Vox Romanica
vox
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Francke Verlag Tübingen
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2016
751
Kristol De StefaniLes chevreuils dans la grange
121
2016
Jean-Pierre Chambon
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Vox Romanica 75 (2016): 185-200 Les chevreuils dans la grange Une anecdote en patois comtois (environs de Luxeuil, Haute-Saône) recueillie et traduite par Colette Dondaine Zusammenfassung: Veröffentlichung eines mündlichen Textes im Dialekt der Franche-Comté, der von der verstorbenen Spezialistin dieser Dialektregion, Colette Dondaine, aufgenommen wurde. Der Herausgeber versucht, die im Text wiedergegebene Anekdote sowie die vom Informanten gesprochene dialektale Varietät räumlich einzugrenzen. Das vollständige Glossar zum Text trägt den heutigen Ansprüchen der Lexikographie Rechnung. Der Herausgeber möchte auf diese Weise zum Aufschwung einer wahren Philologie mündlicher Dialekt-Texte beitragen. Keywords: Dialectology, Textual philology, Franc-comtois d’oïl, Haute-Saône, Oral texts, Glossaries Nous publions ci-dessous une anecdote en patois comtois d’oïl recueillie et traduite par la regrettée Colette Dondaine 1 . Nous commencerons par présenter et éditer ce texte oral demeuré inédit (§1). Nous ferons suivre l’édition d’un glossaire exhaustif (§2) 2 . 1. Texte et traduction 1.1 Le récit et le manuscrit Colette Dondaine conservait parmi ses papiers de travail 3 le texte d’un récit oral en prose non-fictif (une anecdote) 4 en patois franc-comtois d’oïl (794 mots), texte par elle intitulé Les chevreuils dans la grange et qu’elle avait pourvu d’une traduction en français. Le texte rapporte un épisode drolatique ayant pour cadre un village des environs de Luxeuil (Haute-Saône). Il met en scène la sourde opposition existant entre un riche représentant de la bourgeoisie industrielle locale (voir ci-dessous §1.3.), ayant les moyens financiers d’établir son monopole sur la chasse au gros gibier, et des villageois interdits de chasse de facto dans «leurs» bois communaux. Bien que mitigée, la conclusion [27-29] évoque clairement l’idée d’une revanche prise par les paysans sur le bourgeois. Cet arrière-plan social a pu contribuer à fixer l’anecdote dans les mémoires. 1 Voir les articles nécrologiques par Chambon 2012, Gaiffe 2013 et Roques 2013. 2 Nous éditons ailleurs un autre texte recueilli par Colette Dondaine à Magnoncourt (Haute- Saône) en 1939 (Chambon à paraître). 3 Colette Dondaine avait souhaité que ces papiers nous soient communiqués après son décès. 4 Cf. Simonsen 1981: 12. Jean-Pierre Chambon 186 5 Cf. Dondaine 2002a: 105. Matériellement, le manuscrit consiste en deux feuilles perforées de papier d’écolier (22 cm u 17 cm) utilisées dans le sens de la longueur (recto seulement), écrites à l’encre noire et réunies par un trombone. Le texte occupe la partie gauche des deux feuilles. La traduction est placée en regard. L’écriture de Colette Dondaine, bien reconnaissable, est parfaitement lisible. Le manuscrit ne présente aucune rature: il s’agit d’une mise au net. Tout porte cependant à croire que le texte n’a pas été préparé en vue d’une publication. 1.2 La date de la collecte L’enquêtrice n’a malheureusement indiqué ni l’identité du locuteur, ni la variété de franc-comtois employée par lui, ni la date à laquelle le texte avait été relevé. On peut cependant remarquer que l’écriture des Chevreuils n’est plus celle de la jeune Colette Dondaine (Filloz) au moment de sa première campagne d’enquêtes (dans le nord-est de la Haute-Saône) en 1939-40. On verra ci-dessous (§1.5.), d’autre part, que le système graphique employé est celui de l’abbé Garneret. Or, Colette Dondaine n’avait appris l’existence de Barbizier et fait la connaissance de l’abbé Garneret que «vers 1952» 5 . Cela implique que la mise au net du texte et, vraisemblablement, sa collecte sont postérieures à 1952 environ, voire à 1959 (date de la publication de la monographie de l’abbé Garneret sur le parler de Lantenne). Étant donné que Colette Dondaine avait complètement interrompu ses recherches dialectologiques entre 1940 et 1959-1978 (enquêtes de l’Atlas linguistique et ethnographique de la Franche-Comté [ALFC]), et que nous n’avons pas connaissance de collectes entreprises par elle en dehors de la longue campagne de l’Atlas, nous sommes tenté de supposer que les Chevreuils a été recueilli au moment des enquêtes de l’Atlas. On peut aussi remarquer que Colette Dondaine adopte fidèlement, dans les Chevreuils, le système graphique de l’abbé Garneret, ce qui est aussi le cas dans Dondaine 1977, alors qu’elle retouchera ce système (notation de la durée vocalique au moyen de deux points), dans certaines de ses publications, à partir de Dondaine 1981. 1.3 La localisation et la date des faits narrés L’histoire des chevreuils - un récit qui se donne comme réaliste - a indubitablement pour cadre un chef-lieu de commune (cf. [26]) des environs de Luxeuil. Le texte évoque en effet la foire de Luxeuil [18], la localité de Breuches-lès-Luxeuil [23] (canton de Saint-Sauveur, naguère canton de Luxeuil) et un terrain de chasse amodié aux environs de Breuches [23]. Le village où se déroule l’histoire n’est pas nommé (il pourrait s’agir du lieu de résidence ou d’origine du locuteur). Une anecdote en patois comtois (environs de Luxeuil, Haute-Saône) 187 6 La filature de Breuches-lès-Luxeuil fut fondée en 1828 par Augustin Bezanson (1796-1829). L’entreprise passa ensuite à Joseph Bezanson (1793-1870), frère (ou neveu? ) d’Augustin. Paul Bezanson (1826-1893), qui fut conseiller général et député de la Haute-Saône, lui succéda. À partir de 1893, la filature fut dirigée par le fils de Paul Bezanson, Georges Bezanson (1863-1940). L’usine cessa son activité en 1940; en 1946, elle sortit de la famille Bezanson et ferma définitivement en 1960. - Sources: Desgranges 1998: 137, 138-40; Inventaire général du patrimoine culturel, <www.culture.gouv.fr>; Sonet 2005, I: 85; tableau généalogique de la famille Bezanson, établi par François Lassus d’après des notes fournies par Michel Desgranges (aimable communication de M. François Lassus). 