eJournals Vox Romanica 75/1

Vox Romanica
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Francke Verlag Tübingen
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2016
751 Kristol De Stefani

Guiron le Courtois. Roman arthurien en prose du XIIIe siècle, édité par Venceslas Bubenicek, Berlin / Boston (De Gruyter) 2015, xx + 1278 p. (Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie 363)

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Yan  Greub
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Besprechungen - Comptes rendus 307 1 Les Aventures des Bruns, compilazione guironiana del secolo XIII attribuibile a Rustichello da Pisa, edizione critica a cura di C. Lagomarsini, Firenze 2014; Lais, épîtres et épigraphes en vers dans le cycle de Guiron le Courtois, édition critique par C. Lagomarsini, Paris 2015; N. Morato, «Un nuovo frammento del Guiron le Courtois. L’incipit del ms. BnF, fr. 350 e la sua consistenza testuale», Medioevo romanzo 31 (2007): 241-85. 2 S.Albert, «Ensemble ou par pieces? ». Guiron le Courtois (XIII e -XV e siècles), la cohérence en question, Paris 2010; N. Morato, Il Ciclo di «Guiron le Courtois», strutture e testi nella tradizione manoscritta, Firenze 2010; B.Wahlen, L’Écriture à rebours. Le Roman de Meliadus du XIII e au XVIII e siècle, Genève 2010. Voir aussi R.Trachsler, «Nouvelles recherches sur Guiron le Courtois. À propos de trois livres récents», R 132 (2014): 227-45; C. Lagomarsini, «Romans, manuscrits, structures cycliques. Repenser Guiron le courtois», Acta fabula 12 (2011), en ligne à l’adresse http: / / www. fabula.org/ revue/ document6227.php. 3 On atteindra la bibliographie récente par L. Leonardi/ R.Trachsler, «L’édition critique des romans en prose: le cas de Guiron le courtois», in: D.Trotter (éd.), Manuel de la philologie de l’édition, Berlin/ Boston 2015: 44-80 et C. Lagomarsini, «Le cas du compilateur compilé: une œuvre inconnue de Rusticien de Pise et la réception de Guiron le Courtois», Journal of the International Arthurian Society 2 (2016): 55-71. 4 Qui était le directeur de la thèse. 5 En réalité, comme nous l’indiquerons ci-dessous, c’est l’édition proprement dite qui correspond exactement à la publication de la thèse; l’introduction a été passablement remaniée. L’edizione di L. ci consegna in conclusione una nuova, e importante, tappa dell’evoluzione multiforme e varia che il genere narrativo arturiano in prosa subì nella penisola, in un incessante commercio tra testimonianze antiche prodotte in Italia, archetipi ricostruiti e altre prose più recenti che furono oggetto di attenzioni artistiche anche nella coeva terra di Francia. Gerardo Larghi H Guiron le Courtois. Roman arthurien en prose du XIII e siècle, édité par Venceslas Bubenicek, Berlin/ Boston (De Gruyter) 2015, xx + 1278 p. (Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie 363) 1. Guiron le courtois a longtemps été un cas frappant d’un roman reconnu comme important, mais resté inédit. La situation est en train de changer radicalement, grâce d’une part aux efforts du «groupe Guiron», qui a commencé à publier plusieurs éditions partielles 1 et va poursuivre dans cette voie, et d’autre part à Venceslas Bubenicek, qui donne ici une édition qu’on attendait depuis longtemps, puisqu’elle constitue la publication de sa thèse de doctorat de 1985. Il faut y ajouter trois thèses publiées en 2010 2 et plusieurs articles, en particulier du «groupe Guiron» 3 , qui ont abouti à une remise en cause de l’image que l’on se faisait de l’histoire de la tradition du roman et par conséquent de la configuration de l’original. On ne pouvait pas attendre de M. Bubenicek (désormais M. B.) qu’il entre en débat avec la conception qui a été nouvellement proposée, et encore moins qu’il l’accepte: cela aurait abouti à remettre fondamentalement en question les présupposés de son travail de 1985, lequel reposait sur l’opinion de Lathuillère 4 quant à l’histoire du texte, et à écrire en partie un autre livre. Le public se contentera très volontiers de voir livré à tous un travail qui était resté inédit pendant trente ans et ne s’attendra donc pas à la discussion de tous les développements critiques les plus récents 5 . Mais ce rejet de la discussion prend une forme exagérée lorsque dans l’avant-propos, daté d’octobre 2015 et qui est consacré à un panorama de l’histoire éditoriale de Guiron, M. B., dont l’information bibliographique est en général excellente, fait Besprechungen - Comptes rendus 308 6 A(2) dans l’édition de M. B. et dans ce compte rendu. 7 On doit reconnaître que la question du nom du roman (ou du cycle) est complexe, et que M. B. ne fait rien pour la simplifier. Lorsqu’il écrit, p. vii N27, «Par Roman de Meliadus, nous entendons le début du roman, réservant à sa deuxième partie la dénomination de Guiron le Courtois, conformément à la tradition médiévale et renaissante, reprises par les derniers travaux relatifs à notre œuvre ...», on se dit que tout est clair, et que cette remarque clarificatrice aurait même dû figurer ailleurs qu’en note. Mais l’éd. enchaîne immédiatement: «Par conséquent, s’il nous arrive de parler plus bas de ‹version principale, commune, de base› ou encore de ‹Guiron le Courtois›, nous désignons par là la première partie du roman, c’est-à-dire le Roman de Méliadus.» Il faut donc comprendre que puisque Guiron le Courtois est le nom «réservé» à la deuxième partie, il peut aussi bien désigner la première partie dans certains cas: on ne saurait exprimer plus nettement l’absurdité d’un usage terminologique incohérent. La fin de la note («Ces vocables semblent encore utilisés par certains chercheurs ...»), qui paraît vouloir être polémique, est dans ces circonstances absolument incompréhensible. 8 Il semble assez courant d’appeler Guiron le courtois l’ensemble du cycle et Roman de Guiron la seconde partie de celui-ci. 9 R. Lathuillère, Guiron le courtois. Étude de la tradition manuscrite et analyse critique, Genève 1966: 369. 10 M. B. publie environ la moitié du texte. Il n’indique pas nettement les raisons de cette interruption (mais il est vrai que le texte est très long), ni s’il entend terminer le travail; dans la note aux §180-83 de l’édition du ms. Ferrell 5 (1183), il est cependant fait allusion à «l’éd. du ms. 3325 à venir». 