Vox Romanica
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Kristol De StefaniJean-Yves Casanova, Histoire et littérature au XVIe siècle en Provence: l’oeuvre de Jean de Nostredame, Turnhout (Brepols) 2012, viii + 504 p. (Publications de l’Association internationale d’études occitanes 9)
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Jakob Wüest
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Besprechungen - Comptes rendus 296 18 Nella Patrologia Latina è dato riscontrare oltre novemila casi di una simile locuzione. 1 Jean de Nostredame, Les Vies des plus célèbres et anciens poètes provençaux, nouvelle édition préparée par C. Chabaneau et publiée avec introduction et commentaire par J.Anglade, Paris 1913. la soluzione proposta da Diego Zorzi un cinquantennio fa, soluzione che gli editori simboleggiano per mezzo della punteggiatura e che gli esecutori del testo durante le rappresentazioni potevano adottare attraverso l’intonazione, le pause, la postura e via discorrendo, scioglie il nodo della possibile interpretazione di Paire come Persona superiore alle altre Due della Trinità, affermazione che, se letteralmente presa, è ovviamente considerata eretica dalla dottrina cattolica. Inoltre l’espressione Deus Pater non è certo introvabile nei testi mediolatini 18 , né ci pare incredibile quindi pensare che qui Pair’ possa essere stato inteso come [Deus] Pair’, en tre personas us, da tradursi ovviamente «[Dio] Padre, uno in tre persone». - p. 191. È vero, come afferma l’autore, che nel corpus trobadorico vi è penuria di citazioni del matrimonio, ma è altresì vero che non rari sono i rinvii a molher/ marit; cioè se si tace, almeno apparentemente, il sacramento si riflette e discute della condizione che esso genera. Rari gli errori tipografici. Segnaliamo solo: p. 22, N60: il rinvio a Roncaglia 1992 manca nella bibliografia; 79, r. 12: sino . siano; p. 189, N389 ultimo rigo: jusq’en . jusqu’en; p. 199: nel corpo del testo correggere il rinvio alla N412 con N410; p. 201: nel corpo del testo correggere il rinvio alla N418 con N416; p. 202: nel corpo del testo correggere i rinvii alle N419 e 420, rispettivamente con le N417 e 418. Concludendo questa recensione possiamo senza dubbio affermare che quello dato alle stampe da V. è un libro ricco di stimoli e suggestioni, che apre nuovi spazi alle indagini ed alla ricerca, nel quale l’autore dimostra di saper usare, con altrettanto equilibrio e usufrutto, filologia testuale e storia della cultura, linguistica e teologia. Il libro affronta con notevole erudizione e non usuale competenza problemi non semplici né banali: in esso l’autore sfrutta con ottimi risultati una notevole bibliografia, guardando anche oltre il tradizionale recinto della occitanistica, e aprendo inedite piste di riflessione agli studiosi. Gerardo Larghi H Jean-Yves Casanova, Histoire et littérature au XVI e siècle en Provence: l’œuvre de Jean de Nostredame, Turnhout (Brepols) 2012, viii + 504 p. (Publications de l’Association internationale d’études occitanes 9) Jean de Nostredame était le frère puîné de Michel de Nostredame, l’auteur des fameuses Prophéties (Lyon 1555). Il est né le 19 février 1522 à Saint-Rémy, comme le prouve son acte de baptême. Il était procureur au Parlement d’Aix, ce qui était un poste relativement modeste, et il est surtout connu pour ses Vies des plus celebres et anciens poetes provensaux (Lyon 1575). Il semble être mort en 1577. Camille Chabaneau avait préparé une édition des Vies et de quelques autres textes de Jean de Nostredame, édition qui ne fut publiée qu’après sa mort avec une introduction substantielle de Joseph Anglade 1 . Le jugement d’Anglade est très sévère; pour lui, Jean de Nostredame était le «plus impudent faussaire qui ait jamais infecté l’histoire de ses mensonges» (1913: 48). Il avait certes fait des recherches dans les archives, mais il semble avoir complété les informations ainsi Besprechungen - Comptes rendus 297 2 La thèse fut soutenue en 1990, mais publiée seulement 22 ans plus tard. recueillies par des inventions de son propre cru. On l’accuse même d’avoir