7 Source: <www.servancnautes.fr> et Louis Jeandel (communication personnelle). 8 Sur ces bois, adjugés à Sainte-Marie-en-Chaux en 1788 et où il y avait «du loup, du renard et du sanglier» en 1827, voir Thiébaud 1982: 80 et 102. 9 La chose est possible: Colette Dondaine (ALFC 3, Compl. CLXXIV) avait recueilli auprès d’un de ses témoins d’Éhuns (nés en 1892 et 1894) une histoire de sabbat que l’informateur tenait de son grand-père, auquel l’histoire avait été racontée quand il était jeune. Le texte nomme en revanche «Monsyœ Bzanson, dé Brœch» [22-23], l’amodiataire de la chasse. La précision «dé Brœch» autorise à supposer que l’histoire ne se déroule justement pas à Breuches-lès-Luxeuil, mais à proximité. Quant au patronyme Bzanson, il désigne à coup sûr un membre de la famille Bezanson qui fut propriétaire de la filature de Breuches-lès-Luxeuil de 1828 à 1940 6 . L’intervalle 1828-1940 vaut donc probablement pour les événements rapportés. On sait par ailleurs que Paul Bezanson (1826-93) et son frère Charles (ca 1828-70), propriétaire à Savigny (Haute-Marne), étaient de grands chasseurs possédant un équipage et pratiquant la chasse à courre (Lassus 2012: 38, 40, 43), et que dans la région, «avant la Première Guerre, les chasses communales étaient louées aux notables et industriels locaux» (aimable communication de M. Louis Jeandel). Nous ignorons si la tradition cynégétique s’est poursuivie dans la famille Bezanson au temps où Georges Bezanson dirigeait l’usine (1893-1940). Le nom de l’autre protagoniste, «lo Noré Fêvre» [12], c’est-à-dire un certain Honoré Faivre (Faivre est la seule graphie usuelle de ce nom de famille dans la région de Luxeuil), constitue un autre indice en vue de la localisation et de la datation des faits narrés. Il s’agit probablement en effet d’Honoré Faivre, cultivateur à Sainte-Marie-en-Chaux (canton de Saint-Sauveur, naguère canton de Luxeuil), né en 1806 à Abelcourt, marié en 1830 à Sainte-Marie-en-Chaux et décédé dans la même localité en 1870 7 . L’intervalle 1830-70 s’accorde avec celui obtenu plus haut à propos des fastes cynégétiques de la famille Bezanson et permet de le préciser. On remarque en outre que la commune de Sainte-Marie-en-Chaux jouxte celle de Breuches-lès-Luxeuil à l’ouest, et que la partie la plus occidentale de son finage est occupée par des bois appartenant à un vaste massif forestier qui s’étend au sud de la vallée de la Lanterne 8 . Dans l’hypothèse que nous retenons (narration d’événements s’étant produits à Sainte-Marie-en-Chaux entre 1830 et 1870), l’anecdote recueillie par Colette Dondaine aurait été transmise sur deux ou trois générations 9 . Jean-Pierre Chambon 188 10 On pourra, concernant les formes citées, se reporter au glossaire ci-dessous pour les références au texte et à la littérature usuelle. 11 À savoir Baudoncourt (Passy 1896), Brotte-lès-Luxeuil (Humbert 1939), Chapendu (DondaineEnq), Citers (Passy 1896), Corbenay (Passy 1896; DondaineEnq), Éhuns (DondaineEnq; ALFC), Esboz (DondaineEnq), Les Fessey (DondaineEnq), Fontaine-lès-Luxeuil (Passy 1896; DondaineEnq), Fougerolles (Passy 1891-92; Passy 1896; DondaineEnq; ALFC), Francalmont (DondaineEnq), Froideconche (Passy 1896; DondaineEnq), Hautevelle (Passy 1896), Mailleroncourt-Charette (ALFC), Ormoiche (DondaineEnq), Quers (DondaineEnq), Raddon (Passy 1896; DondaineEnq), Saint-Bresson (Passy 1891-92; Passy 1896; DondaineEnq), Saint-Sauveur (Passy 1896; DondaineEnq), Saint-Valbert (DondaineEnq). 12 À savoir la flexion du verbe avoir (é ‘a’, an ‘ont’, èvè ‘avait’, èvï ‘avaient’, èran ‘auront’, èvu ‘été’); âbr(e) ‘arbre’; an’m ‘homme’; bï ‘bien’; bô ‘bois, forêt’; chân et granj (issues [ ʃ ] et [ ʒ ] de k et g latins devant a); di ‘du’; dijï: dijthème de l’indicatif imparfait de dire et -ï marque de l’imparfait P6; dovo ‘avec’; jwé ‘jour’; lo ‘le’ vs lè ‘la’; moché ‘morceau’; môjon ‘maison’; pwèyan ‘peuvent’. 13 Notamment [ maːm ] et non min’m, [ poːʧ ] ‘porte’ et non pwêtch, [ voːr ] ‘voir’ et non vwèr, [ troː ] ‘trois’ et non trwè, [ vwɛlɛ ] et non vlè. Les formes du texte pwêtch, vwêr et vlè coïncident en revanche, à une nuance phonétique près (voir ci-dessous N14), avec celles d’Éhuns. 14 On remarque en effet que Colette Dondaine note <è> (= [ ɛ ]) et <ê> (= [ ɛː ]) là où le parler d’Éhuns a souvent [ æ ] et [ æː ]. Or le système graphique de Garneret ne prévoit pas de symbole particulier pour le timbre [ æ ], et pas davantage Dondaine 1977, 1981 ou 2002b. On pourrait donc admettre que Colette Dondaine a délibérément renoncé à noter la différence d’aperture entre [ æ(ː) ] et [ ɛ(ː) ]. 15 Notamment Éhuns [ lɛ ] ‘la’ vs [læ] ‘les’ et non lè (= [l ɛ ]) vs lê (= [ lɛː ]), avec une opposition de durée vocalique qui n’apparaît nulle part sur ALFC 1221 (alors que Brotte-lès-Luxeuil oppose, en revanche, [ lɛ ] ‘la’ à [ lɛː ] ‘les’); Éhuns [trwa] ‘trois’ (francisme récent) et non trwè (francisme ancien (trait qui écarte aussi Brotte-lès-Luxeuil); Éhuns [ k-kwaːdʒ ] ‘hanneton’ (comme Brottelès-Luxeuil [ k-kwɑːdʒ ]) et non kankwêj, forme qui ne paraît d’ailleurs pas autochtone dans la zone de Luxeuil; Éhuns [ tretɛl ] ‘(il) titube’ et non trêtlï [ trɛːtlĩ ] ‘(ils) titubaient’ (cf., au contraire, Brottelès-Luxeuil [ trɛːtlaː ] ‘tituber’). 16 Ce parler n’est connu que par deux petites pages de Thiébaud (1982: 139-40), mais l’article défini pluriel lâ n’est pas celui du texte (lê). 