11 Sur cette deuxième partie, voir infra 13. mine d’ignorer l’existence de l’édition Lagomarsini de 2014 ou de croire que Albert 2010 et Morato 2010 ne méritent pas d’être mentionnés pour leur contribution à notre connaissance de la tradition textuelle du roman, mais seulement, anecdotiquement, à cause du nom qu’ils donnent à celui-ci (vii N27). Ici, le silence touche à la dissimulation. Le livre de M. B. est bienvenu sous plusieurs aspects: il nous offre des textes jusqu’à présent inédits (au moins en grande partie), qui se lisent d’ailleurs avec plaisir; le manuscrit Paris, Ars. 3325 6 , qui offre la base de la plus grande partie du texte édité, est parfois très effacé et de lecture difficile, si l’on en croit la reproduction photographique en ligne sur le site Gallica, et l’éditeur a fait œuvre utile et méritoire lorsqu’il en a recopié une centaine de folios; la partie de Guiron qui est éditée ici a d’ailleurs une cohérence propre dans l’ensemble du cycle, et méritait bien une publication à part. 2. Cette édition, néanmoins, s’expose à un certain nombre de critiques. Commençons par le titre, Guiron le courtois, roman arthurien en prose: ni dans la terminologie de Lathuillère, ni dans celles qui ont été proposées récemment, ni dans celle de M. B. lui-même (cf. p. v et p. vii, par exemple), le texte dont l’édition partielle occupe la majeure partie du volume ne constitue le «roman de Guiron» ou «Guiron le Courtois» 7 . Il s’agit, à l’intérieur du vaste ensemble qu’est celui-ci 8 , d’une «version particulière», dans la terminologie de Lathuillère 9 , ou d’une suite, d’après le modèle présenté dans Morato 2010, Lagomarsini 2014 ou Leonardi-Trachsler 2015, qui tend maintenant à être appelée Suite Guiron (Morato 2010: 71). Le texte a certainement son individualité, qui se marque dans la diégèse ou par le traitement du texte par la tradition manuscrite, mais il n’est qu’une partie du cycle, n’a pas pu exister sans lui (et n’existe d’ailleurs pas à l’état individuel). Le titre, par conséquent, induit en erreur. Cela d’autant plus que le rapport entre le livre vendu et le texte médiéval est, en réalité, un peu plus distant encore: si l’on regrette, tout en le comprenant, que la Suite Guiron (comme nous l’appellerons, par souci de clarté, dans les lignes qui suivent) ne soit pas publiée entièrement 10 , on voit mal la raison de l’adjonction d’une seconde partie (974-1238), contenant l’analyse et l’édition partielle d’un texte différent 11 . 3. Le travail de M. B. a attendu longtemps sa parution mais certains faits, en particulier d’organisation, sont encore trop dépendants du travail de 1985 et semblent étonnamment Besprechungen - Comptes rendus 309 12 La bibliographie contient un assez grand nombre de coquilles. 13 Il y a certes à un endroit une indication «Tom. II e », mais c’est au f° 97bis, et elle est tardive; M. B. a eu raison de ne pas en tenir compte. Cf. à ce sujet Lathuillère 1966: 37. 14 Le fait que le manuscrit F retrouve ici une rédaction commune avec A(2) semblerait pouvoir intervenir dans la discussion, mais cet argument n’est pas utilisé. 15 Ce passage semble montrer que les étapes rédactionnelles ont été nombreuses, puisqu’il ne figurait pas dans la thèse de 1985. 16 Le Roman de Tristan en prose, vol. 3, édité par R. L. Curtis, Cambridge 1985. témoigner d’une publication précipitée 12 . Ainsi, la division de la première partie du volume entre un tome I et un tome II n’a pas d’autre effet que de compliquer les renvois (les références prennent la forme «I.F.130.42»); si dans la thèse de M. B. elle correspond à un changement de volume, aucune division particulière ne se trouve dans le manuscrit à cet endroit, sauf une simple lettrine, comme celles qui marquent le début de toutes les subdivisions que M. B. a notées comme paragraphes et numérotées 13 . Si le récit se poursuit sans interruption, il connaît ici, il est vrai, une importante articulation (jusque-là, tout le mouvement du récit était orienté vers un combat judiciaire, qui vient ici d’avoir lieu), que M. B. a rapidement exposée p. 48 de son introduction (début du chapitre IX. Valeur littéraire). Mais il n’est pas sûr qu’il y avait de quoi créer une division du roman 14 , et il est certain qu’il aurait fallu, dans cette hypothèse, au moins énoncer le fait que c’est M. B. qui décidait de l’introduire. Dans ces conditions, on ne comprend pas l’utilité de la note par laquelle débute le tome II: «Pour ce qui précède immédiatement dans le ms., cf. Lathuillère (1966: §176)»: ce qui précède immédiatement dans le manuscrit se trouve dans l’édition B. à la page précédente, comme il se doit, puisque le texte est édité sans solution de continuité, et il n’y a donc pas plus besoin de renvoi au résumé de Lathuillère ici qu’au début de n’importe quel paragraphe du roman. La situation n’est pas rendue plus claire par le fait que dans sa présentation M. B. appelle «deuxième unité» la partie encore inédite, qui se trouve à la fin du manuscrit A(2) et «dernière partie» le tome II, qui se trouve donc entre la première et la deuxième. Le système de renvois n’est pas toujours univoque: p. 33, dans le renvoi à «I, §118.34», «34» renvoie à la ligne 34, tandis qu’immédiatement après, dans «118.13», «13» renvoie à la note 13. Les renvois des notes à l’introduction auraient aussi été plus faciles à utiliser si la table des matières avait donné le détail de la numérotation, très fine, de celle-ci. Un autre indice démontrant que le procès de révision n’a pas complètement abouti se trouve dans certains passages à rédaction double, dont nous ne donnons qu’un exemple, (p. 6 N) 15 , et qui concerne le prologue: «Ce texte ... est absent des manuscrits les plus anciens ... Le ms. 350 ... devait en contenir un. Il a été, en effet, retrouvé, sans doute lors de la restauration de la reliure de 350, effectuée en 1998, cf. Morato (2007: 262 N50)». Après la publication du texte par Morato en 2007, M. B. a justement ajouté une phrase à sa note; mais le modalisateur de la phrase précédente («devait en contenir un») devient du même coup superflu, puisqu’il n’y a plus à supposer un fait désormais avéré. L’auteur annonce (p. vii) que la bibliographie de sa thèse a été remise à jour en vue de la publication. Il nous a semblé que cette mise à jour était parfois superficielle: en 2015, un renvoi aux éditions existantes du Tristan en prose est plus commode qu’une référence à l’analyse de Löseth (22 N115); dans ce cas précis, il aurait dû se faire au 3 e vol. de l’édition Curtis, §794, p. 103 16 . Les renvois très fréquents à la Syntaxe de Ménard se font encore à l’édition de 1973. La bibliographie la plus récente, celle qui remonte au renouveau des études guironiennes, autour des thèses de S.Albert, B.Wahlen et N. Morato, puis de C. Lagomarsini et des travaux du «groupe Guiron», soit celle des dix dernières années, si elle est manifestement connue et parfois citée, n’est pas aussi complètement intégrée à la discussion que la bibliographie antérieure à 1985. Besprechungen - Comptes rendus 310 17 On mentionnera, à titre de complément, quelques publications récentes: N. Morato, «Poligenesi e monogenesi del macrotesto nel Roman de Meliadus», in: F. Benozzo et al. (ed.), Culture, livelli di cultura e ambienti nel Medioevo occidentale. Atti del IX Convegno della SIFR (Bologna, 5-8 ottobre 2009), Roma 2012: 729-54; M. Mancini, «Ecdotica e racconto: Meliadus, Guiron, Brehus...», Medioevo romanzo 36 (2012): 161-71; R.Trachsler, «Fatalement mouvantes: quelques observations sur les œuvres dites «cycliques»», in: M. Mikhaïlova (ed.), Mouvances et Jointures. Du manuscrit au texte médiéval. Actes du Colloque de Limoges, Orléans 2005: 135-49; C. Lagomarsini (2012), «La tradizione compilativa della Suite Guiron tra Francia e Italia: analisi dei duelli singolari», Medioevo romanzo 36 (2012): 98-127; L. Leonardi, «Il testo come ipotesi (critica del manoscritto-base)», Medioevo romanzo 35 (2011): 5-34; L. Leonardi, «Il ciclo di Guiron le Courtois: testo e tradizione manoscritta. Un progetto in corso», Studi mediolatini e volgari 57 (2011): 236-41; L. Leonardi/ N. Morato/ C. Lagomarsini/ I. Molteni, «Images d’un témoin disparu. Le manuscrit Rothschild du Guiron le Courtois», R 132 (2014): 283-352; N. Koble, «La double esquive: les univers de fiction de Guiron le courtois, constellation arthurienne en devenir», Medioevo Romanzo 36 (2012): 383-89. Il aurait aussi été utile de mentionner les comptes rendus des thèses de 2010. 