composé luimême 22 poèmes et extraits de poèmes attribués à différents troubadours dans les Vies. Faire des recherches dans les archives était conforme à l’esprit des humanistes, mais il ne semble pas avoir partagé leur sens critique. Jean de Nostredame avait également formé le projet d’une histoire de Provence, et c’est de ce projet que s’occupe la thèse de Jean-Yves Casanova dont nous rendons compte ici 2 . Ce projet n’a pas abouti du vivant de son auteur. Même les Vies n’ont pu être publiées en 1575, à Lyon, que grâce au mécénat de Scipion Cibo. Elles ont d’ailleurs été publiées presque simultanément dans une traduction italienne de Giovanni Giudice et dans le texte français. En ce qui concerne son œuvre historiographique, il existe cinq manuscrits de la main de Nostredame. L’un ne contient que des brouillons, alors que les quatre autres semblent reproduire différentes étapes de l’élaboration du texte. Chabaneau en avait connu deux, conservés à la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras. Il en a publié des extraits dans son édition des Vies. Le plus ancien de ces manuscrits doit être celui qui commence par les mots So que s’es pogut reculhir dels contes de Prouvensa ... (Casanova abrège le titre en SQS). Il est entièrement en occitan. L’autre manuscrit dont Chabaneau a publié des extraits est entièrement en français; il comporte deux volumes portant les numéros 534 et 535 à la Bibliothèque de Carpentras. C’est la version la plus élaborée, mais toujours inachevée du texte. Ce manuscrit avait été en possession du neveu de notre historiographe, César de Nostredame, qui s’en est servi pour son Histoire et chronique de Provence (Lyon 1614). Il a fait le choix assez curieux d’intégrer l’histoire de la Provence dans le cadre d’une histoire universelle, commençant par la création du monde par Dieu. À vrai dire, il n’est pas facile d’écrire une histoire de la Provence, car celle-ci n’avait été que rarement un comté indépendant au fil de son histoire. Casanova consacre une grande partie de sa thèse à l’édition du manuscrit qu’il appelle M, et qui se trouve au Musée Paul Arbaud à Aix-en-Provence. Dans sa description des manuscrits, Casanova (217 s.) note à plusieurs reprises que les feuilles des manuscrits sont inégalement remplies. Il semble que Jean de Nostredame y ait laissé des blancs pour les compléter éventuellement par des informations qu’il venait de trouver en poursuivant ses recherches. Dans M, il utilisait d’ailleurs deux écritures, une écriture aldine plutôt soignée et une cursive mal lisible. Il semble surtout avoir employé cette dernière pour les ajouts. Si cette interprétation est juste, la version initiale de ce manuscrit devait être en occitan. En ce qui concerne les ajouts en écriture cursive, il utilise par contre au début du manuscrit surtout l’occitan, et à la fin le français. Il semble donc que la décision d’écrire son histoire de la Provence en français et non pas en occitan soit intervenue durant la révision du manuscrit M. Ajoutons que, d’après Casanova (132), le texte du quatrième manuscrit, le numéro 536 de la Bibliothèque Inguimbertine, est une simple traduction française de M. L’édition du manuscrit M semble soignée, autant que l’on peut en juger sans avoir vu le manuscrit. Elle profite par ailleurs d’un commentaire historique bien informé et de notes linguistiques, ainsi que d’un petit glossaire et de deux index. Casanova a également identifié les sources de Jean de Nostredame, ce qui était relativement facile vu qu’il les mentionne d’une manière sommaire dans le texte. Casanova (145) arrive à la conclusion qu’il a consulté à peu près 90 ouvrages, dont il devait posséder lui-même 65. Il a trouvé les autres sources dans différentes archives provençales. Tout cela donne l’impression d’un travail très sérieux. Malheureusement, notre auteur a une solide réputation de faussaire et de mystificateur. On aurait donc aimé apprendre s’il résume correctement ses sources. Casanova ne le fait que dans quelques cas particuliers Besprechungen - Comptes rendus 298 3 C’est le numéro 521 de l’édition Casanova (p. 