eJournals Vox Romanica 74/1

Vox Romanica
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2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2015
741 Kristol De Stefani

Tony Hunt (ed.), An Anglo-Norman Medical Compendium (Cambrige, Trinity College MS O.2.5 (1109), Oxford (Anglo-Noman Text Society) 2014, 33 p. (Plain Texts Series 18)

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2015
Marie-Claire  Gérard-Zai
vox7410321
Besprechungen - Comptes rendus 321 Tony Hunt (ed.), An Anglo-Norman Medical Compendium (Cambrige, Trinity College MS O.2.5 (1109), Oxford (Anglo-Noman Text Society) 2014, 33 p. (Plain Texts Series 18) Tony Hunt est familier de la publication de textes médicaux médiévaux. Il est l’auteur remarqué de Old French Medical Texts, Paris 2011 (Textes littéraires du Moyen Âge 18), et de An Old French Herbal (Ms Princeton U. L. Garrett 131), Turnhout, 2008. Ce Compendium médical n’a pas été reconnu comme tel dans la description élémentaire qu’en a faite Paul Meyer («Les manuscrits de Cambridge, III Trinity College», Romania 32 (1903): 95-101) sans aucune analyse du contenu et intitulé sommairement «Les pronostics de la mort». Par conséquent, ce traité fut pratiquement ignoré et négligé par R. J. Dean et M. B. M. Boulton, Anglo-Norman Literature: A Guide to Texts and Manuscripts, ANTS O. P. S. 3 (London 1999: 233) qui n’ajoute rien au descriptif rudimentaire de 1903 de P. Meyer. Le manuscrit du XIV e siècle du Trinity College de Cambridge Ms O.2.5 (1109) contient une diversité d’œuvres médicales et botaniques, ainsi qu’une collection de recettes et aux folios 98r°-109v° un compendium en anglo-normand qui se termine par ces mots: Explicit liber Ypocratis philosophi et medici sapientissimi de diversis medicinis maxime corporibus humanis proficientibus. Le texte présente certaines ressemblances avec le «Practica» du manuscrit Trinity College Ms. O.5.32 du XIV e siècle; bien que plus long, ce traité mêle le latin et le français en proportions très inégales. Le compendium édité par Tony Hunt débute par un texte de divinations qui est accompagné d’une inscription d’une main plus tardive «Prognostica et signa mortis seu sanitas», qui représente le Capsula eburnea pseudo-hippocratique qui apparaît au Moyen Âge sous divers titres: Liber prestantie, De prescientie, Liber de veritate, Prognostica, Secreta, Signa vitae et mortis, etc. Les textes sont souvent fort divergents mais ont une origine commune, c’est-à-dire un texte grec traduit en latin au V e ou VI e siècle. On trouvait souvent dans les monastères des textes divinatoires pseudo-hippocratiques incluant Capsula eburnea; vers le XII e siècle, le maître de Salerne Maurus a rédigé de longs commentaires du texte hippocratique Prognostica. La traduction anglo-normande de Capsula est fortement corrompue mais peut être contrôlée, dans une certaine mesure, par le texte latin, notamment celui d’Oxford (Bodl. Library Ms. e musaeo 219) du XIII e siècle (Explicit liber Ypocratis qui inventus fuit in sepulcro eius capite illius in pixide eburnea), une copie qui débute par des passages non reproduits dans la traduction anglo-normande, qui commence vers la section finale du texte latin. Le Compendium continue par une série de prescriptions médicales classées selon des principes topologiques (selon l’approche De capite ad calcem), dont quinze se trouvent déjà dans une collection de manuscrits du XII e siècle: Ms. London, BL Royal 12 C XIX. Suit un extrait du traité gynécologique De sinthomatibus mulierum dans une version anglo-normande qui fait écho à la traduction insulaire en vers (Ms. BL Sloane 3525), ainsi qu’un traité rédigé selon les symptômes pathologiques, comprenant un bref exposé sur les plantes médicinales et une section diététique, un paragraphe sur les fièvres, un sur les urines repris du Pseudo-Hippocrates De urinis du Ms. Bodl. Library 219. Il est regrettable que l’intérêt de ce manuscrit médical ne soit pas à la hauteur des soins apportés par le scribe qui fait preuve de beaucoup d’inattentions, de fréquentes omissions, de lectures souvent incompréhensibles et contraint trop souvent le lecteur moderne à la divinatio face à un locus ou crux desperati. Les lectures incertaines déparent trop souvent le texte. Notre texte s’ouvre