eJournals Vox Romanica 74/1

Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
2015
741 Kristol De Stefani

Stéphane Marcotte / Christine Silvi (ed.), Latinum cedens. Le français et le latin langues de spécialité au Moyen Âge. Paris (Champion) 2014, 392 p. (Colloques, congrès et conférences, Sciences du Langage, histoire de la langue et des dictionnaires 14)

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2015
Aude  Wirth-Jaillard
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Besprechungen - Comptes rendus 307 6 Il est un peu gênant de voir dans ce chapitre Ph. Logié attribuer sans hésitation des emplois des flexions latines à l’auteur lui-même et non au copiste alors que, dans les deux exemples qu’il donne (fiz Neptuni [v. 3932] et a Eneam [v. 8781]), d’autres formulations sont possibles au regard de la versification (fiz Neptunus/ fiz Neptunum/ fiz Neptune, lo deu marage [Ph. Logié répète le barnage de la rime précédente] et a Eneas/ a Enee son chier ami). 7 Aux N141 et 142, les numéros de vers sont erronés: à la première, il faut lire «vv. 1180-1182, puis 1185» ; et, à la deuxième, «vv. 1183-1184». réaménagement et dans ses détails, ainsi que l’intégration des matières ovidienne et autre 6 . Puis, l’aspect didactique du roman est décliné en étude des rapports de l’historia et de la fabula, des usages de la mythologie, de la nature des merveilles, de la présence du «monde animal», et des caractéristiques de l’architecture. Comme roman d’aventure, l’Énéas est «roman de la mer» et «roman de la guerre». L’histoire des amours d’Énéas, de Créuse à Lavine en passant par Didon, décrit l’évolution du sentiment amoureux d’un érôs stérile et immobilisant à un agapè fructueux et «réalisant» 7 . Enfin, la caractérisation du héros initiatique dévoile la nature essentielle du Roman d’Énéas. Maxime Cario H Stéphane Marcotte/ Christine Silvi (ed.), Latinum cedens. Le français et le latin langues de spécialité au Moyen Âge. Paris (Champion) 2014, 392 p. (Colloques, congrès et conférences, Sciences du Langage, histoire de la langue et des dictionnaires 14) Issu d’une journée consacrée au «français et ses usages savants au Moyen Âge: autour des facteurs de résistance et de régression» qui s’est tenue à l’Université Paris IV le 20 novembre 2010, cet ouvrage comporte, outre une présentation des éditeurs particulièrement éclairante et riche en pistes de recherches élargies (9-24), quatre parties, consacrées à la théologie biblique, à la médecine, aux sciences de la nature et au droit. La première ne comporte qu’un article, celui de Xavier-Laurent Salvador, portant sur le «discours scientifique et didactique à l’œuvre dans la Bible historiale de Guyart-des-Moulins» (27-43). L’auteur y montre comment, dans la première traduction de la Bible en prose française qu’est la Bible historiale (ca. 1290-1295), Guyart-des-Moulins intègre des commentaires de l’Historia Scholastica de Pierre le Mangeur, à la façon des encyclopédies des sciences, et «à la fois traduit la Bible et en construit l’horizon culturel en choisissant les commentaires universitaires associés. Il œuvre ainsi en compilateur des sciences d’un domaine, celui de la théologie pratique qui subsume toutes les autres sciences, et offre à la francophonie médiévale l’une de ses premières encyclopédies générales» (42). Dans le premier article de la deuxième partie, «Médecine médiévale et plurilinguisme: de la pertinence des facteurs génériques» (47-82), Isabelle Vedrenne-Fajolles étudie quatre textes médicaux, appartenant à des genres différents et composés entre 1240 et 1314, en les confrontant au modèle élaboré par Howard Stone sur les processus de substitution d’une langue à l’autre au sein même du discours. Des huit cas de figure dans lesquels le latin apparaît et qu’elle a définis dans une précédente publication (par exemple pour donner le titre d’une œuvre ou pour citer une autorité révérée), sept ont pu être appliqués à ces différents textes, l’amenant à conclure, notamment, que la «fracture générique semble bien être la ligne de partage la plus déterminante» (72). Le second article, dû à Sylvie Bazin-Tacchella, est