340). Nous avons indiqué les abréviations par des lettres italiques. dans son introduction. Il ne compare pas non plus le texte des différents manuscrits. Une rapide comparaison des extraits des deux autres manuscrits édités par Chabaneau avec M me donne l’impression que ce travail aurait valu la peine. Certaines entrées du manuscrit SQS, surtout au début, n’ont pas été reprises dans M; les autres n’ont pas été copiées textuellement, mais ont fait l’objet d’un véritable travail de reformulation. C’est le cas de l’histoire de la «guerre d’Avignon». Nostredame avait trouvé cette narration dans un texte épique, le roman d’Avignon. C’est l’histoire des différentes tentatives de Charlemagne de chasser les Sarrasins de la ville d’Avignon. Elles se terminent par la victoire de Charlemagne et par la conversion du chef sarrasin Tersin au christianisme. L’histoire est la même, mais certains détails changent d’une version à l’autre. Dans SQS, la narration est davantage centrée sur Charlemagne, qui harangue à deux reprises ses troupes, ce qui n’est pas le cas dans M. Contrairement à ce qu’affirme Casanova (167), Charlemagne est encore accompagné, dans la version SQS, de Roland et Olivier, qui disparaîtront dans M. Dans SQS, Olivier fait le bilan au soir de la première bataille: il y a 300 Sarrasins de tués et 200 de blessés. Dans M, Nostredame fera état du nombre invraisemblable de 30'000 Sarrasins tués. En ce qui concerne les manuscrits 534-35 de la Bibliothèque Inguimbertine, Chabaneau a surtout reproduit les extraits qui se rapportent aux troubadours. Ceux-ci manquent encore dans le manuscrit M, ce qui montre que Nostredame a dû travailler parallèlement à son histoire de la Provence et aux Vies des troubadours vers la fin de sa vie. On note en outre un progrès dans l’élaboration de certains textes. Dans la version des manuscrits 534-535, nous avons ainsi droit à un véritable portrait du comte Raymond-Béranger de Provence, alors que, dans M, notre historien note sèchement sous la date de MCCXLV: «Bereng[uie]r, comte de Prouvensa, more». Anglade 1913: 55 dit à propos de la version des manuscrits 534-35: «Toutes les parties de la Chronique ne sont pas menées au même degré d’achèvement. Des morceaux sont rédigés; d’autres se composent de morceaux extraits mis bout à bout ...». Dans M, nous avons presque exclusivement affaire à des morceaux extraits mis bout à bout. Le style de cette version est au fond celui des annales, où un historiographe se contente de noter pour l’année correspondante les événements qu’il juge mémorables. Certains textes sont plus longs. Notre historien résume ainsi plusieurs testaments. À part la «guerre d’Avignon», il y a cependant peu de textes véritablement narratifs dans M. Le texte suivant sous la date de MCCCCLXIX commence comme une narration, mais se termine de façon décevante : D’aquest temps era en prex ung famouz e sabent astralog e medecin nomat Peyre de Nostradona que servya la villa d’Arles a gagis e per so que lous appoticaris non fazian las compozitions a son plazer e au dever, el las fazia a sa mayzon. Lous appoticarys envejouzes d’aquo ho fan assaber als consuls de la villa, fazent entendre qu’el las falsificava, ly balheron congie al grand regret de pluzours, e lou duc de Calabra lou prenguet a son servycy e lou balhet a Rene son payre 3 . Le médecin Pierre de Nostredame constate que les apothicaires de la ville d’Arles exécutent mal ses prescriptions et il commence à faire ses préparations lui-même. Il est alors accusé par les apothicaires de faire lui-même ce dont il les accuse. À partir de là, nous n’avons plus que des faits bruts: le médecin est congédié, certains le regrettent, et il fait carrière chez le duc de Calabre et le roi René. Il n’y a plus de chaîne causale, où un fait conditionne l’autre, et il n’y a aucune moralité. Quant à la version des ms. 534-35, elle est plus riche, mais la fin est tout aussi décevante. Besprechungen - Comptes rendus 299 À dire vrai, ce texte est une mystification. Pierre de Nostredame était le grand-père de notre auteur. D’après ce que Casanova (107 s.) a trouvé, il