs hypothèses de stemma possibles et alternatives. Un cas exemplaire est offert par la varia lectio du v. 25. L’éditrice a probablement raison de considérer les deux leçons alternatives comme des tentatives de corriger un même modèle hypométrique, mais elles le font de manière erronée (la leçon de PB maintient l’hypométrie, alors que celle de MT la convertit en hypermetrie) et il me semble hardi dans ce cas de parler de polygenèse. Il serait bien étrange en effet que deux témoins puissent adopter la même leçon erronée par polygenèse, la tendance naturelle étant celle de proposer un texte peut-être banal mais formellement correct. Plutôt qu’une diffraction, le cas du v. 25 semble indiquer une double convergence vers l’erreur qui configure les couples de ms. MT et PB et donc en contradiction avec le stemma dessiné par l’éditrice. D’autant plus que l’on trouve un bon nombre d’autres convergences entre M et T que l’éditrice qualifie peut-être un peu trop Besprechungen - Comptes rendus 285 hâtivement comme des cas de polygenèse ou de contamination (voir par exemples les v. 43, 80, 100, 12, 191, plus beaucoup d’autres cas, en absence de PB, qui ne sont pas nécessairement tous imputables à l’archétype). Ces convergences sont en tout cas au moins équivalentes à celles qui permettent de configurer un couple MP, d’autant plus que certaines de ces dernières semblent douteuses: aux v. 27-28 l’hypométrie de MP est partagée par B, et pourrait remonter à l’archétype (faut-il restaurer la forme complète no se à la place de la forme enclitique no·s? ); aux v. 37-40 on ne peut pas parler d’une véritable faute commune. La tradition de la version courte semble donc décidément contaminée. Au-delà de ces cas douteux, le chapitre sur les critères d’édition est impeccable du point de vue méthodologique, et l’on peut partager toutes les prises de position de l’éditrice. Il faut d’ailleurs remarquer que ses conclusions sont valables pour les deux configurations possibles du stemma (à trois branches avec couple MP ou à deux branches avec opposition TM vs. PB), parce qu’il est toujours possible de respecter la hiérarchie établie entre les manuscrits (TMPB; quelques doutes pourraient surgir seulement dans les rares cas de convergence PB), et le témoignage de la source latine est toujours précieux dans les cas litigieux. La question de la restitution du texte est plus délicate dans le cas de la version longue attestée par un seul manuscrit. Ici, même si l’éditrice parle d’une certaine régularité métrique du texte, ses interventions pour corriger les hypométries et hypermétries sont assez nombreuses, et dans certains cas on pourrait facilement proposer des solutions alternatives parfois même préférables (par exemple aux v. 38, 59, 82, 103, 183, 226, 325, 411, 666, 978, 983, 1045, 1114-1115, 1179, 1213, 1215, 1329, 1379). Dans ces circonstances, en tenant compte de la nature du texte, une attitude plus respectueuse du témoin unique n’aurait pas été inopportune; le choix de l’éditrice de marquer en italique ou par des crochets toutes ses interventions rend néanmoins plus facile la lecture en filigrane de la leçon du manuscrit. Pour conclure cette courte réflexion, on peut dire que l’éditeur de textes romans caractérisés par une tradition de ce type est appelé à une application de la méthodologie critique plus pragmatique qu’idéologique, sans pour autant renoncer à l’ambition de proposer un texte le plus proche possible de l’original. Face à une tradition fluide et à la difficulté d’établir un stemma solide, il faut inévitablement s’appuyer sur le manuscrit le plus complet et le plus digne de confiance, qui sera de toute façon repéré grâce au travail préalable d’analyse et des comparaisons des témoins. Les amendements au texte seront faits bien sûr à partir des données offertes par la recensio, mais exigeront inévitablement une assomption de responsabilité de la part de l’éditeur pour repérer et justifier les meilleures leçons; les progrès de la critique philologique ont bien montré qu’une préparation solide et l’expérience permettent d’éviter le risque de faire prévaloir ses goûts personnels, ce que déjà Bédier stigmatisait. À cet égard, le travail de Maria Sofia Lannutti est un excellent exemple d’exercice philologique, qui aboutit à un texte extrêmement soigné et fiable, et offre toujours aux lecteurs les outils pour l’apprécier, l’évaluer et éventuellement l’améliorer. Luca Barbieri H Lucia Lazzerini, Les troubadours et la Sagesse, Moustier Ventadour (Association Carrefour Ventadour) 2013, 219 p. Come dichiarato dal titolo, nella sua più recente fatica, Lucia Lazzerini rilegge la lirica occitana medievale alla luce del concetto di figura e del metodo esegetico «dei quattro sensi della Scrittura». La filologa fiorentina, quindi, in questo bel libro dato alle stampe per i tipi di una piccola ma coraggiosa casa editrice limosina, i Cahiers de Carrefour Ventadour, si propone