intitulé «Disparition ou maintien du latin dans la littérature médicale Besprechungen - Comptes rendus 308 pratique: le cas des antidotaires et des réceptaires médicaux en français (XIV e -XV e siècles)» (83-114). À une première partie présentant et expliquant la présence du latin dans les traductions de la Chirurgia magna de Guy de Chauliac (1363) réalisées à partir du XIV e siècle fait suite l’étude, sous le même angle, du réceptaire dit de Jean Pitart, chirurgien du début du XIV e siècle, puis celle d’un réceptaire conservé à la bibliothèque municipale de Nancy qui présente la particularité de contenir à la fois une version en latin et une version en français du même texte, la première ayant probablement été réalisée à partir d’une version en français. La troisième partie regroupe trois articles, dont le premier, «Nommer les animaux en latin dans les encyclopédies et les bestiaires français: savoir ou ignorance? » (117-38), par Cécile Le Cornec-Rochelois, s’appuie sur un corpus de textes zoologiques en français (bestiaires et encyclopédies) pour étudier l’évolution des dénominations d’animaux et tenter d’en comprendre les mécanismes. Le deuxième article, de Christine Silvi, «Comment nommer la terre en français? De quelques signifiants utilisés par les encyclopédistes médiévaux» (139- 68), propose une étude des noms de la terre en français après une présentation des différents termes employés en latin; l’auteur y montre les choix et les adaptations des traducteurs, mais aussi leurs innovations. Avec «Les limites du français pour traduire un traité d’agriculture: le cas du Livre des ruraulx prouffis du labour des champs de Pierre de Crescens» (169-83), Fleur Vigneron s’intéresse à un ouvrage anonyme, traduction du Liber ruralium commodorum, qui est un traité d’agriculture rédigé entre 1305 et 1309 par Pierre de Crescens. L’auteure y analyse les choix effectués dans les différentes versions en termes de traduction des mots. La quatrième partie est aussi, et de loin, la plus longue, avec pourtant deux articles seulement. Le premier, d’Hélène Biu, intitulé «La langue d’oïl est-elle apte à dire le droit? Réflexions sur l’élaboration du lexique juridique français» (187-240), s’appuie sur un corpus de traductions en français de textes juridiques romains, anonymes et datant du XIII e siècle (le Code, les Institutes, la Digeste vieille, les Authentiques et la Somme Acé), et propose une étude lexicale de la terminologie juridique. Alors que l’on aurait pu s’attendre à une forte présence de lexies latines, il apparaît que celles-ci sont extrêmement rares; les emprunts sont quant à eux en nombre limité; c’est le vocabulaire issu du droit coutumier et du langage courant qui est, de loin, le plus fréquent. Pour l’auteure, «utiliser en priorité les ressources du vocabulaire français était de loin la solution la plus efficace pour satisfaire les attentes d’un public diversifié. Ces traductions constituaient des ouvrages de référence compréhensibles pour le bourgeois et le marchand désireux d’avoir quelques rudiments en droit privé, spécialement dans le domaine des contrats et des questions successorales, ou pour le seigneur appelé à appliquer les règles du droit dans quelque litige» (215). Il ne faut donc pas voir dans ce choix global une méconnaissance du vocabulaire spécialisé latin, mais, dès cette époque, la spécialisation du lexique en français; la constance du vocabulaire d’une traduction à l’autre en témoigne: «le lexique juridique se signale par la précocité de son élaboration et de sa stabilisation» (222). L’ouvrage se termine par un long et dense article (241-356) de Stéphane Marcotte, sur «Droit et langue française en France au Moyen Âge: essai de synthèse sur une relation multi-paradoxale». Son objectif est clairement annoncé dès le début: «essayer de recenser ... les principales causes de l’usage étendu et prolongé du latin dans l’expression du droit, au Moyen Âge et dans la France d’oïl, jusqu’au seuil de l’époque moderne et un peu au-delà» (241-42); il est largement atteint. S’appuyant sur une imposante bibliographie, aussi bien linguistique qu’historique ou