n’était pas astrologue et médecin. C’était les professions du frère de Jean, Michel de Nostredame. Pierre était un marchand juif converti au catholicisme. Il a pris le prénom chrétien de Pierre et y a ajouté le nom de sa paroisse: Notre-Dame. C’est une des causes qui expliquent les mystifications de notre auteur. Il s’agissait de créer, pour lui et pour sa famille, une identité provençale et chrétienne et, par là, une certaine respectabilité. L’utilisation de la langue occitane correspond bien à cette intention, mais pourquoi l’a-t-il alors échangée contre la langue française? Casanova discute cette question centrale dans son introduction. Il parle beaucoup de diglossie. Précisons qu’il s’agit à cette époque d’une diglossie médiale. Il n’est pas encore question d’imposer le français comme langue orale. François I er s’est contenté d’imposer le français comme unique langue administrative du royaume, notamment par l’édit de Villers-Cotterêts (1539). On passe à cette époque d’une diglossie latin/ occitan à une diglossie français/ occitan. Il est vrai que, depuis longtemps, le latin ne remplissait plus toutes les fonctions d’une langue écrite en situation de diglossie médiale, mais c’était la langue autrefois utilisée par l’administration royale pour communiquer avec les sujets occitanophones du roi. C’était aussi la langue dans laquelle des auteurs provençaux de la première moitié du XVI e siècle, comme Soliers, Quiqueran ou Faucher, écrivaient leurs ouvrages, généralement restés manuscrits (88, 90). Ayant besoin de langues plus strictement normées, l’imprimerie a provoqué au XVI e siècle une modification du statut des langues. À la longue, c’est le latin qui a souffert le plus de cette redistribution. Dans l’immédiat, ce sont surtout des langues comme l’occitan, le catalan ou le bas-allemand qui ont perdu leur statut de langues normées. L’occitan pâtissait de l’absence d’œuvres majeures en occitan aux XIV e et XV e siècles, conséquence de l’inexistence d’un centre littéraire comme la cour de Bourgogne pour le français au XV e siècle. Dans la deuxième moitié du XVI e siècle, la situation linguistique est complexe en Provence. En poésie, l’occitan connaît un véritable renouveau avec des poètes comme Louis Bellaud de la Bellaudière. En dehors de la poésie, la victoire du français comme langue écrite est en revanche totale. Avant qu’un nouvel équilibre ne se crée, il devait pourtant régner un certain flou linguistique. Casanova (120) parle d’un «état de vide linguistique qui correspond aux années 1520-1550». C’est à ce moment-là que Jean de Nostredame a choisi l’occitan pour ses travaux historiographiques, avant de passer au français, en accord avec l’évolution linguistique générale. En fin de compte, les textes historiographiques de notre auteur sont de pures compilations, pas toujours fiables. Ils ne présentent donc aucun intérêt pour la connaissance des faits historiques. Leur intérêt est ailleurs. Ils pourraient servir à la microhistoire d’une famille juive convertie au catholicisme à l’époque des conflits religieux. De plus, les différents manuscrits nous permettent de suivre la façon dont a travaillé un historien du XVI e siècle. Enfin, SQS et M font partie des derniers textes occitans rédigés dans la graphie traditionnelle, celle des troubadours. Jean de Nostredame n’adapte pas sa graphie aux changements phonétiques que le dialecte provençal a subis (53 s.). Il n’écrit pas -o pour -a final, il n’écrit pas -yé au lieu de -ia (ou de -ya), il ne laisse pas tomber les consonnes finales et il ignore la diphtongaison conditionnée de / ɔ / ouvert, mais il hésite entre o et ou pour la voyelle / u/ , tout en écrivant toujours on (et jamais oun) pour la nasale correspondante. Par ailleurs, il utilise le graphème lh pour le l mouillé, et ce même dans ses textes français. La graphie ung pour l’article indéfini masculin et la fréquence de y à la place de i appartiennent en revanche à un usage plus récent. Casanova avance deux raisons pour le relatif archaïsme de la graphie de Jean de Nostredame. D’une part, il appartient à la génération qui précède