1.4 La localisation de la variété linguistique du texte 10 Tel qu’il nous est parvenu, Les chevreuils dans la grange se présente comme une énigme géolinguistique: on ne sait pas quelle variété de franc-comtois d’oïl il exemplifie. Les données de la narration orientant, comme on vient de le voir, vers la zone de Luxeuil, on dispose, afin de localiser la variété linguistique du texte, de données plus ou moins fournies portant sur vingt localités des environs de cette ville 11 . L’emploi d’une vingtaine de critères phonétiques ou morphologiques 12 montre clairement que, parmi les localités explorées, les deux qui présentent le plus grand nombre de concordances avec la langue du texte sont Éhuns et Brotte-lès-Luxeuil. Ces deux communes, proches l’une de l’autre (canton de Saint-Sauveur, naguère canton de Luxeuil), sont situées à quelques kilomètres au sud de Luxeuil. Le parler de Brotte-lès-Luxeuil est toutefois nettement exclu par certains traits 13 . Quant au parler d’Éhuns, s’il paraît très proche de celui des Chevreuils - surtout si on fait abstraction de certaines différences phonétiques pouvant être attribuées au filtre constitué par le système graphique de Garneret 14 -, il ne coïncide cependant pas en tous points avec la langue du texte 15 . Le parler de Sainte-Marie-en-Chaux est exclu 16 . Une anecdote en patois comtois (environs de Luxeuil, Haute-Saône) 189 17 On remarque que Colette Dondaine a recueilli à Éhuns deux récits publiés dans l’ALFC (voir ci-dessous l’introduction au glossaire). L’un de ses témoins pour Éhuns était son père, Louis Filloz. Au total, nous ne sommes pas parvenu à une conclusion plus précise que celle-ci: parler (non décrit dans la littérature) d’un village voisin de Luxeuil, au sud de la ville (probablement dans le canton actuel de Saint-Sauveur), non loin d’Éhuns et de Brotte-lès-Luxeuil. Cette localisation s’accorde avec les données géographiques qui émanent du texte: proximité de Luxeuil, de Breuches-lès-Luxeuil et de Sainte- Marie-en-Chaux (ci-dessus §1.3.). Elle impliquerait que l’informateur de Colette Dondaine n’était pas un témoin de l’ALFC 17 . 1.5. Le système graphique employé par Colette Dondaine Le système de notation employé par Colette Dondaine n’est pas l’alphabet phonétique de Rousselot/ Gilliéron qu’elle a adopté dès sa première enquête (DondaineEnq 1939-40), puis dans sa thèse de doctorat (Dondaine 1972), dans l’ALFC et dans la plupart de ses travaux, mais un système graphique à destination du grand public inspiré de celui de l’abbé Garneret 1959: 11-12. On trouvera ci-dessous la valeur des signes de ce système, par équivalence avec ceux l’Alphabet phonétique international. Pour établir ces valeurs, nous nous sommes fondé sur les indications fournies par Garneret 1959: 11-12 et par Colette Dondaine 1977: 132-33; 1981: 91-92, laquelle renvoie explicitement à Garneret. Voyelles orales: <a> note [a] (qu’on entend dans frm. patte). - <â> note [ ɑː ] (pâte). - <e> note [œ] (bœuf). - <é> note [e] (été). - <è> note [ ɛ ] (net). - <ê> note [ ɛː ] (neige). - <i> note [i] (lit). - <î> note [ iː ] (livre). - <o> note [ ɔ ] (botte). - <ô> note [ oː ] (mauve). - <œ> note [ø] (feu). - <ou> note [u] (mou). - <u> note [y] (bu). - Voyelles nasales: <an> note [ ] (banc). - <an’> note [ ] devant consonne nasale. - <ï> note [ ĩ ] (port. rim). - <in> note [ ] (bain). - <in’> note [ ] devant consonne nasale. - <on> note [ ] (bon). - De manière apparemment peu conséquente, <ûn> (dans jûn [2, 7]) note [ yːn ]. - Consonnes et semi-consonnes: <b> note [b] (bas). - <ch> note [ ʃ ] (chat). - <d> note [d] (dos). - <f> note [f] (faux). - <g> note [ ɡ ] (Gui, goût). - <j> note [ ʒ ] (jonc). - <k> note [k] (qui, cou). - <l> note [l] (la). - <m> note [m] (ma). - <n> note [n] (ni). - <ny> note [ ɲ ] (gnon). - <p> note [p] (pont). - <r> note [r] ou [ ʀ ] ou [ ʁ ] (rond). - <s> note [s] (sa). - <t> note [t] (ta). - <tch> note [ ʧ ] (esp. muchacho). - <v> note [v] (vont). - <w> note [w] (oui). - <y> note [j] (yéti). - <z> note [z] (zèbre). Jean-Pierre Chambon 190 1.6 Nos conventions d’édition Nous avons indiqué le changement de page et introduit entre crochets la numérotation des lignes. Dans le texte patois, la numérotation reproduit la mise en page du manuscrit; dans la traduction, elle s’aligne sur celle du texte patois. Dans les cas où nous avons cru devoir nous écarter du manuscrit, le lecteur trouvera dans les apparats critiques les leçons rejetées. 1.7 Texte recueilli par Colette Dondaine Les chevreuils dans la grange An’n étè ô mwè d mè; dan lo bô [2] lêz âbr èvï déjè dê jûn fey. [3] Lê jan dijï: «vlè k lêz âbre [4] feyan; lê kankwêj èran mwèyï [5] d minjî». Mâ s ô lê chevrey ké [6] son kontan; è pwèyan s soulâ [7] dovo lè jûn fey dê chân. [8] Ï san’mdi dan l’èprè-médi, [9] lê jan di vilèj son èvu bï [10] èbèyî d an vwèr dou ké s promnï [11] dvan lê môjon; è trêtlï kman [12] dèz an’m sou. Lo Noré Fêvre, [13] k étè ï roublar, ouvri sè pwêtch [14] dé granj. Dovo lê vwèzï, èl an [15] chu bï fâ k lê chevrey an rantrâ [16] dan lè granj; è son èvu prijné. / P. 2/ [17] Ochutô ké lo bwéchî ô rvénu dé [18] lè fwèr dé Lsœ, lo Noré ô èvu [19] lo kri po lê sin’nyî. [20] To lê jan di vilèj an’n an [21] minjî ï moché. Mâ trwè ou [22] kèt jwé èprè, Monsyœ Bzanson, [23] dé Brœch, k èvè èmôdyâ lè chès, [24] ô vnu po dir è Noré k è li [25] frè ï prôsè ké li koutrè chî. [26] Chans ké lo mâr é èranjî [27] l’èfâr. Chu bï k èl an tranzijî. [28] Lê jan èvï to d min’m minjî [29] di chevrey. Leçons du manuscrit Titre. Le titre en français, donné par l’enquêtrice, surmonte la colonne patoise et la colonne française. 1. Ms.: pas de retrait en début d’alinéa (la traduction comporte en revanche un retrait). - An’n] ms. An’ n. - Point-virgule après mè] ms.: virgule (nous adoptons la ponctuation de la traduction). 4. Point-virgule après feyan] ms.: virgule (nous adoptons la ponctuation de la traduction). 5. s ô] ms. sô. 8. Ï] ms ï. - san’mdi] ms. san’ mdi. - èprè-médi] ms èprè médi. 10. d] ms. d’. 12. dèz] ms. dès: dès est, selon nous, un lapsus de l’enquêtrice (induit par l’orthographe française) pour dèz; c’est pourquoi nous corrigeons. - an’m] ms. an’ m. 15. an] ms. -n, avec un tilde effacé. 