18 On la cherchera donc chez Albert, Lagomarsini, Leonardi ou Morato. Par exemple, le chapitre VIII, qui parle longuement des rapports entre le manuscrit A(2), le ms. T et la compilation arthurienne du ms. B.N.f.fr. 112, aurait pu renvoyer à la discussion de Lagomarsini 2014: 32 s., qui traite aussi la question de façon détaillée. 19 «C’est ce travail, dont la bibliographie et l’apparat critique ont été remis à jour, que nous présentons aujourd’hui au public», vii. 20 «Nous désignons par ‹la version de base›, les deux premiers volets de Guiron le Courtois, les romans de Meliadus et de Guiron à proprement dire. Cf. Albert 2010: 16 N20 et passim.» Mais ces quelques retards ne changent pas l’impression générale: la bibliographie utilisée et citée est très riche et maîtrisée 17 . On regrette un peu cependant que la discussion de celle-ci soit absente 18 . 4. Cependant, si M. B. écrit que la première partie du volume est la publication de sa thèse de 1985 19 , il n’indique pas clairement qu’elle a aussi bénéficié des travaux qui ont paru depuis. Plusieurs chapitres de l’Introduction, en effet, sont nouveaux par rapport à la thèse et ont donc pu s’appuyer sur la bibliographie subséquente. Un des quelques points changés dans le chapitre IX (Valeur littéraire) est le remplacement du concept de «version principale» par celui de «version de base»; mais le bref renvoi («cf.») de la N291, p. 64 20 , à la thèse de S.Albert ne marque pas bien que l’idée de deux volets d’abord séparés avant d’être complétés et reliés, d’une version qui sera la base de réécritures, n’était pas présente dans ses travaux avant la parution du livre de S. Albert et de la démonstration de N. Morato 2010. C’est Mme Albert aussi qui parle de la version de l’Arsenal comme d’«un troisième ‹roman›, à côté du Roman de Meliadus et du Roman de Guiron» (Albert 2010: 23), une formule qui ressemble beaucoup à celle de M. B. lorsqu’il décrit cette version comme «une véritable ‹troisième branche› du roman» (vii). Il est vrai qu’il réclame la priorité: au moment où il introduit cette formule, il renvoie (N26) au chapitre V (Une hypothèse nouvelle sur la genèse de l’œuvre), et précise qu’il l’aurait écrit en 1997. On veut bien le croire, mais il se trouve que cette idée a d’abord été exprimée publiquement par d’autres, de façon très détaillée et argumentée, et qu’il est donc contraire aux usages de ne pas indiquer que l’hypothèse «nouvelle» qui est proposée l’a déjà été, sous une forme proche ou identique. La discrétion de M. B., si elle l’empêche de citer les noms de ses devanciers, lui interdit aussi de discuter leurs travaux: nous aurions souhaité voir une discussion explicite des positions existantes lorsque l’éditeur affirme que «lors de la confection du volume de l’Arsenal (1250-75), la rédaction de Guiron à proprement parler n’en serait qu’à ses débuts» (25). Besprechungen - Comptes rendus 311 21 Lorsque M. B. écrit que les quatre exemplaires de notre roman mentionnés par le recensement de la bibliothèque Gonzague en 1407 sont «non identifiés par la critique jusqu’alors» (31), nous ne le comprenons pas: ces manuscrits sont bien cités par Lathuillère 1966: 94 et étaient déjà connus par Novati. 22 B.Wahlen, «Du recueil à la compilation: le manuscrit de Guiron le Courtois, Paris, BNF fr. 358- 363», in: Texte et image, collection «Ateliers» (Université de Lille III), 30 (2003): 89-100. 23 Le chapitre intitulé Les manuscrits, une description, n’est pas une description, mais des «remarques complémentaires» à la description de Lathuillère, et ne concerne pas «les» manuscrits, mais deux d’entre eux. Une liste limitée aux quatre manuscrits «de base» et «de contrôle», avec leurs sigles et leurs localisations, est donnée p. 170, dans le chapitre XIII. Variantes et apparat critique de l’édition, sous le titre «Rappel des sigles». Il s’agit, pour trois manuscrits sur quatre, des sigles du système Lathuillère, qui sont en effet régulièrement utilisés dans les variantes et les notes. Sur plusieurs sujets, la bibliographie a été entièrement renouvelée durant les dernières années, et il semble qu’il était du devoir d’un éditeur, surtout s’il est un aussi profond spécialiste du sujet que l’est M. B., de mentionner et dans certains cas de discuter les travaux récents. Par exemple, et de manière centrale pour le volume recensé, N. Morato 2010: 185 s. a écrit des dizaines de pages sur la Suite Guiron; il n’est cependant jamais cité au cours de l’analyse littéraire (48-84), par exemple, et les quelques autres mentions de son nom ne donnent aucune idée de son apport à la discussion du sujet. À la N47 de la p. 981, M. B. renvoie, «pour le classement des mss. de notre roman», à un article de quelques pages qu’il a publié en 1998, plutôt qu’aux études immenses de Morato 2010 et Lagomarsini 2014. Le chapitre VII est lui aussi un ajout, et est intitulé «Palamède-Guiron en Italie». Il cite une seule fois le nom de F. Cigni, pour renvoyer, sur un point d’extrême détail, à une note de sa thèse. Mais F. Cigni, depuis maintenant 20 ans, a publié un grand nombre d’articles consacrés précisément à la diffusion de la littérature arthurienne en Italie, dont plusieurs sont dédiés précisément à la fortune du Guiron. Il est certain que tout dans ce chapitre ne vient pas des travaux de Cigni (par exemple, l’idée que François de Gonzague aimait prêter ses livres [31] vient probablement de Wahlen 2010: 47, et la plupart des informations semblent être prises à Rajna et Novati, qui sont eux dûment cités 21 ), mais ceux-ci forment le point de départ de nos connaissances sur le sujet et devaient donc être cités ici. Toute la partie 2 du chapitre VIII (Le manuscrit 358-362 et le ms. T, 34-47) est entièrement réécrite par rapport à la thèse (vol. 5: 9-11). Elle a donc pu profiter d’un article de Wahlen de 2003 22 consacré à la