par ces mots: Ipocras, le tresauge mire et que sour tutez altres sout la nature de humeyne corps et cum il vist que il deust morer, comaunda que l’en prist cest livre ou estoit escrit la nature de tut le cors el secrez et que l’en le mist a son chif en sepulcre ou il gist. Un jour passa Augustus Cesar pardevant la sepulcre, quida que la gist grant tresour, si comanda que l’en l’overist, et trova leuqes cest livere a son chif, et fu aporté a l’Emperour; l’Emperour comandast son mire que il gardast dedeyns. (3) Besprechungen - Comptes rendus 322 1 A. Kristol, «Comment on apprenait le français au Moyen Âge: ce qu’il nous reste à apprendre», ARBA, Acta Romanica Basiliensia 13 (1998): 177-97; id., «L’intellectuel anglo-normand face à la pluralité des langues: le témoignage implicite du ms. Oxford, Magdalen 188», in: D.Trotter (ed.), Multilingualism in later medieval Britain, Cambridge 2000: 37-52; id., «Le ms. 188 de Magdalen College Oxford: une ‘pierre de Rosette’ de l’enseignement médiéval du français en Angleterre? », VRom. 60 (2001): 149-67. Les recettes les plus courantes, par exemple: A malade que ne puet dormir. «Pernez l’ulie de le puncel peisaunt a un furline, si oignez lé templez et le col et lez meins et le plaunte de pié, si dormerat» (11) ou Pur blanchir la face. «Lavez tut de sanc de tor, et çoe ostet la tecche et fet la face cler» (14), dans des circonstances exceptionnelles: Pur morsure de chyn enragé. «Pernez millefoil, si triblez ov grein de forment, si metez deseure» (16). Comme on le constate, les traits linguistiques anglo-normands abondent. La contribution de Tony Hunt, en permettant l’accès à ce texte intéressant, est particulièrement précieuse pour le lecteur du XXI e siècle. Marie-Claire Gérard-Zai H Christel Nissille, «Grammaire floue» et enseignement du français en Angleterre au XV e siècle. Les leçons du manuscrit Oxford Magdalen 188, Tübingen (A. Francke) 2014, x + 492 p. + CD-Rom (Romanica Helvetica 133) C’est un très grand livre que nous offre Christel Nissille, un livre capital sur l’histoire de la langue française dans l’Angleterre médiévale, et ses prolongements à la Renaissance. Il s’agit d’une étude sur l’enseignement du français et sur un outil particulier de son apprentissage, soit le manuscrit Oxford Magdalen 188 qui contient le texte de la Somme le roy du frère Lorens d’Orléans, accompagné d’une traduction en médio-latin et en moyen-anglais. La Somme le roy est le fruit d’une commandite du roi de France, Philippe III, en 1280, à son confesseur dominicain. Il s’agit d’un manuel qui enseigne tout ce qu’un laïc doit connaître pour vivre chrétiennement. Il contient un traité des dix commandements de Dieu, un traité des douze articles de la foi contenus dans le Credo, un traité des sept péchés capitaux, ainsi qu’un traité sur la vertu en général et un autre sur les vertus en particulier (98-99). Le manuscrit Magdalen 188 a été copié durant le second quart du XV e siècle. Bien que formant une unité du point de vue codicologique, il se présente comme une entité bicéphale: les folios 1 à 8 contiennent différents extraits de manuels d’enseignement du français, alors que les folios 9 à 102 offrent une copie incomplète de la Somme le roy allant du début à presque la fin du traité des sept péchés capitaux. Le texte est transcrit en unités de trois lignes: une première portant la transcription du français en plus gros caractères, au-dessus de laquelle se superposent les traductions latine et anglaise. Les deux traductions suivent de très près l’original en sorte que le copiste a pu maintenir une correspondance mot à mot entre les trois langues. L’importance du manuscrit Oxford Magdalen 188 comme révélateur des méthodes d’apprentissage du français en Angleterre avait été mise en lumière antérieurement par Andres Kristol, dans trois articles parus entre 1998 et 2001 1 . Celui-ci inspira à C. Nissille son sujet de thèse de doctorat qu’il codirigea avec Jean-Paul Chauveau, dont est issu le présent ouvrage. A. Kristol avait mis en évidence que la traduction comme lieu de rencontre privilégié entre deux langues pouvait s’avérer un exercice d’apprentissage et d’explication des spécificités linguistiques d’une langue source, en l’occurrence ici le français. Le manuscrit Magdalen 188