19. sin’nyî] ms. sin’ nyî. 20. Ms.: pas de retrait en début d’alinéa (nous suivons la traduction qui comporte en revanche un retrait). - an’n] ms. an’ n. 28. min’m] ms. min’ m. Une anecdote en patois comtois (environs de Luxeuil, Haute-Saône) 191 1.8 Traduction par Colette Dondaine On était au mois de mai; dans la forêt, [2] les arbres avaient déjà de jeunes feuilles. [3] Les gens disaient: «Voilà que les arbres [4] feuillent; les hannetons auront beaucoup [5] à manger». Mais ce sont les chevreuils qui [6] sont contents; ils peuvent se soûler [7] avec les jeunes feuilles des chênes. [8] Un samedi dans l’après-midi, [9] les gens du village ont été bien [10] surpris d’en voir deux qui se promenaient [11] devant les maisons; ils titubaient comme [12] des hommes ivres. Le Noré Faivre, [13] qui était un roublard, ouvrit sa porte [14] de grange. Avec les voisins, ils ont [15] si bien fait que les chevreuils sont rentrés [16] dans la grange; ils ont été prisonniers./ P. 2/ [17] Aussitôt que le boucher est revenu de [18] la foire de Luxeuil, le Noré est allé [19] le chercher pour les saigner. [20] Tous les gens du village en ont [21] mangé un morceau. Mais trois ou [22] quatre jours après, Monsieur Bezanson, [23] de Breuches, qui avait loué la chasse, [24] est venu pour dire à Noré qu’il lui [25] ferait un procès qui lui coûterait cher. [26] Heureusement que le maire a arrangé [27] l’affaire; si bien qu’ils ont transigé. [28] Les gens avaient tout de même mangé [29] du chevreuil. Leçons du manuscrit 8. Ms.: pas de virgule à la fin de la ligne. 22. Ms. Besançon (graphie erronée). - Ms.: pas de virgule à la fin de la ligne. 2. Glossaire Le glossaire ci-dessous, qui enregistre également les noms propres, est exhaustif. Il tente de répondre aux exigences lexicographiques actuelles. Nous avons lemmatisé en français, entre crochets carrés et en petites capitales, les verbes dont les infinitifs ne sont pas représentés dans le texte. Nous renvoyons à l’ALFC, en citant les formes du point 37 (Éhuns), à la monographie de Humbert 1939 (= H) sur le parler de Brotte-lès-Luxeuil, au Trésor étymologique des parlers comtois (Dondaine 2002b), au Glossaire des patois de la Suisse romande (GPSR) et occasionnellement - en particulier à défaut de références comtoises - au Französisches Etymologisches Wörterbuch (FEW) et au Trésor de la langue française (TLF). Nous avons également eu recours, lorsqu’ils apportaient des données supplémentaires, à deux textes oraux en parler d’Éhuns publiés dans l’ALFC: «Le sabbat» (ALFC 3, Compl. CLXXIV), cité Sabbat; «Les ‹Viergeottes›» (ALFC 1, Compl. XIV), cité Vierjottes. Dans les citations des formes dialectales, nous avons employé l’Alphabet phonétique international. - âbr(e) subst. masc. (au plur.) ‘grande plante ligneuse dont le tronc n’est chargé de branches et de feuilles qu’à partir d’une certaine hauteur au-dessus du sol, arbre’ (devant cons.) âbre [3], (devant voy.) âbr [2]. - ALFC 373: Éhuns [ aːbr ]; Dondaine 2002b: 2; GPSR 1: 570. Jean-Pierre Chambon 192 - an → avoir 2. - an’n (devant voy.) pron. pers. indéf. ‘les gens, on’ [1]. - ALFC 1287: Éhuns [-n]; Brotte [an] (H: 19). - an(’n) pron. pers. inaccentué de la 3 e pers. ‘(représentant un subst. précédé de de), d’eux, de cela, en’ (devant voy.) an’n [20], (devant cons.) an [10]. - ALFC 1264: Éhuns [-]; Dondaine 1991: 622; GPSR 5: 350. - an’m subst. masc. (plur.) ‘être humain mâle, homme’ [12]. - ALFC 876: Éhuns [-m]; Brotte [-m] (H: 26). - [ avoir ] verbe ‘avoir’. 1. Verbe trans. ‘être en possession de’: ind. imparf. P6 èvï ‘avaient’ [2]; ind. fut. P6 èran ‘auront’ [4], → mwèyï. 2. Verbe auxil. servant à former, avec le part. passé, le passé comp. des verbes trans. → èmôdyâ, èranjî, faire, minjî, et des verbes intrans. → rantrâ, tranzijî: ind. prés. P3 é ‘a’ [26]; ind. prés. P6 an ‘ont’ [14, 15, 20, 27]; ind. imparf. P3 èvè ‘avait’ [23]. 3. Part. passé suppléant celui de être èvu ‘été’ [9, 16, 18]. → être 5. - ALFC 1380 (Éhuns [e] ‘a’), 1381 (Éhuns [-] ‘ont’), 1467 (Éhuns [ ɛvɛ ] ‘avait’), 1468 (Éhuns [ ɛvĩ ] ‘avaient’), 1490 (Éhuns [ ɛr- ] ‘auront’), 1611 (Éhuns [ ɛvy ] ‘été’); Brotte [e] ‘a’, [ -ː ] ‘ont’, [ ɛvɛ ] ‘avait’, [ ɛvĩ ] ‘avaient’, [ ɛr-ː ] ‘auront’, [ ɛvy ] ‘été’ (H: 21); GPSR 2: 159-60, 161, et 6: 897-98. - bï adv. de manière ‘bien’. 1. (Incidant sur un verbe) ‘d’une manière satisfaisante, qui correspond à l’effet attendu’ ds une loc. conj. → chu bï k. 2. (Incidant sur un part. passé) ‘plus qu’on ne pourrait s’y attendre, grandement’ [9]. - ALFC 1352: Éhuns [ bĩː ], mais aussi [ bĩ ] (Sabbat, l. 14); Brotte [ bĩ ] (H: 28); GPSR 2: 390-91. - bô subst. masc. ‘étendue de terrain couverte d’arbres, bois, forêt’ [1]. - ALFC 397: Éhuns [ boː ]; Brotte [ boː ] (H: 28); GPSR 2: 456-57. - Brœch nom pr. de lieu ‘commune de la Haute-Saône, proche de Luxeuil (naguère canton de Luxeuil), Breuches-lès-Luxeuil’ [23]. - Longchamps (1852: 10 juillet, 1): Breuèche; Barrey 1978: 28: breutch. - bwéchî subst. masc. ‘homme qui abat des animaux dont il vend ensuite la viande au détail, boucher’ [17]. - GPSR 2: 588-89. - Bzanson nom pr. de pers. (nom de famille) ‘(nom du patron de la filature de Breuches-lès-Luxeuil), Bezanson’ [22]; voir ci-dessus §1.3. - chân subst. masc. ‘grand arbre qui produit des glands, chêne’ [7]. - ALFC 386: Éhuns [ ʃaːn ]; Dondaine 2002b: 112; Brotte [ ʃɑːn ] (H: 31); GPSR 3: 498-99. - chans subst. fém. ‘bonheur inespéré accordé par le sort, chance’ (sans art., en emploi prédicatif, suivi de ké + ind.) [26]. - GPSR 3: 297: même emploi frm. Neuchâtel; TLF et FEW 2: 27a, cadere: Ø cet emploi. - chès subst. fém. par métonymie ‘terrain réservé à la chasse (ici terrain communal donné à bail à un particulier), chasse’ [23]. - Brotte [ ʃɛs ] (H: 32); GPSR 3: 410. - chevrey subst. masc. ‘chevreuil’. 