eJournals Vox Romanica 74/1

Vox Romanica
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0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2015
741 Kristol De Stefani

Maurizio Perugi, Saint Alexis, genèse de sa légende et de la «Vie» française. Révisions et nouvelles propositions, accompagnée d’une nouvelle édition critique de la Vie, Genève (Droz) 2014, 799 p. (Publication Romanes et Françaises 262)

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2015
Marie-Claire  Gérard-Zai
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Besprechungen - Comptes rendus 300 l’orthographe patoise, reposant sur l’orthographe française. De l’autre, c’est son expérience des archives qui l’a familiarisé avec l’orthographe traditionnelle. Dans la génération suivante, Casanova (53) observe une influence analogue, mais moins forte chez Robert Ruffi. En conclusion, la thèse de Jean-Yves Casanova nous fournit un matériel très riche, qui place notre historien de la Provence dans le contexte de son temps et de son milieu. Elle éclaircit un certain nombre de problèmes, mais elle laisse encore assez de place pour des recherches ultérieures. Jakob Wüest H Maurizio Perugi, Saint Alexis, genèse de sa légende et de la «Vie» française. Révisions et nouvelles propositions, accompagnée d’une nouvelle édition critique de la Vie, Genève (Droz) 2014, 799 p. (Publication Romanes et Françaises 262) Cet imposant volume reprend toutes les éditions et tous les commentaires sur le sujet et s’attache à analyser de nombreux textes latins ayant trait à la fameuse légende d’Alexis; l’auteur tient compte des remarques publiées à l’occasion de la publication, en 2000, du nouveau texte critique de la Vie de saint Alexis, commentaires «nombreux et de qualité variable» (9). Selon Maurizio Perugi, le compte rendu le plus pertinent étant celui de Tony Hunt (The Life of St Alexis, 475-1125, in: S. Fanous/ H. Leyser (ed.) Christina of Markyate. A Twelfth Century Holy Woman, London 2005: 217-28). Les versions en langue vulgaire de la Vie de saint Alexis ont connu, dès le IX e siècle, un succès exceptionnel dans tout le domaine roman. Si l’on excepte la Séquence de sainte Eulalie, de 881, la Vie de saint Alexis représente pour la littérature française médiévale, la première œuvre poétique en langue d’oïl; c’est l’œuvre d’un poète créateur de grand talent et d’une érudition remarquable qui a élaboré une composition harmonieusement construite et habilement structurée. C’est également un des premiers monuments en langue vulgaire qui est véritablement le fruit de la rencontre entre le christianisme et la forme épique. Selon l’auteur, il était urgent de consacrer une réflexion neuve au Rythme latin Pater Deus ingenite, Vie latine qui circulait dans la région austro-bavaroise. Des études ont montré que le Rythme et la Vie française de saint Alexis ont plusieurs points communs, mis en exergue, entre autres par Manfred Sprissler en 1966. Maurizio Perugi nous permet, grâce à l’analyse des activités de Léon IX, Otloh de St. Emmeran et Gerhoch de Reichersberg, au XII e siècle, de montrer que saint Alexis a été intégré de plein droit au sanctoral de la réforme bénédictine émanant de l’abbaye d’Hirsau. L’intention de l’auteur est d’étudier les témoins qui ont transmis le noyau originaire de la légende de saint Alexis, formée dans le milieu gréco-syriaque d’Édesse, haut lieu religieux sis à la frontière de l’Empire romain; il se propose de retracer chez l’homme de Dieu et par la suite chez Alexis lui-même les traits distinctifs de cette spiritualité. L’identité originaire d’Alexis est fort complexe en tant que personnification d’une spiritualité syriaque; au cours du V e siècle, elle touchait à un tournant de son histoire. Le nom de son père (Euphémien) recèle un indice précieux ayant trait au miracle que son fils allait accomplir aussitôt après sa mort: c’est en effet la légende du «miracle du tome», liée dès la fin du VII e siècle à sainte Euphémie et au concile de Chalcédoine, que le personnage d’Alexis fait revivre à sa manière. On a essayé d’identifier les autres traits de la légende qui, ayant conflué dans la Vie latine, ont été récupérés au sein de la spiritualité grégorienne. M. Perugi a analysé le manuscrit latin BHL 292 et le Rythme Pater Deus ingenite, dont il propose de nouvelles éditions critiques (152-62 et 210-52). Il a