question, et l’éd. y renvoie d’ailleurs plusieurs fois. Mais le refus par M. B. d’attribuer à la dernière génération des chercheurs les découvertes qu’on leur doit fait qu’on ne peut pas vraiment savoir si des éléments ajoutés à la thèse, comme le rapport direct avec Des Grantz Geantz (dans la thèse il n’était question que du modèle latin de ce dernier texte, De origine gigantum) n’a pas été trouvé dans Wahlen 2003, ou dans Morato 2010, 242N. Ni si l’idée d’étudier les Anciennes chroniques de Jean de Wavrin (36, 45) ne vient pas de Morato 2010: 242N, de Lagomarsini 2014: 99N ou d’une autre source encore. Jehan Vaillant de Poitiers, un traducteur, donne lieu à un important développement (45-6), mais le silence résolu qui pèse sur le nom de C. Lagomarsini empêche de renvoyer à celui, encore plus détaillé, que lui consacre cet auteur (2014: 46-50). Bref, on le voit, la bibliographie du sujet est moins citée qu’elle n’aurait dû l’être. 5. Les sigles des manuscrits généralement en usage sont ceux de la liste de Lathuillère 1966: 36 s., qui a été reprise, avec certaines modifications, par le groupe Guiron (pour la liste mise à jour, cf. Morato 2010: 9 s.). M. B. utilise lui aussi les sigles de Lathuillère, comme il l’indique seulement, nous semble-t-il, au détour d’une note (79, p. 14), appelée par une remarque sur un manuscrit dont il ne donne pas le sigle. Il n’y a nulle part de liste des manuscrits ni d’énumération de leurs sigles 23 , le lecteur étant supposé se reporter à celle de Lathuillère. Besprechungen - Comptes rendus 312 24 Le manuscrit est maintenant en possession de la Fondation Ezio Franceschini à Florence, et y porte la cote FEF 2; nous continuons cependant de le nommer ici «Ferrell 5», pour ne pas créer de disparate terminologique avec l’ouvrage recensé. 25 Ce système a aussi été utilisé par M. B. dans des publications antérieures. Il y renvoie génériquement, à propos du sigle G du manuscrit Ferrell 5 (15 N84): «ce ms. porte le sigle que nous lui avons attribué». 26 La N5, p. 211, de l’article cité de F. Lot, vérification faite, n’est d’aucun appui, ni sur le principe de l’anagramme, ni sur ce cas précis, contrairement à ce que le lecteur pourrait être amené à croire. 27 Au sujet de Rustichello da Pisa, il aurait fallu renvoyer aux travaux de Cigni autrement qu’en lui reprochant un manque dans son édition (et ceci sans référence précise); l’état actuel de la discussion se trouve dans Lagomarsini 2014: 191 s., que M. B. aurait dû citer. 28 «... il manque un trait essentiel: la présence de la saison hivernale» (26). La même phrase est reprise textuellement de l’article de 1993, mais elle y apparaissait à propos d’un autre texte: le passage de Guiron le Courtois où Guiron est lui-même puni pour un adultère supposé. M. B. discute d’ailleurs du rapport entre ces deux passages de manière beaucoup plus étendue et détaillée aux p. 1183-86, ce que l’introduction aurait pu signaler. Nous revenons plus bas sur la note des p. 1183 s. Il n’y a pas non plus de correspondance avec la liste de Morato et de la plupart des travaux récents. Pire encore: ce qui ressemble le plus à une liste de manuscrits est une brève énumération insérée au milieu d’un paragraphe du chapitre intitulé Une hypothèse nouvelle sur la genèse de l’œuvre (24), qui contient régulièrement des sigles et les localisations des manuscrits. Seulement, ces sigles sont entièrement différents de ceux de Lathuillère ou Morato (L1 y est appelé D, V2 E, A B, et ainsi de suite). Heureusement, ce système concurrent est entièrement abandonné par la suite (il est utilisé à quelques reprises dans l’introduction, p. 6 par exemple, avec parfois mention de la correspondance avec la siglaison classique), et n’apparaît plus dans toute la première partie, soit jusqu’à la p. 969. Il refait surface dans la deuxième partie, p. 973, qui est consacrée au manuscrit Ferrell 5 24 , inconnu de Lathuillère, que M. B. a baptisé G à la p. 24 25 , sans mentionner les objections (ni le sigle concurrent pour Ferrell 5) de Morato 2010: 6. Cependant, dans cette deuxième partie aussi l’emploi du système traditionnel semble dominer, au moins dans les notes. A la N1 de la p. 973, M. B. indique que dans une édition à paraître du manuscrit 350 de Guiron, il adoptera le système concurrent (celui de la p. 24): on aura donc ainsi, dans deux éditions de parties du cycle par le même éditeur, deux systèmes de sigles complètement différents et contradictoires; tous les lecteurs du cycle de Guiron espèrent que M. B. renoncera à ce projet, qui ne peut aboutir qu’à compliquer et embrouiller les études guironiennes de manière irrémédiable. 6. L’introduction présente d’abord, brièvement, les problèmes classiques de date, d’auteur et de milieu. Sur ce dernier point, l’éditeur conclut qu’un ensemble de traits «paraissent bien s’accorder avec l’ambiance orientale de la cour du dernier Staufen» (13). Il nous semble que ces correspondances ne sont pas si nettes: les rapports établis avec Cligès sont faibles; le modèle du Sarrasin paré de toutes les vertus n’est pas spécifique; les rapports établis entre le personnage nommé Alfasar et un sultan Al-Asraf 26 semblent illusoires, et le seul rapport subsistant avec Frédéric II reste donc la mention du paiement pour un liber Palamides en 1240. Le ch.VI (26-27) étudie le rayonnement du texte de la Suite Guiron, et constitue un ajout par rapport à la thèse. En-dehors de l’Italie 27 , ce rayonnement consiste surtout en l’influence qu’elle aurait exercée sur la Suite (Huth) Merlin, et l’éditeur pense qu’elle est établie par deux passages apparentés, qu’il a d’ailleurs étudiés précédemment. Mais pour le deuxième (récit de l’invasion de Logres), l’explication de M. B. précise bien qu’on ne peut pas savoir quelle version précède l’autre, et quant au premier (l’épisode de l’exposition au froid), le raisonnement est entaché d’une erreur, lorsque l’éditeur indique que la version de la Suite Merlin ignore l’élément essentiel qu’est la présence de la saison hivernale 28 : M. B. lui-même, Besprechungen - Comptes rendus 313 29 V. Bubenicek, «Du bûcher à l’exposition au froid: avatar d’un motif hagiographique. Guiron le Courtois et la Suite du Merlin», dans Lorraine vivante. Hommage à Jean Lanher, sous la direction de R. Marchal et B. Guidot, Nancy 1993: 285-99. 30 Cette insistance se marque d’ailleurs à l’intérieur même de notre épisode, voir La Suite du Roman de Merlin, édition critique par G. Roussineau, Genève 1996: §544,19. 31 Ed. cit.: p. xl N79. 