1. ‘petit mammifère herbivore sauvage, aux bois peu ramifiés, dont la chair est très appréciée’ (au plur.) [5, 15]. 2. Par méton. (au sing., en emploi massif) ‘chair du chevreuil’ [29]. - ALFC 738* (sans localisation); Dondaine 2002b: 122; GPSR 3: 549. Une anecdote en patois comtois (environs de Luxeuil, Haute-Saône) 193 - chî adv. ds [coutâ] chî loc. verb. fig. ‘entraîner de sérieux inconvénients, coûter cher’ [25]. - ALFC 1322*: Éhuns [ ʃiː ] adj.; Brotte [ ʃiː ] adj. (H: 32). - chu adv. d’intensité ds des loc. conj. 1. chu (+ adv.) k (après voy. et devant cons.) ‘(introduit une prop. consécutive), si ... que’ [15]. 2. Ds chu bï k (devant voy.) ‘(introduit une prop. consécutive) de sorte que, si bien que’ (en tête d’une phrase, avec une fonction proche de celle d’un coordonnant) [27]. - Brotte [ ʃy ] (H: 33). - dan prép. ‘dans’ 1. ‘(marque le lieu, avec ou sans mouvement)’ [1, 16]. 2. ‘(situe le moment)’ [8]. - ALFC 1358: Éhuns [d-]; Brotte [d-] (H: 34); GPSR 5: 20, 22. - dê, dès art. contractés plur. (amalgamé à → dé) ‘des’. 1. Déf. masc. plur. (devant cons.) dê ‘(introduit un compl. de nom exprimant un des éléments d’un tout), = de les’ [7]. → di 1. 2. Indéf. masc. et fém. plur. (devant voy.) dèz (plur. de → ï) [12 (voir la note)], fém. plur. (devant cons.) dê ‘des’ [2]. - ALFC 1222: Éhuns (devant cons.) [ dæː ]; Brotte (devant voy.) [ dɛːz ], (devant cons.) [ dɛː ] (H: 17-18); GPSR 5: 41, 51. - d(é) prép. ‘de’. 1. ‘(marque le point de départ d’un mouvement)’ dé (après voy., devant cons.) [17]. 2. ‘(marque l’origine dans l’espace)’ dé (après pause, devant un groupe de deux cons.) [23]. 3. ‘(introduit un compl. de nom exprimant un tout dont on considère un élément)’ dé (après cons., devant un groupe de deux cons.) [14]. 4. ‘(introduit une dénomination)’ d (après voy., devant cons.) [1]. 5. ‘(introduit un inf. compl.)’ d [5 (après voy., devant cons.), 10 (après voy., devant voy.)]. 6. Formes amalgamées avec l’art. déf.: → dê/ dès, di. → to 2 . - Éhuns (entre cons. ou devant un groupe de cons.) [de] (Sabbat, l. 3, 7, 11), (devant voyelle ou cons.) [d] (Vierjottes, l. 5, 7, 12; Sabbat, l. 3, 6, 9); Brotte [de] (H: 19); GPSR 5: 40, 42, 45, 49. - déjè adv. de temps ‘dès le moment présent, déjà’ [2]. - ALFC 1343: Éhuns [ deʒɛ ]; Brotte [ deːʒɛ ] (H: 34); GPSR 5: 220-21. - dès → dê. - di art. déf. et prép. contractés (amalgamé à → d(é)) masc. sing. ‘du’ 1. ‘(introduit un compl. de nom exprimant l’appartenance),’ [9, 20]. → dê 1. 2. Partitif [29]. - ALFC 1222, 1222*: Éhuns [di]; Brotte [di] (H: 35); GPSR 5: 50. - dir verbe trans. ‘exprimer (sa pensée, ses intentions) par la parole, dire’ (suivi d’une prop. sub. complétive) inf. [24], (le compl. est un propos rapporté au style direct) ind. imparf. P6 dijï [3]. - ALFC 1478 et cf. 1472: Éhuns (ind. imparf. P6) [ diʒĩ ]; Brotte (inf.) [dir] (H: 35); GPSR 5: 733. - dou adj. numéral cardinal (au masc.) ‘un plus un, deux’ (en emploi pronominal) [10]. - ALFC 1300: Éhuns [du]; Brotte [du] (H: 36); GPSR 5: 555. - dovo prép. ‘avec’ 1. ‘(marque l’association entre des personnes), de concert avec’ [14]. 2. ‘(marque le moyen), au moyen de’ [7]. - ALFC 1367: Éhuns [ dɔvo ], mais aussi [dovo] (Vierjottes, l. 5; Sabbat, l. 5); Brotte [ dɔv(o) ] (H: 19, 56); GPSR 1: 141- 42, 143. - dvan prép. ‘dans la direction qui est en face de (qch), devant’ [11]. - ALFC 1359: Éhuns [dv-]; Brotte [ dvː ] (H: 19, 36); GPSR 5: 563-654. - è prép. 1. ‘(introduit un compl. d’obj. second désignant le destinataire d’un propos), à’ [24]. 2. Amalgamé avec l’art. déf. masc. sing. ( → lo 1 ) ô (devant cons.) Jean-Pierre Chambon 194 ‘(marque la situation dans le temps), au’ [1]. - 1. ALFC 1357: Éhuns [ ɛ ]; Brotte [ ɛ ] (H: 36); GPSR 1: 26, 27. 2. ALFC 1223: Éhuns [ oː ]; ALFC 1362: Éhuns [o]; Brotte [ oː ] (H: 18); GPSR 1: 27. - é → avoir 2. - è → è(l). - [èbèyî] verb trans. ‘frapper d’étonnement, étonner’ part. passé (au masc. plur.) èbèyî [10]. - ALFC 1168: Éhuns [ ɛbɛji ] ‘(il est) ébahi’; cf. Dondaine 2002b: 165; Brotte [ ɛːbɛjiː ] ‘ébahir’ (H: 36); GPSR 6: 15-16. - èfâr subst. fém. (? ) ‘ensemble de faits créant une situation conflictuelle où divers intérêts sont aux prises, affaire’ [27]. - GPSR 1: 147. - è(l) pron. pers. masc. suj. inaccentué P3 et P6 ‘il; ils’ (devant voy.) èl [14 et 27 (P6)]; (devant cons.) è [24 (P3); 11 et 16 (P6)]. → li, lo 2 - ALFC 1248, 1252: Éhuns (devant voy.) [ ɛl ], (devant cons.) [ ɛ ]; Brotte (devant voy.) [ ɛl ], (devant cons.) [ ɛ ] (H: 18). - [èmôdyâ] verbe trans. ‘avoir la disposition de (qch) comme locataire d’un bien appartenant à autrui, prendre à bail, louer’ part. passé (au masc. sing.) èmôdyâ [23]. - ALFC 1209: Éhuns [ ɛmoːɟjaː ] ‘louer (une ferme)’; Dondaine 2002b: 9; Brotte [ ɛmoːɟaː ] ‘amodier’ (H: 38); GPSR 1: 353-54. - èprè adv. de temps ‘(exprime la postériorité dans le temps), plus tard, après’ [22]. - Éhuns [ ɛpreː ] adv. (Sabbat, l. 14; cf. encore ALFC 1368 et Vierjottes, l. 3 [prép.]); Brotte [ ɛprɛː ] adv. (H: 38); GPSR 1: 538, 542-43. - èprè-médi subst. masc. (? ) ‘partie de la journée qui va de midi jusqu’au soir, après-midi’. - ALFC 134: Éhuns [ ɛpreː meːdi ]; GPSR 1: 546. - èran → avoir 1. - [èranjî] verbe trans. ‘régler (une affaire) par un accord amiable, arranger’ part. passé (au masc. sing.) èranjî [26]. - Brotte [ ɛr-ʒiː ] (H: 39); GPSR 1: 639. - étè → être 1, 2. - [ être ] verbe intrans. 1. ‘(copule unissant un attribut au suj.)’ ind. prés. P6 son ‘sont’ [6], ind. imparf. P3 étè ‘était’ [13]. 2. ‘(suivi d’un syntagme prép., indique une situation dans le temps)’ ind. imparf. P3 étè ‘était’ [1]. 3. ‘(précédé d’un suj. pron. neutre sing. → s placé en tête de phrase, sert, en corrélation avec le pron. rel. → ké à mettre en relief le syntagme subst. encadré)’ ind. pr. P3 ô ‘est’ (le syntagme subst. est au plur.) [5]. 4. Verbe auxil. servant à former, avec le part. passé, le passé comp. des verbes intrans. → être, revenir, venir ind. pr. P3 ô [9, 17, 24]; ind. pr. P6 son [16]. 