eJournals Vox Romanica 75/1

Vox Romanica
vox
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2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2016
751 Kristol De Stefani

Giuseppe Di Stefano, Nouveau dictionnaire historique des locutions. Ancien Français – Moyen Français – Renaissance, 2 vol. (A‑K, L‑Z), Turnhout (Brepols) 2015, 1855 p.

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2016
Maria  Colombo Timelli
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Besprechungen - Comptes rendus 285 1 Quelques titres seulement: Galien le Restoré en prose, ed. H.-E. Keller et N. L. Kaltenbach, Paris 1998; le Roman de Guillaume d’Orange, ed. M.Tyssens, N. Henrard et L. Gemenne, 3 vol., Paris 2000-06; Jean Wauquelin, La belle Hélène de Constantinople, ed. M.-Cl. de Crécy, Genève 2002; Messire Gilles de Chin (en prose), ed. A.-M. Liétard-Rouzé, Villeneuve d’Ascq 2010; Le roman de Gillion de Trazegnies, ed. S.Vincent, Turnhout 2010; La Fleur des batailles Doolin de Maience, ed. M.-J. Pinvidic, Paris 2011; Histoire de Gérard de Nevers en prose, ed. M. Marchal, Villeneuve d’Ascq 2013. correttori di bozze) e di cui gli autori sono scusati. Qua e là gli esempi non sono stati tradotti, anche in casi tutt’altro che evidenti (come per es. alle p. 241-42). Nonostante i problemi notati, il Manuale offre un quadro ampio e ben informato degli studi sul friulano, nonché un’ottima e approfondita introduzione alla storia linguistica, alla descrizione sincronica e alla situazione sociolinguistica e giuridica (oltre che alla normalizzazione e pianificazione) di questa lingua minore. Giampaolo Salvi Galloromania Giuseppe Di Stefano, Nouveau dictionnaire historique des locutions. Ancien Français - Moyen Français - Renaissance, 2 vol. (A-K, L-Z), Turnhout (Brepols) 2015, 1855 p. Ce dictionnaire est l’œuvre d’une vie de chercheur: après le Dictionnaire des locutions en moyen français (Montréal, 1991) et sa version réduite Toutes les herbes de la Saint-Jean. Les locutions en moyen français (avec Rose M. Bidler, Montréal, 1992), Giuseppe Di Stefano achève et complète son répertoire en l’élargissant en amont, vers l’ancienne langue, et en aval, vers ce français «de la Renaissance» que l’on hésite toujours à considérer comme un état de langue à part. Il est vrai que ni l’ancien français ni le français du XVI e siècle n’étaient entièrement absents dans le répertoire de 1991: on n’a qu’à parcourir la bibliographie finale pour y déceler des titres comme le Roman de la Rose ou le Roman de Renart d’une part, les Contes amoureux de Jeanne Flore ou les pièces de Jacques Grévin de l’autre; mais il est tout aussi vrai que cette nouvelle entreprise intègre systématiquement les œuvres françaises allant des origines aux dictionnaires de la langue classique (Oudin, Richelet et Furetière ont aussi été exploités, outre les dictionnaires historiques modernes). Quelques données quantitatives donneront une idée de l’enrichissement opéré: la bibliographie, qui comptait plus de 600 titres en 1991, en dénombre maintenant plus de 1000; les retombées à l’intérieur du Dictionnaire sont tout aussi voyantes, comme le montrerait n’importe quel sondage: pour la lettre Q, on passe par exemple de 42 entrées à 75; pour l’entrée Nature de 32 «locutions» à 68. Malheureusement - tout comme dans l’édition de 1991 - les textes n’étant pas datés, ne fût-ce qu’approximativement, il revient au lecteur de situer dans le temps les citations, souvent nombreuses, parfois uniques, proposées dans les articles. Toujours au sujet de la bibliographie, notamment pour la section «moyen français», on comprend bien que Di Stefano n’ait pas refait le dépouillement sur la base des nouvelles éditions critiques parues ces 25 dernières années: on peut cependant le regretter, car celles-ci sont nombreuses et la cueillette en aurait été sans doute enrichie 1 . La Préface, aussi parcimonieuse que le répertoire est riche (une vingtaine de lignes), met néanmoins l’accent sur trois questions fondamentales: la nécessité de ne pas considérer les catégories historiques comme étanches, et par ricochet l’inévitable continuité linguistique, la difficulté terminologique, résolue ici comme en 