32 Elle l’aurait été encore plus si M. B. y avait rappelé l’argument supplémentaire qu’il donne p. 691, dans la note à A.II.114.1. Le probable caractère descriptus est admis par Morato 2010: 188. dans son article de 1993 29 , p. 291, indiquait expressément l’insistance du récit de la Suite Merlin sur le contexte hivernal 30 . Comme cette absence est l’argument qui conduit M. B. à juger que la Suite Merlin est secondaire, on considérera que l’ordre de la dépendance n’est pas un point acquis, et que Guiron le Courtois pourrait tout aussi bien venir en second, comme le croit Roussineau 31 . Le chapitre VIII étudie les rapports entre le manuscrit A(2) et plusieurs autres témoins, en particulier le ms. B.N.f.fr. 112 et le manuscrit de Turin L. I 9 (ou R. 1622). La démonstration que ce dernier descendrait du manuscrit A(2) nous a paru convaincante 32 . Il nous semble cependant que la position subordonnée du ms. fr. 112 par rapport au ms. A(2) (étudiée plusieurs fois par Bogdanow) devrait être prise en considération lorsque M. B. examine la priorité entre Guiron et la Suite Merlin (cf. supra, épisode de l’exposition au froid), puisque l’épisode concerné de la Suite Merlin ne se trouve, précisément, que dans le ms. fr. 112; il n’est pas impossible que cela fournisse à M. B. un argument supplémentaire. Nous n’avons pas compris si M. B. était encore de l’avis qu’il exprimait dans son article de 1993, à savoir que «ce serait sans doute une solution de facilité que de penser que le scribe préféré de Jacques d’Armagnac [i. e. Micheau Gonnot, copiste du ms. B.N.f.fr. 112] ait adapté un épisode qu’il trouva dans la bibliothèque de son maître», et que ce manuscrit ne dépendrait donc pas directement de A(2). 7. L’étude linguistique des manuscrits A(2) et F (91-161) est très détaillée, comme le sera d’ailleurs celle du manuscrit Ferrell et des fragments Longobardi, dans la deuxième partie du volume (1029-60), et elle contient bien des choses intéressantes; la forme générale de la présentation consiste cependant à relever les faits qui diffèrent de l’ancien français classique et à analyser ceux-ci comme des introductions, des disparitions, etc. Nous renonçons à critiquer cette conception et les conséquences qui en découlent, et nous limitons à quelques remarques ponctuelles. On corrigera à de nombreuses reprises 1 en l. Le §81, «On trouve un e inorganique dans essegardent II.A.69.10», doit être supprimé: le mot en question est effacé et repassé en noir, mais il n’y a pas suffisamment de place pour qu’un e y ait été écrit. Au §118, l’assimilation de / r/ à / l/ subséquent est supposée sur la base des seules attestations du nom Nohombellande: il s’agit par conséquent d’un fait lexical. Au §141, Vassall I.A.250.10 est invoqué comme témoignage de «redoublement de la consonne finale», mais dans l’édition elle-même est imprimé Vassal. §182, il y aurait des exemples de en pour noter la négation (par graphie inverse de ne ‘en’); celui (I.A.166.18) qui appuie cette interprétation est illusoire: dans la phrase «... e se vos de cestui encontre n’alez a terre, jamais en, si cum je croi, ne seroiz abatuz par home», que nous ne comprenons pas sous cette forme, il faut lire ensi cum je croi. Un autre exemple (I.A.219.11) est cité au §202, sans qu’on comprenne les raisons de cette répartition: l’édition n’est pas plus convaincante à cet endroit. Au même §202, les propositions de correction par ajout d’une négation (cf. en particulier I.A.159.2-3 et I.A.188.36-37) sont tout à fait superflues. La conclusion (161) est très générale, et le fait qu’elle ne renvoie pas aux paragraphes de la description rend conclusion et analyse plus difficiles à utiliser. Besprechungen - Comptes rendus 314 33 Il était possible de faire mieux, cf. Morato 2010: 223 s. 34 Dans le même sens, M. B. aurait pu se dispenser des variantes comme coustume pour costume, vous pour vos ou honneur pour honor (I.A.4. variante 3 de T). 8. Les pages 164-69 donnent une analyse du texte édité. Elle contient, bizarrement, quelques erreurs. Ainsi, pour les §II.139-148, M. B. écrit: «Hervi, désormais seul, est l’hôte d’un vieux chevalier. Celui-ci l’entretient de la lignée des chevaliers félons et de l’origine de la rivalité entre Lancelot et Tristan.» Indépendamment du fait qu’il n’est pas question d’une lignée de chevaliers félons (tous ne sont pas apparentés), la rivalité dont il est question n’est pas celle qui oppose Lancelot et Tristan, mais Lancelot et Palamède, et au moment où il en est question, ce n’est plus le vieux chevalier, mais le narrateur de la Suite Guiron qui est en charge du récit. L’analyse peut être fautive ailleurs: dans la partie de l’introduction intitulée «Valeur littéraire», p. 67, on peut lire qu’ «Il [sc. le Bon Chevalier sans Peur] usera du même stratagème [découvrir son écu pour éviter un combat] pour se sortir avec Lac de la situation périlleuse où ils se trouvent à l’Escu Loth»: en fait, c’est Lac qui use de ce stratagème, contre l’avis du Bon Chevalier, qui lui en fera d’ailleurs le reproche. Mais tout cela n’est en somme pas très important. Plus gênante est sans doute la difficulté qu’on éprouve, sur la base des différentes indications dispersées dans le volume, à reconstituer le contenu des différents manuscrits dont M. B. rend compte dans l’apparat critique. En l’absence d’une présentation complète de la matière narrative présente dans les témoins autres que A(2), il faut aller rechercher des informations dispersées aux p. 88 (tableau systématique des sections de F présentes dans l’édition), 169 (analyse du contenu narratif de F, mais qui se limite aux parties non présentes dans A(2)) et 891 (présentation de l’édition des appendices - rédactions particulières de T et F - qui présentent leur position). Mais ces indications ne suffisent pas, et il faut les compléter par celles qui sont données en note aux endroits du texte qui voient les différentes rédactions diverger ou converger. Il n’est pas toujours facile de s’y retrouver. Ainsi, il faut lire la note a (texte de F) de la p. 323 (§131) pour savoir que le texte qui y figure est situé dans F à la suite du texte édité en appendice III, car il n’y a pas d’indication de ce type à l’édition de cet appendice. La note a du début du §86 (p. 256) ajoute une information: «reprise du texte commun après l’interruption signalée au §34.45 (n.a.). Entre temps, F donne un récit qui lui est propre - il figure en Appendice III - cf. les §131 à 137 de A(2) ...». Et on récupère grâce à cette allusion au §137 la note c de la p. 333 (§137): «fin de l’accord F pour notre 1 ère partie ..., Pour ce qui suit immédiatement, cf. supra, §86». On peut ainsi rétablir l’ordre du ms. F qui est, si nous comprenons bien, §21- 34, puis le texte édité en appendice III, puis les §131-37, puis §86 et suivants (jusqu’à 130, si nous comprenons bien). Il est impossible de récupérer ces données du tableau de la N351 (88), qui indique seulement la correspondance entre les §21-34 et les f° 74a-75a de F, puis entre les §86-132 et les f° 76b-79d. Ces informations sont d’ailleurs rendues douteuses par le fait que dans l’édition, il n’y a pas d’édition du §132 de F et que c’est le §130 qui se termine à 79d, et que le tableau semble être entaché d’autres erreurs (le §II, 1, d’après l’édition du texte et de l’appendice IV (895-97) est probablement situé f° 83a, non 82d). Une description rassemblée à un seul endroit, si possible visible et signalée dans la table des matières, aurait été très utile au lecteur 33 . Enfin, une correspondance des § de l’édition avec ceux de l’analyse de Lathuillère (auxquels renvoient tous les travaux antérieurs) aurait été nécessaire; elle aurait par exemple pu prendre la forme de renvois à l’intérieur de l’analyse. 