5. Part. passé supplétif ( → avoir 3) èvu ‘été’. 5.1. Auxil. du passé comp. 5.1.1. ‘(copule unissant un attribut adj. au suj.)’ [16]. 5.1.2. Substitut de aller ‘se déplacer d’un lieu à un autre’ (passé comp.) [18]. → kri. 5.2. Auxil. du passif de → èbèyî [9]. - ALFC 1378 (Éhuns [o] ‘est’, mais aussi [o ː ] ‘est’, Vierjottes, l. 5, 6, 10, 12]), 1379 (Éhuns [sõ] ‘sont’), 1463 (Éhuns [ eːtɛ ] ‘était’), 1611 (Éhuns [ ɛvy ] ‘été’), 1614*; Brotte [ oː ] ‘est’, [ s ] ‘sont’, [ eːtɛ ] ‘était’, [ ɛvy ] ‘été’ (H: 21-22; GPSR 6: 863, 864, 873, 879, 884-85, 897-98, 898-99, 901, 902. - èvè → avoir 2. - èvï → avoir 1. - èvu → être 5. Une anecdote en patois comtois (environs de Luxeuil, Haute-Saône) 195 - [ faire ] verbe trans. ‘faire’. 1. ‘entreprendre (une action en justice) contre qn, intenter’ cond. prés. P3 frè [25]. 2. (Suivi une prop. consécutive) ‘procéder de telle ou telle manière, agir (de telle sorte que)’ part. passé (au masc. sing.) fâ [15]. - ALFC 1593: (part. passé) Éhuns [ faː ]; Brotte (part. passé) [ fɑː ] (H: 40); GPSR 7: 25, 26, 78. - Fêvre nom pr. de pers. (nom de famille) ‘(nom d’un paysan des environs de Luxeuil), Faivre’ [12]. → Noré. - fey subst. fém. 1. ‘organe aérien des végétaux, ayant l’aspect d’une fine lame de couleur verte, feuille’ [2]. 2. Coll. ‘ensemble des feuilles d’un arbre’ [7]. - ALFC 519: Éhuns [føj]; GPSR 7: 366-67, 368-69. - [feyî] verbe intrans. ‘se garnir de feuilles (d’un arbre), feuiller’ ind. prés. P6 feyan [4]. - GPSR 7: 372; FEW 3: 680b, folium: Montbél. - fwèr subst. fém. ‘grand marché public qui a lieu à des dates et en des lieux fixes, foire’ [18]. - ALFC 112: Éhuns [fwær]; Brotte [ fwɛr ] (H: 42); GPSR 7: 605-07. - granj subst. fém. ‘bâtiment clos servant à abriter les récoltes, grange’ [14, 16]. - ALFC 884: Éhuns [ gr-ʒ ]. - ï art. indéf. masc. sing. (devant cons.) ‘un’ [8, 13, 21, 25]. → dê. - ALFC 1225: Éhuns [ ĩ ]; Brotte [ ĩ ] (H: 18, 45). - jan subst. masc. plur. Précédé de l’art. déf. ds lê jan ‘les gens’. 1. ‘la masse de la population, le public’ [3, 28]. 2. (Suivi d’un compl. désignant un lieu) ‘les habitants (de tel lieu)’ [9]. 3. Ds to lê jan loc. indéf. (suivi d’un compl. désignant un lieu) ‘la totalité sans exception des gens (de tel lieu), tous les gens’ [20]. → to 1 . - Éhuns: [ læ ʒ- ] (Vierjottes, l. 4, 9-10; Sabbat, l. 1, masc. assuré), [ læ ʒ- di vilɛʒ ] (Vierjottes, l. 3); Brotte [ lɛ ʒ- ] pl. (genre ? ) ‘le public’ («usuel», H: 45); GPSR 8: 258, 260-62, 263. - jûn [ ʒyːn ] adj. qual. (au fém. plur.) ‘qui n’a pas encore atteint son développement complet (d’un élément végétal)’ [2, 7]. - ALFC 1075*: Éhuns [ ʒyn ], mais aussi [ ʒyːn ] (Vierjottes, l. 7, 9; Sabbat, l. 4); Brotte [ ʒyːn ] (H: 46). - jwé subst. masc. (au plur.) ‘période de vingt-quatre heures (unité de temps indiquant la durée), jour’ [22]. - Dondaine 1972: 314: Éhuns [ ʒwe ] (aussi Sabbat, l. 8, 13); Brotte [ ʒwe ] (H: 46). - k → chu 2, k(é) 1 , k(é) 2 . - kankwêj subst. fém. ‘insecte coléoptère d’assez grosse taille, généralement brun roux, hanneton’ [4]. - ALFC 800: Éhuns [ k-kwaːdʒ ]; Dondaine 2002b: 284; Brotte [ k-kwɑːdʒ ] (H: 47). - k(é) 1 conj. de sub. ‘que’. 1. ‘(introduit une prop. sub. complétive)’ (après voy., devant cons.) k [3], (après cons., devant cons.) ké [26]. 2. Ds des loc. conj. → chu ... k [15]; → chu bï k [27]; → ochutô ké [17]. - Éhuns (après voy., devant cons.) [ke] (Sabbat, l. 4), (après voy., devant voy.) k (Sabbat, l. 3, 5, 9); Brotte: [ke] (H: 47). - k(é) 2 pron. rel. suj. (sing. et plur.) ‘qui’ (après cons. et devant cons.; après voy. et devant une suite de trois cons., ou après voy., devant cons.) ké [5, 10, 25]; (après pause, devant voy.) k [13]. - ALFC 1268*: Éhuns [ke], aussi (après voy. et devant voy.) [k] (Sabbat, l. 4); Brotte: (devant cons.) [ke] et [k], (devant voy.) [k] (H: 18, 47). Jean-Pierre Chambon 196 - kèt adj. numéral cardinal (devant cons.) ‘trois plus un, quatre’ [22]. - ALFC 1301: Éhuns [ kɛtr ], (devant cons.) [ ˈkɛtre ] (Sabbat, l. 2). - kman conj. de sub. ‘(dans une comparaison, exprime une ressemblance de manière), de la même manière que, comme’ (introduisant une prop. averbale) [11]. - Éhuns [km-] (Vierjottes, l. 6; cf. aussi ALFC 1280); Brotte [kom-] et [km-] (H: 48); GPSR 4: 188, 190. - kontan adj. qual. (au plur.) ‘dont les besoins sont satisfaits (d’un animal), content’ [6]. - GPSR 4: 267. - [koutâ] verbe trans. (emploi impers.) fig. ‘avoir des conséquences désagréables, coûter’ ds [koutâ] chî ( → chî), cond. prés. P3 koutrè [25]. - Brotte [ kuːtaː ] (H: 50); GPSR 4: 478. - kri verbe trans. ds [ aller ] kri loc. verb. ‘se rendre dans le lieu où est une personne, pour ramener (cette personne), aller chercher’ [19]. → être 5.1.2. - ALFC 1567: Éhuns [kri]; Brotte [kri] (seulement usité à l’inf.; H: 49). - l’ → lo 1 . - lè → lo 1 . - lê → lo 1 , lo 2 . - lêz → lo 1 . - li pron. pers. obj. second masc. sing. P3 ‘à lui, lui’ [24, 25]. → è(l), lo 2 . - ALFC 1261: Éhuns [li]; Brotte [li] (H: 18). - lo 1 , l(è), lê(z) art. déf. ‘le, la (l’), les’. 1. Suivi d’un nom commun: masc. sing. (devant cons.) lo [1, 17, 26]; fém. sing. (devant cons.) lè [7, 16, 18, 23]; fém. sing. (devant voy.) l’ [8, 27 (ou masc. ? )]. Plur. masc. et fém. (devant voy.): lêz [2, 3]; (devant cons.) lê [3, 4, 5, 9, 11, 14, 15, 20, 28]. 2. Suivi d’un nom pr. de pers. (prénom, pouvant être suivi d’un nom de famille) fam. (sans nuance péjorative): masc. sing. (devant cons.) lo [12, 18]. → lo 2 . 