identifié la source commune au Rythme Pater Deus ingenite et au poème vernaculaire (Bons fut li secles al tens ancïenur): il s’agit d’un texte d’époque carolingienne attribué Besprechungen - Comptes rendus 301 à Paulin de Nola. Il voue un intérêt particulier au toponyme Alsis, qui, à partir du Rythme latin, remplace la ville d’Édesse; comme les documents historiques ne mentionnent cette ville arménienne qu’à partir de 1112-14 au plus tôt, ce serait après cette date que les deux poèmes ont dû être composés. D’autre part, l’identification des sources du Rythme et du poème vernaculaire a permis d’apprécier sous un jour nouveau l’ensemble de la tradition manuscrite. Pour l’établissement du texte critique, la conséquence la plus importante concerne le manuscrit A (Paris, B.N.f. Nouv. acq. fr. 4503), que l’auteur considère désormais comme porteur d’une rédaction plus ancienne, voire plus proche des sources. D’où les choix délicats de l’éditeur: «Nous n’avons aucune difficulté à avouer que celle-ci a été l’une des tâches les plus ardues imposées par l’évolution de notre recherche» (12). Il en résulte donc un texte critique modifié par rapport à l’édition publiée en 2000. Le manuscrit A a été choisi notamment aux v. 123-25 et 284, v. 65, 185, 276. Quant au manuscrit L (Psautier de St.Albans, Hildesheim), l’auteur a rejeté quelques singulares qui figuraient dans son édition de 2000. Il concède qu’il a tenu compte de la plupart des objections et des propositions avancées par ses collègues, «dans la mesure où elles se sont avérées pertinentes à la nature de notre démarche» (13). La légende de saint Alexis et l’édition critique des Vitae a exercé, dès les débuts des recherches philologiques, une attraction particulière et les meilleurs chercheurs y ont consacré des études minutieuses. Ducan Robertson (dans les CCM 48 (2005): 70-75) rend un vibrant hommage à l’italien Gianfranco Contini, ancien professeur de philologie romane à l’Université de Fribourg (Suisse), en parlant des études textuelles, réunies dans Breviario di ecdotica (1986) «ce que l’on a publié de plus pénétrant sur la Vie de saint Alexis dans la seconde partie du XX e siècle» et qui mériteraient d’être mieux reconnues qu’elles ne l’ont été en France. Il reconnaît que G. Contini a fait école et que ses disciples en Italie et dans le reste de l’Europe se chargent désormais de consolider et d’étendre la portée de ses observations. Les plus grands éditeurs de textes médiévaux se sont penchés sur ce poème depuis Gaston Paris et Léopold Pannier en 1872 (avec ses nombreuses rééditions), Margarete Rössler et Wendelin Förster, éditeur des romans de Chrétien de Troyes, en 1928, Gerhard Rohlfs (1950), Hildegard Heinermann en 1957, Christopher Storey en 1968, avec une étude préalable à l’édition en 1946, Charles E. Stebbins (1974), Carl J. Odenkirchen quatre ans plus tard, en 1978, Alison Goddard Elliott en 1983, T. D. Hemming en 1994. En 2000 et 2001 ont paru presque simultanément deux éditions critiques: celle de la Vie de saint Alexis de Maurizio Perugi (Genève 2000) et celle de La Chanson de saint Alexis de Mario Eusebi (Modena 2001). Les deux publications ne visent pas le même public, la seconde est destinée aux étudiants, elle est accompagnée d’une traduction, elle ne prend pas en compte les relations entre la Vie de saint Alexis et le Rythme latin et les Vies latines et grecques; le texte en ancien français est plus conservateur que celui de son collègue M. Perugi, dont le texte dense et difficile assume une certaine familiarité avec des notions de base, telles la diffraction, la stratigraphie, et n’est pas conçu pour les débutants. Selon la thèse de M. Perugi, le manuscrit L serait un «assemblage, un manuscrit réceptacle dont l’identité stemmatique ambiguë nous obligerait à lui dénier toute pertinence taxinomique» (75). En 2006, Raymund Wilhelm publie le manuscrit Trivulziano 93 de la Vie de saint Alexis; suivra l’édition et l’étude exhaustive de Maurizio Perugi en 2014. Le médiéviste ne pourra plus étudier la Vie de saint Alexis sans tenir compte des recherches érudites et des propositions de Maurizio Perugi, même s’il ne partage pas toujours ses choix éditoriaux. L’ampleur de la bibliographie («Éditions et traductions de textes» ainsi que les «Études») est impressionnante (643-726) et fera le bonheur des chercheurs. Marie-Claire Gérard-Zai H