9. Les conventions d’édition n’appellent pas de commentaire particulier. On apprécie particulièrement la décision de donner une liste raisonnée des variantes non signalées (171- 76), qui permet d’éviter d’enregistrer celles-ci en bas de page 34 . Les corrections au texte Besprechungen - Comptes rendus 315 35 Il s’agit d’une nouveauté de cette publication par rapport à la thèse: celle-ci n’en comportait pas. 36 D’autant plus qu’elle ne figurait pas dans la thèse et a donc été composée récemment. 37 A. Limentani (ed.) 1962: Dal Roman de Palamedés ai cantari di Febus-el-Forte. Testi francesi e italiani del Due e Trecento, Bologna. 38 R.Trachsler et al. (ed.) 2004: Guiron le Courtois, une anthologie, Alessandria. 39 Elle fait suite immédiatement à notre citation précédente. critique sont signalées par des lettres, les variantes de T et de M par des chiffres; les variantes sont donc clairement présentées, mais la présentation a l’inconvénient de laisser beaucoup de place libre en bas de page, ce qui contribue à expliquer l’épaisseur du livre. Lorsque le manuscrit F est présent, l’édition est disposée synoptiquement sur deux colonnes; lorsqu’il ne l’est pas, le texte de A(2) occupe toute la largeur de la page. Ce système nous a paru très heureux. Les notes 35 sont situées en fin de partie (813-87); il aurait été commode de les appeler par un signe spécial. 10. La conclusion énonce des propos qu’il est difficile de partager entièrement 36 : «Guiron le Courtois, après la publication du Lancelot ..., du Tristan en prose ..., demeurait le seul des trois grands romans du XIII e siècle encore inédit.» (177) L’imparfait est trompeur: Guiron le Courtois reste encore largement inédit, qu’on entende par là l’ensemble du cycle, les parties de ce cycle qui ne sont pas le Roman de Méliadus (cf. ci-dessus [N7] notre commentaire sur la N27, p. vii) ou même, si c’est là ce qu’entend M. B., la Suite Guiron, puisque l’édition présentée ici ne représente qu’une partie de ce dernier texte. Il est vrai cependant qu’elle représente une augmentation considérable de la quantité de texte disponible, après les autres éditions partielles, en particulier de Limentani 1962 37 , Trachsler et al. 2004 38 et Lagomarsini 2014. Mais M. B. poursuit: «Désormais, des études pourront être entreprises, travaux qui prendront en compte non seulement le contenu, mais la lettre même de ce texte important pour l’histoire des mentalités du XIII e siècle finissant.» Là, l’exagération nous semble passer les bornes. Sophie Albert, Nicola Morato et Barbara Wahlen n’ont pas attendu la parution du volume recensé pour soutenir en 2008 et 2009 des thèses, publiées en 2010, qui ne prenaient pas en compte que le contenu, mais également la lettre même de Guiron. Les progrès considérables qu’a fait ces dernières années notre connaissance de la tradition textuelle de Guiron et des rapports historiques entre manuscrits et rédactions ont bien montré qu’il était très possible, non seulement d’entreprendre, mais de mener à bien, des travaux qui prissent en compte la lettre même. Du point de vue de l’histoire de la formation du roman, ou du cycle, la fin de la conclusion est d’ailleurs décevante, parce que trop générale et trop péremptoire à la fois pour ne pas paraître un peu gratuite, en l’absence de liaison avec une argumentation 39 : «De celle que nous avons nous-même effectuée il résulte que la version particulière, fournie par le ms. Arsenal 3325, procède d’un état d’esprit différent de celui qui préside à la rédaction de la version principale du roman, celle du ms. 350; leur différence est une différence de projet: la version du ms. A se présente comme un prolongement rétrospectif du Tristan, l’autre prétend à une indépendance plus grande». D’autant plus que le lecteur ne sait précisément pas si le manuscrit A est Arsenal 3325 (dont A est le sigle dans le système Lathuillère adopté en général ici) ou le fr. 350 (qui porte ce sigle dans le système Bubenicek, dont restent plusieurs traces dans l’introduction). 11. Nous donnons ci-dessous quelques observations sur l’édition du texte; nous n’avons consulté le manuscrit A(2) que sur la reproduction numérique disponible sur le site Gallica (elle est d’excellente qualité). Le manuscrit est parfois très effacé, et dans ces cas il peut être de lecture difficile. I.A.1.14. qar limons estoit adonc nois e gelé. L’existence de limons dans le sens ‘boue’ (et non ‘boue qu’on extrait d’une rivière’) n’est pas tout à fait assurée, ‘terre détrempée’ Besprechungen - Comptes rendus 316 (traduction proposée par le glossaire) est donc une traduction contextuelle; noif est catégorisé comme substantif au glossaire, et défini ‘enneigé’ pour ce seul exemple (on devine qu’il est donc considéré comme adjectif), mais cet adjectif est inconnu par ailleurs; le dernier mot doit être lu gelee (le deuxième e est effacé mais se lit nettement); tous ces problèmes se règlent si l’on édite qar li mons estoit adonc nois e gelee et qu’on considère nois et gelee comme des noms. I.A.2.5 ceste] ms. cest. - ibid. nos covient a nuit gesir] éditer anuit (cf. FEW 7: 216a) comme chaque fois que la séquence apparaît (elle est aussi écrite en un mot dans le manuscrit, ou ennuit dans T, cf. I.A.101 note 3). I.A.5.5 Mettre un point d’interrogation après Qele. I.A.5.6 Je] ms. Ge. I.A.5.10 On pourrait envisager d’éditer e maintenant ‘immédiatement’ en un mot (cf. amantenant Entree, FEW 6 1 : 299a). I.A.7.23-24 Fermer les guillemets après a piece mes. I.A.10.1 ils] ms. il. I.A.10.4 q’il ne se fesoit devant] ms. q’il ne fesoit devant. I.A.10.5 li chie[t] nous ne lisons pas le début du mot, mais la fin est -ient. I.A.10.7 Un mot qui n’est pas lu est signalé par trois points; nous croyons lire solemant. - ibid. Ajouter un point après avanture et recommencer une phrase avec Tuit li chevalier. I.A.14.18 Ajouter la mention du changement de colonne (50a) entre vouxisse et ge bien. I.A.15.4 Après ce vos dirai ge bien, remplacer la virgule par deux points. I.A.16.13-14 Déplacer le point d’interrogation situé après conoistre après armes, à la place du point d’exclamation qui s’y trouve. I.A.16.20 L’éd. porte votre scient: il paraît inutile de créer la forme scient, alors que le manuscrit a écrit votrescient en un mot et l’on préférera éditer escient. I.A.18.14 nel] n’el. I.A.37.6 Pourquoi ne pas corriger