celle de Bellaud de la Bellaudière (1543-1588) et des autres poètes provençaux, poètes qui utilisent ce qu’on appelle Besprechungen - Comptes rendus 300 l’orthographe patoise, reposant sur l’orthographe française. De l’autre, c’est son expérience des archives qui l’a familiarisé avec l’orthographe traditionnelle. Dans la génération suivante, Casanova (53) observe une influence analogue, mais moins forte chez Robert Ruffi. En conclusion, la thèse de Jean-Yves Casanova nous fournit un matériel très riche, qui place notre historien de la Provence dans le contexte de son temps et de son milieu. Elle éclaircit un certain nombre de problèmes, mais elle laisse encore assez de place pour des recherches ultérieures. Jakob Wüest H Maurizio Perugi, Saint Alexis, genèse de sa légende et de la «Vie» française. Révisions et nouvelles propositions, accompagnée d’une nouvelle édition critique de la Vie, Genève (Droz) 2014, 799 p. (Publication Romanes et Françaises 262) Cet imposant volume reprend toutes les éditions et tous les commentaires sur le sujet et s’attache à analyser de nombreux textes latins ayant trait à la fameuse légende d’Alexis; l’auteur tient compte des remarques publiées à l’occasion de la publication, en 2000, du nouveau texte critique de la Vie de saint Alexis, commentaires «nombreux et de qualité variable» (9). Selon Maurizio Perugi, le compte rendu le plus pertinent étant celui de Tony Hunt (The Life of St Alexis, 475-1125, in: S. Fanous/ H. Leyser (ed.) Christina of Markyate. A Twelfth Century Holy Woman, London 2005: 217-28). Les versions en langue vulgaire de la Vie de saint Alexis ont connu, dès le IX e siècle, un succès exceptionnel dans tout le domaine roman. Si l’on excepte la Séquence de sainte Eulalie, de 881, la Vie de saint Alexis représente pour la littérature française médiévale, la première œuvre poétique en langue d’oïl; c’est l’œuvre d’un poète créateur de grand talent et d’une érudition remarquable qui a élaboré une composition harmonieusement construite et habilement structurée. C’est également un des premiers monuments en langue vulgaire qui est véritablement le fruit de la rencontre entre le christianisme et la forme épique. Selon l’auteur, il était urgent de consacrer une réflexion neuve au Rythme latin Pater Deus ingenite, Vie latine qui circulait dans la région austro-bavaroise. Des études ont montré que le Rythme et la Vie française de saint Alexis ont plusieurs points communs, mis en exergue, entre autres par Manfred Sprissler en 1966. Maurizio Perugi nous permet, grâce à l’analyse des activités de Léon IX, Otloh de St. Emmeran et Gerhoch de Reichersberg, au XII e siècle, de montrer que saint Alexis a été intégré de plein droit au sanctoral de la réforme bénédictine émanant de l’abbaye d’Hirsau. L’intention de l’auteur est d’étudier les témoins qui ont transmis le noyau originaire de la légende de saint Alexis, formée dans le milieu gréco-syriaque d’Édesse, haut lieu religieux sis à la frontière de l’Empire romain; il se propose de retracer chez l’homme de Dieu et par la suite chez Alexis lui-même les traits distinctifs de cette spiritualité. L’identité originaire d’Alexis est fort complexe en tant que personnification d’une spiritualité syriaque; au cours du V e siècle, elle touchait à un tournant de son histoire. Le nom de son père (Euphémien) recèle un indice précieux ayant trait au miracle que son fils allait accomplir aussitôt après sa mort: c’est en effet la légende du «miracle du tome», liée dès la fin du VII e siècle à sainte Euphémie et au concile de Chalcédoine, que le personnage d’Alexis fait revivre à sa manière. On a essayé d’identifier les autres traits de la légende qui, ayant conflué dans la Vie latine, ont été récupérés au sein de la spiritualité grégorienne. M. Perugi a analysé le manuscrit latin BHL 292 et le Rythme Pater Deus ingenite, dont il propose de nouvelles éditions critiques (152-62 et 210-52). Il a identifié la source commune au Rythme Pater Deus ingenite et au poème vernaculaire (Bons fut li secles al tens ancïenur): il s’agit d’un texte d’époque carolingienne attribué