1991 par le mot «locution», et surtout la Besprechungen - Comptes rendus 286 question épineuse de la «variance» de ce qui est devenu «figé» après le XVII e siècle. C’est ce dernier aspect surtout - sur lequel Giuseppe Di Stefano est revenu à maintes reprises, récemment encore dans Le moyen français 71 (2012): 126-28 - qui caractérise l’ancienne langue et qui pose souvent problème aux chercheurs d’aujourd’hui, lorsque, partis à la chasse d’une locution précise, relevée dans un texte dont il faut par exemple établir le glossaire, ils se doivent d’imaginer sous quelles autres formes (lexicales, morphologiques, syntaxiques) «leur» locution peut avoir existé en ancien ou en moyen français et par conséquent avoir été classée et lemmatisée dans le NDHL. En effet, celui-ci, tout comme celui de 1991, gagne à être consulté avec beaucoup de calme, de temps et surtout de curiosité: ce n’est souvent qu’au prix de longues promenades - des plus agréables quelquefois - que l’on parvient à retrouver le syntagme recherché. Dans les lignes qui suivent, nous allons donner quelques exemples de ce type d’enquêtes, en essayant de souligner l’intérêt de l’œuvre dont nous rendons compte, et en même temps l’importance des pistes qu’elle ouvre aux chercheurs d’une part, à Giuseppe Di Stefano lui-même de l’autre, qui, nous en sommes sûrs, n’a pas dit le mot de la fin dans «son» domaine. La Préface ne s’exprime pas sur la structure des articles: rien n’est dit quant à la forme des lemmes en entrée (graphie modernisée si le mot subsiste, une des graphies anciennes attestées si le mot a disparu), quant à l’ordre de présentation des locutions (locutions prépositives d’abord, puis verbales selon l’ordre alphabétique des verbes, puis proverbes, dont il m’a été impossible de comprendre la disposition) et des citations (sans doute l’ordre chronologique des œuvres, même si, comme on l’a dit, cela peut n’être pas aisé pour des textes peu ou mal connus); dans quelques cas, la même «locution» revient à quelques lignes de distance, gardant peut-être la trace d’ajouts faits au fur et à mesure que le corpus gagnait en ampleur ; un seul exemple: s. faire, on lit p. 649c «Ce qui est fait est fait, ce qui est faict, ne se peut deffaire», avec de nombreux renvois allant de Christine de Pizan au Moyen de parvenir de Béroalde de Verville; mais on n’aura qu’à tourner la page pour découvrir, p. 650b, après les entrées «Ce qui est fait, est advenu», «J’ay faict ce que j’ay faict», «Tel avez fet, tel trovereiz», sémantiquement proches, mais aussi après six autres locutions qui nous paraissent plus éloignées («Ce que l’un fait l’autre despiece», «Fay tost si tu fais», «Se faire fort de qqch», «Faire en faisant», «Laisser faire», «Cil fait bien qui faire fait»), «Quant est faict, c’est faict», et encore, deux entrées plus loin («Il vault mieulx mal faire, que ne faire rien», «Mal fait qui ne parfait»): «Chou qui fait est ne puet estre autrement» et «Ce qui est ja fait n’est pas a recommencer». Parfois on regrette - c’était également le cas dans l’édition de 1991 - l’absence de traduction: s’il est vrai que le DMF lui-même renonce ou évite ci et là d’offrir des gloses en français moderne, cette lacune peut créer des difficultés aux lecteurs moins rompus aux difficultés de l’ancienne langue; là encore, un seul exemple tiré de la même entrée faire: p. 651b, vers la fin de l’article, on lit: «Facet, tout comme Donat, engendre un jeu de mot de goliards», avec renvoi à Gargantua XIV. Il s’agit évidemment de l’allusion à deux des manuels scolaires les plus répandus à l’époque de Rabelais, dont le XVI e siècle avait hérité du Moyen Âge: le Facetus, recueil de préceptes en vers diffusés tant en latin qu’en français, et l’Ars minor de Donat, également connu dans les deux langues; Rabelais les a cités l’un à côté de l’autre dans un passage célèbre où il se moque de l’instruction désuète fournie à son héros et du temps nécessaire pour qu’il s’en empare: «un grand docteur sophiste ... luy aprint sa charte si bien qu’il la disoit par cueur au rebours et y fut cinq ans et troys mois, puis luy leut Donat, le Facet, Theodolet et Alanus in parabolis: et y fut treze ans six moys