la répétition fautive de devant els venir? Par ailleurs, nous ne comprenons pas la N3. I.A.44.4 ou] Ou. I.A.46.1 La correction est incertaine. I.A.47.5-6 La note contient tout un petit article sur le personnage de Brehu sans pitié, d’une ampleur peut-être disproportionnée, puisqu’il occupe sept pages et demie (819-27), mais certainement intéressant. Il serait d’ailleurs encore plus précieux si le début et quelques autres passages n’en avaient pas été déjà publiés par Richard Trachsler en 1994; la forme a certes été remaniée (la première phrase, par exemple, «Comme d’autres, le personnage de Brehus n’a pas été créé ex-nihilo», était dans l’original «Comme d’autres personnages du Tristan en Prose, Brehus sans Pitié n’a pas été créé ex nihilo», et les modifications sont souvent plus importantes), quelques erreurs de copie ont pu être introduites (par exemple Trachsler fait deux citations, de la Première et de la Seconde Continuations du Conte du Graal, dont M. B. conserve la seconde tout en lui donnant les références de la première), ainsi que des références à des éditions récentes, mais les faits et les textes cités, ainsi que leur ordre, sont pour la plus grande part identiques. On trouvera une indication supplémentaire de l’apparentement des deux textes dans une erreur commune: R. Trachsler parle souvent d’une version du Tristan en prose contenue dans le ms. B.N.f.fr. 24400; par erreur, il écrit une fois «24000», et c’est ce numéro erroné qui a été repris par M. B. (824), qui n’a pas pensé à le contrôler dans un catalogue. L’ajout de cette longue note n’a cependant pas conduit M. B. à modifier les pages 68 à 72 de son introduction, consacrées elles aussi à la description du personnage, et qui restent identiques à ce qu’elles étaient dans la thèse. I.A.47.9 Le manuscrit porte Li Bon Chevalier qi molt estoit desiranz de trouver le e qi tout ades aloit pensant (la principale manque); M. B. corrige en Li Bon Chevalier, qi molt Besprechungen - Comptes rendus 317 estoit desiranz de trover le, tout adés aloit pensant; il s’agit moins d’une correction que d’une réécriture. I.A.50.32 e por ce ne me tieng ge meins por chevalier ou qe ge soie ms. por meins ch. La correction ne nous semble pas régler le problème. I.A.75.4 écrire no mie ce que le manuscrit écrit nomie en un mot («non mie») n’est pas une solution. I.A.104.42 Une réplique commencerait ainsi: T’es fole, fet li chevalier, tu ne sés qe tu dis; il faut évidemment lire Tés, fole! (impératif du verbe taire), malgré une note qui essaie de justifier la possibilité de la lecture proposée. I.A.129.18 gastre aurait pu être corrigé en gaster. I.A.148.19 leiez aurait pu être corrigé en leienz. I.A.153.4 li ferai toute la honor qe ge porrai fere, se g’en devoie nois’ avoir, la haine de touz cels de cest chastel; on peut éviter de devoir supposer à la fois une curieuse apocope (nois’) et une construction apposée de la dernière proposition si l’on prend garde que le manuscrit porte non nois mais neis; on éditera donc se g’en devoie neïs avoir la haine de touz cels de cest chastel. I.A.168.5-6 La note renvoie, pour l’étude d’un phénomène linguistico-stylistique, à un chapitre de l’édition à paraître (par M. B.) du ms. fr. 350: mais il s’agit d’un autre texte, et on ne voit pas ce qu’une description qui lui est propre peut nous apprendre sur la Suite Guiron. I.A.223.2 ge n’é parlé] ge ne parle. I.A.230.9 nos n’espargneront a été corrigé en ne nos espargneront sur la base des leçons de M et T; cette correction semble superflue. I.A.234.4 Il semble inutile d’écrire lé povre cum lé rriche alors que le convient parfaitement. I.A.235.7 Ajouter un signe de ponctuation (virgule) entre compeignie et qar. I.A.245.17 pover doit être compris prover; il faudrait soit corriger, soit mettre une note explicative. I.A.246.12 seroit] ms. feroit. I.A.246.21 La leçon qerle du manuscrit a été corrigée en gerele, qui semble être une erreur pour qerele. I.A.247.2 li Bon Chevalier sanz Peor n’en parla plus celui soir, ainz se tuit leienz: la lecture tuit est paléographiquement moins probable que tint, et lui est considérablement inférieure pour le sens. I.A.252.19 Chasqun se mete a la voie. Le mot se serait omis (note d); en fait, le manuscrit porte semete. - ibid. pleira] nous croyons lire plerra. I.A.253.3 qar de tant cum il vont blasmant la damoisele, de tant s’aloit plus Brehuz ... e greignor bien en dit. M. B. a corrigé aloie du manuscrit en aloit et indique que le manuscrit doit comporter une lacune (signalée par les points de suspension) que T ne permet pas de combler; on préférera ne pas corriger, rattacher s’aloie à s’aloier (cf. FEW 5: 326ab) et comprendre ‘s’engager, se lier à qn, s’attacher’, ce qui évite aussi de devoir supposer une lacune commune aux deux manuscrits. I.A.257.22 La correction de nostre en vostre paraît superflue. I.A.258.41 ainçois le fas contre mon tuer. Il faut bien sûr lire cuer, qui est d’ailleurs la leçon du manuscrit. I.A.265.13 s’en dort] s’endort. I.A.274.14 reternent] il faudrait corriger en retornent (reterner est absent du glossaire). I.A.292.6-7 Le texte ne peut se comprendre si l’on ne met pas entre virgules la séquence puis q’il avoit teles paroles dites et en tel point. I.A.306.2 La note renvoie au §217 de l’étude linguistique, qui n’existe pas; si, comme nous le croyons, il faut lire §127, l’introduction y expose l’existence de nasales adventices et par conséquent, entendoient du ms. peut très bien être une forme régulière de atendoient, qu’il Besprechungen - Comptes rendus 318 était donc inutile de corriger; la correction crée d’ailleurs un texte au moins curieux, et à notre avis inacceptable (n’tendoient); enfin, la façon de signaler la correction n’est pas claire, puisqu’on ne peut savoir si le manuscrit porte nentendoient ou entendoient (c’est la première solution qui est la bonne). II.A.1.7 Ici et à plusieurs reprises, la formule qi face amentevoir en conte aurait dû être éditée a mentevoir. II.A.1.15-16 Supprimer les deux virgules et en ajouter une après sunt. II.F.3.11 Le surnom d’Hervis de Rivel est écrit à quelques reprises ‹ruel› dans le manuscrit F; la décision de l’éditer Rvel nous semble malheureuse. II.A.5.53 A quoi la correction de veelent en voelent sert-elle? II.A.8.18 de joste] dejoste. II.A.9.16 aprés ce ne demore q’il [ne] dit tout em plorant; L’ajout de ne nous semble superflu. II.A.12.27 Il est ilec si esbaïs com s’il fust orendroit né; est est une correction de set du manuscrit; on pourrait aussi envisager de conserver la leçon du manuscrit et de rattacher set à seoir ‘se tenir assis’ (cf. pour des formes sans diphtongue FouchéVerbe p. 155): le chevalier en question est en effet assis sur la fontaine, comme le récit nous l’a appris antérieurement (II.A.8.16). II.A.15.23.24 qe de tel recreant, cum tu es, li chaudroit: il faut supprimer les virgules. II.A.17.23 