3. Formes amalgamées avec des prép.: avec → è 2 (ô ‘au’); avec dé → dê ‘des’, di ‘du’. - ALFC 1221, 1221*: Éhuns (devant cons.) [lo] ‘le’, (devant cons.) [ lɛ ] et (devant voy.) [l] ‘la’, (devant voy.) [læz] et (devant cons.) [læ] ‘les’; Brotte (devant cons.) [lo] ‘le’, (devant cons.) [ lɛ ] et (devant voy.) [l] ‘la’, (devant voy.) [ lɛːz ] et (devant cons.) [ lɛː ] ‘les’ (H: 17, 51). - lo 2 pron. pers. obj. dir. masc. sing. P3 (devant cons.) ‘le’ [19]; masc. plur. P6 (devant cons.) lê ‘les’ [19]. → è(l), li, lo 1 . - ALFC 1263: Éhuns (devant cons.) [lo] ‘le’; Brotte (devant cons.) [lo] ‘le’ (H: 18). - Lsœ nom pr. de lieu ‘petite ville du nord-est de la Haute-Saône (chef-lieu de canton), Luxeuil’ [18]. - Éhuns [ lsø ] (Sabbat, l. 7); Brotte [ lsø ] et [ lyksø ] (H: 78). - mâ conj. de coord. (en tête de phrase) ‘(introduit une idée plus ou moins contraire à celle exprimée dans la phrase précédente), mais’ [5, 21]. - ALFC 1372: Éhuns [ maː ]; Brotte [ mɑː ] (H: 51). - mâr subst. masc. ‘homme élu qui dirige une commune, maire’ [26]. - Brotte [ mɑːr ] (H: 51); La Chapelle-lès-Luxeuil mare (1906, Marchiset 2002: 41); FEW 6/ 1, major: Brotte, Châten. Une anecdote en patois comtois (environs de Luxeuil, Haute-Saône) 197 - mè subst. masc. ‘cinquième mois de l’année, mai’ [1]. - ALFC 91: Éhuns [ mɛ ]; Brotte [ mɛ ] (H: 51). - minjî verbe trans. ‘avaler (un aliment solide) pour se nourrir après (l’) avoir mâché, manger’ [5] part. passé masc. sing. minjî [21, 28]. - ALFC 982: Éhuns [ mẽʒiː ]; Brotte [ mẽʒiː ] (H: 52). - min’m adv. de manière ‘même’ → to 2 . - ALFC 1297: Éhuns [ mẽm ]; Brotte [ mːm ] (H: 19, 52). - moché subst. masc. ‘quantité plus ou moins importante d’un aliment solide, morceau’ [21]. - ALFC 332: Éhuns [ moʃe ] ([o] très fermé tendant vers [u]); Brotte [ moʃeː ] (H: 53); Baudoncourt, Citers [ moʃe ] (Passy 1896: 172-73). - môjon subst. masc. (au plur.) ‘bâtiment destiné à servir d’habitation à l’homme, maison’ [11]. - ALFC 878: Éhuns [ moːʒõ ]; Brotte [ moːʒ ] (H: 53); Baudoncourt, Citers, Raddon, Saint-Bresson Saint-Sauveur [ moːʒ ] (Passy (1891-92: 141; 1896: 172, 173). - Monsyœ subst. masc. (suivi d’un nom de famille) ‘(titre de respect donné à un notable), Monsieur’ [22]. - mwè subst. masc. ‘chacune des douze divisions de l’année civile, mois’ [1]. - ALFC 89*: Éhuns [mwæ]; Brotte [ mwɛ ] (H: 55). - mwèyï subst. masc. ds [ avoir ] mwèyï loc. verb. (suivi de → d(é) + inf.) ‘avoir la possibilité de, avoir le moyen de’ [4]. - Brotte [ ɛvwɛ mwɛjĩ ] au sens d’‘être dans l’aisance’ (H: 51); FEW 6/ 1: 585b, medianus: mfr. frm. avoir moyen de ‘avoir la possibilité de’ (DuVair - 1639), Montbél. n’a moyin ‘il n’est pas possible’. - Noré (lo) nom pr. de pers. (prénom d’homme) ‘(forme aphérésée ou mécoupée de Honoré)’ [12, 18, 24]. → Fêvre. - ô → è. - ô → être 3, 4. - ochutô adv. ds ochutô k (devant cons.) loc. conj. ‘immédiatement après que, aussitôt que’ [17]. - GPSR 2: 117; FEW 13/ 2: 120a, tostus: (adv.) Melisey, Châten. Courtelary. - [ ouvrir ] verbe trans. ‘disposer (une porte) en déplaçant son élément mobile, de manière à mettre en communication l’extérieur et l’intérieur, ouvrir’ ind. passé simple P3 ouvri [13]. - ALFC 1466*: «le passé simple est complètement sorti de l’usage» (sauf chez des patoisants érudits suisses); cf. cependant Éhuns [ rɛkõti ] ‘raconta’, [ məri ] ‘mourut’ (Sabbat, l. 13, 14); Brotte: le passé simple (en [-i] P3) avait disparu avec la génération née vers 1850, mais s’entend «dans la bouche des vieilles gens de villages voisins» (H: 22). - ou conj. de coord. ‘(unit deux adj. numéraux pour exprimer une évaluation approximative), ou’ [21]. - ALFC 1371*: Éhuns [u]. - po prép. (+ inf.) ‘(marque le but), dans l’intention de, afin de pouvoir, pour’ [19, 24]. - Éhuns [po] (Vierjottes, l. 2, 11, 11; Sabbat, l. 6); Brotte [po] (H: 51). Jean-Pierre Chambon 198 - [ pouvoir ] verbe trans. (+ inf.) ‘avoir la possibilité de (en raison des circonstances), pouvoir’ ind. pr. P6 pwèyan ‘peuvent’ [6]. - ALFC 1436: Éhuns [ pwæj- ]; cf. Brotte (inf.) [ pwɛjɛ ] (H: 60). - prijné adj. qual. (au masc. plur.) par analogie ‘enfermé dans un lieu clos (d’un animal)’ [16]. - Brotte [ priʒneː ] (H: 51); FEW 9: 355a: Gruey, Brotte, Montbél. - [promnâ (s)] verbe pron. par analogie ‘circuler, déambuler (d’un animal), se promener’ ind. imparf. P6 s promnï [10]. - FEW 6/ 2: minare: Pierrec. Montbél. - prôsè subst masc. ‘action de soumettre un litige à un tribunal, procès’ [25]. - FEW 9: 411b, processus: sans attestation comtoise. - pwêtch subst. fém. ‘ouverture munie d’un élément mobile aménagée dans un mur pour permettre le passage, porte’ [13]. - ALFC 900: Éhuns [ pwæʧ ]; Dondaine 1972: 127, 128; Brotte [ poːʧ ] (H: 58); Passy 1891-92: 140; Passy 1896: 172-73. - pwèyan → pouvoir. - [rantrâ] verbe intrans. ‘pénétrer dans (un lieu), entrer, (pop.) rentrer’ part. passé (au masc. plur.) rantrâ [15] (conjugué avec avoir). - FEW 4: 776a, intrare: sans attestation franc-comtoise; TLF: frm. depuis 1690. - [ revenir ] verbe intrans. ‘faire retour à son point de départ, revenir, rentrer’ part. passé (au m. sg.) rvénu (conjugué avec être) [17]. → venir. - FEW 10: 350b, revenire: Autet, Pierrec. Châten. Aj. - roublar subst. masc. péj. ‘homme astucieux et rusé, roublard’ [13]. - TLF et FEW 20: 44a, rubl’: frm. roublard (depuis 1864). - s 1 pron. dém. neutre (devant voy.) (suj. du verbe être, suivi du pron. relatif → ké) ‘met en relief le syntagme subst. ainsi encadré, ce’ [5]. → être 3 - Éhuns (devant voy.) [s] (Vierjottes, l. 5, 12; cf. ALFC 1244*); Brotte (devant voy.) [s] (H: 18); GPSR 3: 162, 164. - s 2 pron. pers. réfléchi (après voy., devant cons.) ‘(marque la voix pronominale), se’ [6, 10]. → promnâ, soulâ. - ALFC 126: (devant cons.) Éhuns [s]; Brotte (devant voy.) [s], (devant cons.) [se] (H: 18). - san’mdi s. m. ‘sixième jour de la semaine, succédant au vendredi, samedi’ [8]. - ALFC 99: Éhuns [s-mdi]; Brotte [s-mdi] (H: 65). - sè adj. poss. fém. sing. P3 ‘sa’ [13]. - ALFC 1227*: Éhuns [ sɛ ]; Brotte [ sɛ ] (H: 18, 65). - sin’nyî verbe trans. ‘tuer (un animal, ici un chevreuil) en le privant de son sang, par égorgement, saigner’ [19]. - ALFC 2, Compl. CXX: Ø Éhuns; Brotte [ sːɲiː ] (H: 66). - son → être 1, 4. - sou adj. qual. (au plur.) ‘qui a trop bu, saoûl’ [12]. - ALF 354*: → Éhuns; Brotte [su] (H: 67); - soulâ (s) verbe pron. réfl. ‘se rassasier de nourriture (d’un animal), (vieilli) se soûler’ [6]. - Cf. ALFC 354: Éhuns [ s sulaː ] ‘se soûler’; Brotte [ soːlaː ] ‘rassasier’ et [ sulaː ] (H: 66). Une anecdote en patois comtois (environs de Luxeuil, Haute-Saône) 199 - to 1 adj. indéf. masc. (au pl.) ‘tous’. → jan 3. - Éhuns [to] (Vierjottes, l. 11; cf. ALFC 1295); Brotte [to] (H: 68). - to 2 adv. ds to d min’m loc. adv. ‘en dépit de telle situation, malgré tout, tout de même’ [28]. → min’m. - Éhuns [to] adv. (Sabbat, l. 8); FEW 4: 808a, ipse: sans attestation franc-comtoise; TLF: frm. tout de même (depuis 1831). - [tranzijî] verbe intrans. ‘faire des concessions réciproques afin de mettre fin à un litige sans intervention de la justice, transiger’ part. passé (au masc. sing.) tranzijî [27]. - FEW 13/ 2: 206a, transigere: sans attestation franc-comtoise. - [trêtlâ] verbe intrans. ‘chanceler sur ses pattes (d’un animal), tituber’ ind. imparf. P6 trêtlï [11]. - ALFC 355: Éhuns [ tretɛl ] ‘(il) titube’; Dondaine 2002b: 529; Brotte (inf.) [ trɛːtlaː ] (H: 70). - trwè adj. numéral cardinal ‘deux plus un, trois’ [21]. - ALFC 1301: Éhuns [trwa]; Brotte [ troː ] (H: 70). - vilèj subst. masc. ‘agglomération rurale généralement assez importante pour former une unité administrative et avoir une vie propre, village’ [9, 20]. - ALFC 237: Éhuns [ vilɛʒ ]; Brotte [ vilɛʒ ] (H: 72). - vlè verbe défectif unipersonnel (suivi d’une prop. sub. complétive) ‘(situe un événement dans une succession), voilà’ [3]. - Éhuns [ vlɛ ] (Sabbat, l. 9); Brotte [ vwɛlɛ ] (H: 73-74). - [ venir ] verbe intrans. ‘se déplacer dans la direction d’un lieu, venir’ part. passé (au masc. sing.) vnu [24] (conjugué avec → être). → revenir. - ALFC 1613: Éhuns [vny] (conjugué avec être ou avec avoir); Brotte [vny] et [veny] (H: 24). - vwèr verbe trans. (le COD est suivi d’une prop. relative) ‘être le témoin visuel de (un événement), voir’ [10]. - ALFC 1574: Éhuns [vwæ]; Brotte [ voːr ] (H: 24, 73). - vwèzï subst. masc. (au plur.) ‘personne qui habite au plus près de qn, voisin’ [14]. - Cf. Dondaine 1972: 275; Brotte [ vwɛzĩ ] (H: 74). Paris Jean-Pierre Chambon Bibliographie ALFC = C. Dondaine/ L. Dondaine 1972-91: Atlas linguistique et ethnographique de la Franche- Comté, 4 vol., Paris Barrey, G.-L. 1978: Glossaire du patois de la vallée du Breuchin, Belfort Chambon, J.-P. 2012: «Colette Dondaine (1921-2012)», Nouvelle Revue d’Onomastique 54: 353-54 Chambon, J.-P. à paraître: «Un texte oral en parler comtois de Magnoncourt (Haute-Saône) recueilli par Colette Dondaine en 1939», RLiR Desgranges, B. 1988: Luxeuil et la vallée du Breuchin. Évolution industrielle du XIII e siècle à nos jours, Luxeuil Dondaine, C. 1972: Les parlers comtois d’oïl. Étude phonétique, Paris Dondaine, C. 1977: «Présentation du I er volume de l’Atlas linguistique et ethnographique de la Franche-Comté», in: Actes du 90 e Congrès national des sociétés savantes. Besançon, 1974, vol. 2, Paris: 125-33 Jean-Pierre Chambon 200 Dondaine, C. 1981: «Dictons et plaisanteries stéréotypées», in: F. Cheval/ J.-M. Debard/ C. Dondaine et al., La tradition franc-comtoise. Arts populaires. Dictons. Histoire de recherches, Wettolsheim: 90-124 Dondaine, C. 1991: «Les pronoms personnels de la 3 e personne», in: D. Kremer (ed.), Actes du XVIII e Congrès international de linguistique et de philologie romanes. Université de Trèves (Trier) 1986, vol. 2: 614-24 Dondaine, C. 2002a: «Linguistique ...», Barbizier. Revue régionale d’ethnologie comtoise 26 («Hommage à l’abbé Jean Garneret»): 105-09 Dondaine, C. 2002b: Trésor étymologique des mots de la Franche-Comté d’après l’Atlas linguistique et ethnographique de la Franche-Comté, Strasbourg DondaineEnq = matériaux inédits réunis par Colette Dondaine en 1939-40 en vue de son diplôme d’études supérieures (perdu), soutenu en Sorbonne en 1940 et intitulé Recherches sur une frontière dialectale entre les Vosges et la Haute-Saône [matériaux en notre possession] FEW = Wartburg, W. von 1922-2002: Französisches Etymologisches Wörterbuch. Eine darstellung des galloromanischen sprachschatzes, 25 vol., Leipzig/ Bonn/ Bâle Gaiffe, M. 2013: «Les parlers comtois: Colette Dondaine», Barbizier. Revue régionale d’ethnologie comtoise 37: 232-36 Garneret, J. 1959: Un village comtois, Lantenne, ses coutumes, son patois, Paris GPSR = Glossaire des patois de la Suisse romande, fondé par L. Gauchat, J. Jeanjaquet, E.Tappolet, Neuchâtel/ Paris/ Genève, 1924- H = Humbert 1939 Humbert, J. 1939: Glossaire du patois de Brotte-lez-Luxeuil, Paris Jouslin, R. 2010-11: «Extraits des cahiers du père Barrey», Bulletin de la Société d’archéologie et d’histoire de l’arrondissement de Lure 29: 111-20; 30: 117-28 Lassus, F. 2012: «‹Piqu’avant Conflans›. L’équipage de Charles Demandre (1805-1875) et les portraits des chasseurs par Faustin Besson», in: R.Abrille/ F. Lassus/ P. Feuvrier et al., Les Chasses de Monsieur Courbet [catalogue de l’exposition d’Ornans, 24 novembre 2012-25 février 2013], Ornans/ Besançon Longchamps, C. 1852-56: «Glanures. Notes étymologiques et statistiques sur les communes de la Haute-Saône», Journal de la Haute-Saône, passim Marchiset, M. 2002: Un petit village comtois. La Chapelle-lès-Luxeuil, Ahuy Passy, P. 1891-92: «Notes sur quelques patois vosgiens», Revue de philologie française et provençale 5: 241-56; 6: 1-16, 129-50 Passy, P. 1896: «Notes sur quelques patois comtois», Revue de philologie française et provençale 10: 1-16, 161-76 Roques, G. 2013: «Colette Dondaine (1921-2012)», RLiR 77: 315-16 Simonsen, M. 1981: Le conte populaire français, Paris Sonet, P. R. (ed.) 2005: Dictionnaire biographique de la Haute-Saône, 2 vol., Vesoul Thiébaud, J. 1982: Histoire d’un village comtois. Sainte-Marie-en-Chaux (Haute-Saône), Besançon/ Sainte-Marie-en-Chaux TLF = Trésor de la langue française, 16 vol., Paris 1971-94