encore philosophique, l’auteur propose une analyse à la fois érudite, intelligente et claire des différentes raisons de cet usage, en les resituant dans leur contexte historique et en n’hésitant pas à appuyer son travail d’éléments appartenant à des domaines linguistiques autres que d’oïl. L’ensemble est à la fois une somme foisonnante et Besprechungen - Comptes rendus 309 une potentielle source d’inspiration pour d’autres travaux grâce aux pistes qu’elle trace; on ne peut qu’inviter tout chercheur travaillant, de près ou de loin, sur le droit médiéval et sa langue à s’y reporter. Aude Wirth-Jaillard H Patrick Moran, Lectures cycliques. Le réseau inter-romanesque dans le cycle du Graal du XIII e siècle, Paris (Honoré Champion) 2014, 720 p. La letteratura francese medievale annovera, tra i suoi molti aspetti singolari, anche quello di aver dato vita, nel giro di poco più di 40 anni, a complessi testuali ciclici, sopravvissuti grazie alla loro conservazione in decine di manoscritti i quali trasmettono un intricato corpus di riscritture, aggiunte, redazioni nuove e diverse nelle quali eroi ed ambienti immaginati dalla fervida fantasia di Chrétien de Troyes trovano nuova vita e diversa sistemazione. Un fenomeno simile (non identico) riguardò poi anche opere che si faticherebbe a non considerare cicliche, come i romanzi della volpe Renard, o le diverse chansons de geste o anche alcune Continuazioni. L’ampiezza dei problemi che una simile selva pone allo studioso sembrava aver fin qui sconsigliato ai ricercatori di affrontare l’argomento nel suo complesso mentre, ovviamente, non sono mancate le indagini su singoli rami o su gruppi limitati di opere. Ad essere tralasciato fin qui era invece proprio il «fenomeno ciclico» nel suo insieme. Questione che ora è affrontata, con indubbia competenza, da Patrick Moran, il quale seppure senza risolvere (e come avrebbe potuto? ) tutti i problemi legati ad un simile tema, imposta indubbiamente il suo lavoro con notevole perizia. La domanda da cui partire - ed è, infatti, ad essa che l’autore dedica un larghissimo numero di pagine - era quella relativa alla natura stessa della forma-ciclo, la quale comparve praticamente in contemporanea con l’apparizione della prosa romanzesca, tra la fine del XII e i primi anni del XIII secolo. Gli insiemi narrativi che si formarono, colpirono il pubblico medievale, abituato a narrazioni certamente meno vaste. Ogni romanzo, in quel contesto, non fu più solo un’opera unica, in sé conclusa e racchiudente un sens, une aventure, eroi con caratteri precisi e riconoscibili, ma si ritrovò ad essere anche, e talvolta soprattutto, una parte di un più vasto complesso, che solo nel suo insieme poteva aspirare ad una esaustività del messaggio. Fu come se la materia arturiana sentisse il bisogno di debordare rispetto al solo singolo romanzo nel quale era stata fin lì costretta, e avesse l’urgenza di svilupparsi in un più grande affresco, composto da diversi romanzi: fin dal più antico dei cicli noti, quello di Robert de Boron, composto tra il 1205-10, la storia graaliana viene inserita in un contesto universale. La narrazione, infatti, prende avvio con l’origine stessa del Graal, narrata nel Joseph d’Arimathie, e si sviluppa fino alla ricerca del Graal ed alla realizzazione del regno arturiano nel Perceval, non prima di aver narrato nel Merlin la conquista del regno bretone da parte di Artù. Come noto, questo è il cosiddetto «piccolo ciclo» di Robert de Boron, piccolo in quanto di dimensioni ridotte, mentre un secondo insieme, quello chiamato Ciclo «Vulgate» della Tavola Rotonda, estenderà la narrazione delle avventure dei cavalieri arturiani su un ancor più vasto piano. Scritto intorno al 1215-35, questo ciclo è composto, nella sua versione più lunga, da una Estoire del saint Graal (che contiene la creazione del Graal in Terra Santa e la migrazione del lignaggio dei suoi guardiani in Bretagna), dal Merlin e dalla Suite Vulgate di derivazioni «boroniane», da un Lancelot (il cui fulcro sono ovviamente le avventure cortesi dell’eroe eponimo), da una Queste del saint Graal (nella quale trovano posto soprattutto la