Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2015
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Kristol De StefaniLe Roman d’Énéas, traduit, présenté et annoté par Philippe Logié, d’après la seconde édition de J.‑J. Salverda de Grave, Lille (Centre d’Études Médiévales et Dialectales de Lille 3) 2014, 204 p. (Bien Dire et Bien Aprandre, hors-série nº 1)
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2015
Maxime Cario
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Besprechungen - Comptes rendus 305 1 Notons que M.Thiry-Stassin a omis de le faire pour l’épisode des «tables mangées» (v. 3021-104). 2 Ce choix n’est pas judicieux: le mot païs apparaît au vers 7 et est lui aussi traduit par pays. Ce volume, qui intéresse moins pour l’édition du poème que pour les aspects littéraires de l’introduction, est doté in fine de notes censées guider le lecteur, expliquer les choix éditoriaux, fournir des informations factuelles, etc. (727-856), ainsi que d’un glossaire, non complet mais très inclusif, et d’un index des noms propres (857-1024). Gabriele Giannini H Le Roman d’Énéas, traduit, présenté et annoté par Philippe Logié, d’après la seconde édition de J.-J. Salverda de Grave, Lille (Centre d’Études Médiévales et Dialectales de Lille 3) 2014, 204 p. (Bien Dire et Bien Aprandre, hors-série nº 1) Philippe Logié (Université de Lille 3) nous livre une nouvelle traduction du Roman d’Énéas. Rappelons qu’il en existe deux éditions de référence correspondant à deux états différents du texte: à savoir l’édition que Jean-Jacques Salverda de Grave a fournie en 1925 et 1929 d’un état ancien (Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, plut. 41.44 [A] et Londres, British Library, Addit. 14100 [B]) prenant pour base le manuscrit de Florence, et l’édition d’un état de texte plus récent et idéologiquement infléchi (Paris, B.N.f.fr. 60 [D]) par Aimé Petit en 1997. Le lecteur dispose déjà de la traduction de Martine Thiry-Stassin 1985 pour le premier état ainsi que de celle qu’A. Petit a jointe à son édition. Selon son auteur, la présente traduction se distingue de celle de M.Thiry-Stassin en ce qu’elle accentue «la spécificité du manuscrit A» (6): il s’agit de rejeter en note les passages empruntés à d’autres manuscrits - indiqués par des crochets dans l’édition et dans la traduction de M.Thiry-Stassin 1 -, de replacer dans le corps du texte, c’est-à-dire de la traduction, les passages de ce manuscrit n’ayant de correspondants que dans le manuscrit B - rejetés en variantes dans l’édition et non traduits par M.Thiry-Stassin -, et de rétablir aussi souvent que possible les leçons rejetées par l’édition - ce que ne faisait pas, me semble-t-il, M.Thiry-Stassin. La traduction de Ph. Logié innove en offrant la traduction de 87 des 89 vers propres à A - notons que Ph. Logié a omis sans explication les deux vers qui suivent le vers 3792 de l’édition. Il ne semble pas que ces ajouts et le rejet en note des passages interpolés justifient l’entreprise d’une nouvelle traduction. Pour en mesurer l’intérêt, il faudrait pouvoir estimer l’impact du rétablissement des leçons rejetées; mais ni l’édition ni la traduction ne permettent de s’en faire aisément une idée: après le dépouillement des notes attachées à la traduction de la première moitié de l’œuvre, il apparaît que ce sont seulement neuf leçons qui ont été rétablies alors que, dans quatorze cas, le traducteur a confirmé le choix de l’éditeur. Il aurait été souhaitable que Ph. Logié définisse en quelques mots les caractéristiques stylistiques de sa traduction en contraste avec la précédente. Au demeurant, il ressort d’un sondage effectué sur 378 vers (1-269 et 3515-3623) que sa traduction est assez fidèle: il prend le parti de moderniser le lexique, dans le but d’une plus grande expressivité, semble-t-il, et procède à quelques légères reformulations. Voici quelques exemples empruntés aux passages analysés - le gras et l’italique marquent respectivement les choix lexicaux et les reformulations non pas inacceptables, mais du moins discutables: gasta la terre et tot lo regne (v. 3) Il dévasta le pays 2 et le royaume entier les murs (v. 7 et 23) les remparts Besprechungen - Comptes rendus 306 3 Ce choix est d’autant moins compréhensible qu’aux vers 25 et 27, Ph. Logié traduit les mots cité et vile par leurs correspondants modernes (cf. la citation cinquième citation). 4 Entre autres travaux, Ph. Logié fait référence à sa propre étude L’Énéas: une traduction au risque de l’invention, Paris 1999. 5 Il est dommage qu’un lapsus rende le propos opaque en conclusion de la réflexion: dans le passage «Elle confirme en outre que les différences entre les manuscrits A et B ne sont pas seulement formelles, mais qu’elles portent aussi sur le sens et le projet de l’œuvre» (19), il faut lire «A et D». la vile (v. 9) la cité 3 unc ne fu mais tant grant ocise. (v. 21) jamais ne fut perpétré un si grand massacre. A une part de la cité tint Eneas une erité, Dans un quartier de la cité, Énéas gouvernait un de la vile bien grant partie. (v. 25-27) domaine, une partie très vaste de la ville. bien set (v. 46) Il savait pertinemment Bel loisir ot del suen tot prendre, Il eut tout loisir de prendre la totalité de ses biens. tote sa gent fist asenbler Il fit rassembler tous ses gens et emporter ses et ses tresors an fist porter; trésors, ses immenses richesses. grant avoir et grant manantises et granz richeces an a prises (v. 48-52) car n’ert mie granz lor esforz, car leur troupe n’est guère nombreuse; les Grecs tost les avroient li Greu morz (v. 