et deux sepmaines» (ed. M. Huchon, Paris 1994, chapitre XIV, 43). Le «jeu de mot de goliard» auquel pense Di Stefano n’est tout de même pas éclairci, me semble-t-il, dans le passage de Rabelais. Quelques œuvres, pourtant présentes dans la bibliographie, n’ont pas été exploitées en entier: il en va ainsi pour les Proverbes moraux de Christine de Pizan, que Giuseppe Di Stefano connaît bien, ne fût-ce que parce que l’édition critique, fondée sur un manuscrit Besprechungen - Comptes rendus 287 2 «Courtois parler refraint souvent grant ire Car moult attrait les cuers dulcement dire [lire: d’ire]», parler, p. 1271c. autographe, lui a été offerte par Gilbert Ouy et Christiane M. Reno (Mélanges Di Stefano, Montréal 2004: 557-72); sauf exception 2 , seuls les distiques de Christine qui se lisent dans la Geste de Monglane en prose (XV e siècle) ont été répertoriés (par ex.: «Qui ne se puet d’un mauvais pas garder, au mains s’en doit mettre hors sans tarder», pas, p. 1294b; «Peu de chose moult [lire: meult] grant debat souvent, Petite pluie aussi abat grant vent», pluie, p. 1390a; «Prudence aprent l’omme a vivre en raison, la ou elle est eureuse est la maison», prudence, p. 1457c; «Le temps perdu ne puet on recouvrer (pour ce, tandis qu’on l’a doit l’en ouvrer)», temps, 1670a). La question se pose alors: est-ce que le critère de sélection retenu est celui devenu classique d’Elisabeth Schulze-Busacker (Proverbes et expressions proverbiales dans la littérature narrative du Moyen Âge français, Paris 1985, 16), à savoir la présence des proverbes et dans un recueil et dans un texte? Si tel est le cas, on pourrait maintenant intégrer bien d’autres Proverbes de Christine, puisque l’auteur anonyme de Beuve de Hantone en prose en a enchâssé une bonne trentaine dans son récit (Maria Colombo Timelli, Romania 134 (2016): 204-24). De ce qui est dit ci-dessus découle inévitablement le souhait d’une édition électronique de ce très précieux Nouveau Dictionnaire Historique des Locutions, qui portera(it) secours aux lecteurs moins expérimentés que Giuseppe Di Stefano - la plupart des usagers de ce précieux outil, sans doute -, perdus entre les variantes d’un même noyau sémantique, d’autre part d’enrichir au fur et à mesure ce qui pourrait devenir une véritable base de données. S’il est certain que Di Stefano a dépouillé la très grande majorité des œuvres françaises élaborées des origines à 1600, il est tout aussi vrai que, tout comme le spectacle, la recherche continue, en permettant de découvrir voire d’éditer de nouveaux textes ou de nouveaux témoins: il en ira bientôt ainsi pour Beuve de Hantone en prose, dont le ms. B.N.f.fr. 12554 recèle, entre bien d’autres, la locution disner à la perre de baally, qui ne semble pas se trouver dans le Nouveau Dictionnaire car seul le texte publié par Antoine Vérard - qui a supprimé cette locution - était jusqu’à maintenant disponible (édition M.M. Ival, Aix-en-Provence, 1984). Maria Colombo Timelli H Frédéric Duval, Les mots de l’édition de textes, Paris (École nationale des chartes) 2015, 287 p. (Les manuels de l’École des chartes 2) L’idée de ce livre naît principalement de l’exigence de faire le point sur un vocabulaire dont la diversité reflète des approches et des méthodes, si ce n’est des traditions nationales ou culturelles, différentes, mais qui recouvre des réalités souvent fort proches. Ce qui peut apparaître comme une difficulté, surtout aux yeux de l’éditeur en herbe, constitue de fait la richesse d’un dictionnaire qui manquait jusqu’à présent, et qui propose, dans de véritables articles, une terminologie riche et variée, dont les définitions s’appuient sur une bibliographie internationale importante. Les objectifs sont clairement exposés par F. D. Il s’agit d’abord d’offrir aux débutants «un accès aisé et rapide aux principales notions de l’édition de textes» (7); la présentation d’une terminologie diversifiée, mais dont les objets peuvent coïncider, provoquera chez le lecteur plus expérimenté la confrontation des approches et sans doute aussi une réflexion renouvelée sur ses propres habitudes; enfin, et F. D. a bien fait de le souligner, son lexique n’est pas un manuel d’ecdotique (9).