73-74) auraient tôt fait de les exterminer formant avoit coilli an hé elle avait conçu une haine farouche contre tous toz çaus de Troie la cité (v. 95-96) ceux de la cité de Troie et par molt petite avanture et c’est par un hasard très ténu que naquit une mut la guerre, qui tant fu dure, guerre qui fut d’une extrême violence et dans dont mil home furent ocis (v. 3521-23) laquelle mille hommes périrent mais vialz et ancïens estoit (v. 3529) mais il était extrêmement âgé. la contree (v. 3532 et 3578) la région par chanpaignes et par boschages (v. 3539) par les champs et les bois Mervoilles ert sa teste belle, C’était un prodige que la beauté de sa tête quand quant uns granz cierges li ardoit un grand cierge brûlait sur chacun de ses bois! sor chascun rain que il avoit. (v. 3556-58) a Eneas vint, a son pere, [Ascagne] vint voir Énéas, son père, et se mit à se li comença a proier le supplier de lui permettre de chasser ou qu’il lo laissast aller chacier simplement de viser un cerf de son arc. ou solement un cerf berser. (v. 3566-69) chascuns des autres prist s’espee (v. 3577) Tous les autres emportèrent leur épée Dans son introduction littéraire, bien plus généreuse que celle de M.Thiry-Stassin, Ph. Logié entreprend de reprendre de manière synthétique l’ensemble des informations historiques, génétiques et poétiques dont on dispose pour ce texte 4 en en présentant le contexte, en décrivant le traitement de ses sources antiques et en le définissant comme roman didactique, roman d’aventure, d’amour et d’initiation. L’auteur commence par replacer le Roman d’Énéas dans le cadre des autres romans antiques que sont le Roman de Thèbes et le Roman de Troie: il relève les problèmes de datation et d’attribution de l’Énéas et en souligne la singularité idéologique 5 . Il présente ensuite le traitement de la matière virgilienne dans son Besprechungen - Comptes rendus 307 6 Il est un peu gênant de voir dans ce chapitre Ph. Logié attribuer sans hésitation des emplois des flexions latines à l’auteur lui-même et non au copiste alors que, dans les deux exemples qu’il donne (fiz Neptuni [v. 3932] et a Eneam [v. 8781]), d’autres formulations sont possibles au regard de la versification (fiz Neptunus/ fiz Neptunum/ fiz Neptune, lo deu marage [Ph. Logié répète le barnage de la rime précédente] et a Eneas/ a Enee son chier ami). 7 Aux N141 et 142, les numéros de vers sont erronés: à la première, il faut lire «vv. 1180-1182, puis 1185» ; et, à la deuxième, «vv. 1183-1184». réaménagement et dans ses détails, ainsi que l’intégration des matières ovidienne et autre 6 . Puis, l’aspect didactique du roman est décliné en étude des rapports de l’historia et de la fabula, des usages de la mythologie, de la nature des merveilles, de la présence du «monde animal», et des caractéristiques de l’architecture. Comme roman d’aventure, l’Énéas est «roman de la mer» et «roman de la guerre». L’histoire des amours d’Énéas, de Créuse à Lavine en passant par Didon, décrit l’évolution du sentiment amoureux d’un érôs stérile et immobilisant à un agapè fructueux et «réalisant» 7 . Enfin, la caractérisation du héros initiatique dévoile la nature essentielle du Roman d’Énéas. Maxime Cario H Stéphane Marcotte/ Christine Silvi (ed.), Latinum cedens. Le français et le latin langues de spécialité au Moyen Âge. Paris (Champion) 2014, 392 p. (Colloques, congrès et conférences, Sciences du Langage, histoire de la langue et des dictionnaires 14) Issu d’une journée consacrée au «français et ses usages savants au Moyen Âge: autour des facteurs de résistance et de régression» qui s’est tenue à l’Université Paris IV le 20 novembre 2010, cet ouvrage comporte, outre une présentation des éditeurs particulièrement éclairante et riche en pistes de recherches élargies (9-24), quatre parties, consacrées à la théologie biblique, à la médecine, aux sciences de la nature et au droit. La première ne comporte qu’un article, celui de Xavier-Laurent Salvador, portant sur le «discours scientifique et didactique à l’œuvre dans la Bible historiale de Guyart-des-Moulins» (27-43). L’auteur y montre comment, dans la première traduction de la Bible en prose française qu’est la Bible historiale (ca. 1290-1295), Guyart-des-Moulins intègre des commentaires de l’Historia Scholastica de Pierre le Mangeur, à la façon des encyclopédies des sciences, et «à la fois traduit la Bible et en construit l’horizon culturel en choisissant les commentaires universitaires associés. Il œuvre ainsi en compilateur des sciences d’un domaine, celui de la théologie pratique qui subsume toutes les autres sciences, et offre à la francophonie médiévale l’une de ses premières encyclopédies générales» (42). Dans le premier article de la deuxième partie, «Médecine médiévale et plurilinguisme: de la pertinence des facteurs génériques» (47-82), Isabelle Vedrenne-Fajolles étudie quatre textes médicaux, appartenant à des genres différents et composés entre 1240 et 1314, en les confrontant au modèle élaboré par Howard Stone sur les processus de substitution d’une langue à l’autre au sein même du discours. Des huit cas de figure dans lesquels le latin apparaît et qu’elle a définis dans une précédente publication (par exemple pour donner le titre d’une œuvre ou pour citer une autorité révérée), sept ont pu être appliqués à ces différents textes, l’amenant à conclure, notamment, que la «fracture générique semble bien être la ligne de partage la plus déterminante» (72). Le second article, dû à Sylvie Bazin-Tacchella, est intitulé «Disparition ou maintien du latin dans la littérature médicale