Déplacer le point d’interrogation avant crier merci. II.A.20.19 La correction de li en il semble tout à fait convaincante; les possibilités d’interprétation alternatives évoquées en note, en revanche, ne sont pas vraisemblables et ont été justement rejetées. II.A.20.32 cele, por qoi tu tres ceste grant dolor, ne fu tant dolente ...: supprimer les virgules. II.A.24.19 reçura aurait dû être corrigé en recevra. II.A.28.43 lan] l’an (l’antécédent du pronom est la droite certeineté de cest fet, 41-42). II.A.28.62 La forme sourir, ici et au glossaire sous soufrir, aurait dû être corrigée. II.A.28.64 La note indiquant l’exponctuation d’un u dans le mot Nouel (lire nouel) doit être déplacée à l’occurrence précédente du mot, ligne 59. II.A.47.36 a tout] atout. II.A.56.12 La note indique que «l’e est surmonté d’un petit i mais non exponctué»; le remords du copiste et son intention étant clairs, il nous semble qu’il fallait imprimer cil, et non cel comme l’a fait M. B., cela d’autant plus que cel masc. sg. est inexistant sinon. II.A.70.8 Il y a un changement d’interlocuteur avant N’estes vos mie. II.A.87.6 M. B. a omis de signaler, avant repentaille, le mot parole exponctué. II.A.89.8 La forme liene est analysée comme un représentant de regnum, en s’appuyant 1° sur la prétendue confusion entre liquides du copiste du manuscrit, qui aurait été établie dans le §118 de l’introduction linguistique (mais voir nos objections ci-dessus: cette confusion n’est pas établie); 2° sur un renvoi à Goerlich 1882, qui est le volume consacré au Sud- Ouest, soit une région à laquelle personne n’a imaginé de rattacher la copie de A(2) (les parallèles n’offrent d’ailleurs pas un appui très sûr). On doit donc considérer que l’identification du mot n’est pas encore établie. II.A.95.18 Le texte édité, Qant ge conui e vi en soi qe autre fin ne autre ples ... nous est obscur; en revanche, celui du manuscrit semble parfaitement clair: Qant ge conui e vi e soi avec trois synonymes coordonnés, dont le troisième est le verbe savoir. II.A.100.9 il avoient a costume a venir] préférer lire acostumé. II.A.100.31 L’éditeur a supprimé les mots de part dans le segment de texte ne l’en n’i [à la cour d’Arthur] savoit adonc plus gentil de part lignage; de la sorte, l’objet de l’énonciation n’est plus Blioberis de Gaunes, mais le lignage de Gaunes (‘et l’on n’y connaissait à cette époque aucun lignage plus noble’), ce qui convient moins bien au reste de la phrase et au Besprechungen - Comptes rendus 319 40 Il semble aujourd’hui inadéquat de le citer comme «ms. Richelieu 375», malgré le modèle de Godefroy. 41 J.-M. Fritz, Le Discours du fou au Moyen Âge, XII e -XIII e siècles, Paris 1992, qui reprend J.-M. Fritz, «Daguenet ou le bouffon amoureux», in: D. Poirion (ed.), Styles et valeurs. Pour une histoire de l’art littéraire au Moyen Âge, Paris 1990: 37-73. mouvement de l’argumentation (Blioberis était extrait du plus noble lignage qui fût à cette époque à la cour; et il n’y avait à ce moment personne de plus noble du point de vue du lignage; au contraire, on vit bien que c’était lui le plus noble qui fût présent à ce moment à la cour, puisque ...): dans la solution de M. B., le deuxième membre de phrase (celui que nous avons cité plus haut) ne fait que répéter le premier, tandis que le manuscrit distinguait le lignage de Blioberis et sa position propre. La correction ne se justifie donc pas, et ce n’est pas l’argumentation donnée en note qui peut changer cet état de fait: «de part semble une répétition de de toutes parz, figurant ci-dessus. Tout le segment coordonné: ne l’en ... sainz faille a, au reste, l’apparence d’une redondance qui n’apporte aucune information complémentaire et a été fortement abrégé par le rédacteur de T.» Il ne nous semble pas que l’inutilité (toute relative, à notre avis) d’un passage soit une raison suffisante pour le récrire. II.A.100.37 Le dernier paragraphe de la note met en rapport une cérémonie de la cour d’Arthur avec une cérémonie, longuement décrite, qui s’est déroulée en 1356 dans la cathédrale de Metz. La comparaison (l’élément principal en repose d’ailleurs sur une correction de l’éditeur) sert à mettre en rapport le roman avec «l’univers carolingien» (imité par Charles IV à Metz) et «par delà, avec les milieux de l’Italie des Hohenstaufen»; M. B. n’explique pas quelles voies aurait prises ce contact, et la note nous a semblé, en l’état, tout à fait inutile. II.A.101.18 parlemat] corriger en parlemant. II.A.101.34 ... la faiture dou roi David e le semblant e la stature, e coment il estoit grant, e com il estoit consus ...; une note essaie péniblement de justifier la forme consus en supposant des dérivés non attestés et des extensions sémantiques, alors qu’il suffit naturellement de lire corsus, qui nous ramène au syntagme banal grant e corsus (le manuscrit est peu lisible à cet endroit, mais nous semble plutôt porter corsus). II.A.101.39-40 La note indique que vivence ‘durée de la vie’ est peu attesté, même si Gdf. le relève dans le ms. B.N.f.fr. 375 40 et poursuit: «Le problème est que l’édition de Constans - t. IV, v. 28.014 - ne contient point, sauf erreur de notre part, cette leçon, ni dans le texte critique, qui porte «Petit i eüst de s’eguance», ni dans l’apparat placé au-dessous, ni dans les «Additions ... au t.IV», 444 ...». En réalité, il n’y a pas de problème: le ms. en question a bien vivance à cet endroit, comme il est facile de s’en assurer. II.A.111.26 l’assist] il aurait fallu corriger en s’assist. II.A.118.7 trechie] corriger en trenchie. II.A.118.12 M. B. a corrigé ge ne porrai eschaper mort du manuscrit en ge ne porrai eschaper a mort, mais la leçon originale est parfaite (cf. mort eschaper dans T-L, AW 3,846). II.A.130.6-7 Le lecteur pourra être surpris de la phrase Triste sunt e courrouciez qe c’est departement, et en effet le manuscrit porte de là où M. B. lit qe; on éditera donc de cest departement. II.A.157-184.1 La note sur Daguenet est un complément récent de la partie correspondante du chapitre IX.3. (71-2) de l’introduction; elle repose en majorité sur les pages correspondantes de Fritz 1992 41 ; l’éditeur n’a pas modifié la partie de l’introduction qui traitait ce personnage, rédigée dès avant la parution des publications de J.-M. Fritz, et n’y a même ajouté la référence à celles-ci que dans la note, sous la forme «On complètera les références bibliographiques de notre Introduction (voir ci-dessus, IX.3 Les personnages ...) par les Besprechungen - Comptes rendus 320 42 En réalité, M. B. analyse ces manques comme un fait phonétique (dénasalisation), cf. p. 115, mais cette interprétation nous paraît trop coûteuse pour être admise comme un fait donné et sans justification. 43 M. B. n’a sans doute pas pu voir cette édition, achevée d’imprimer en septembre 2015, avant de publier la sienne. travaux de Fritz (1990; 1992)». Il nous semble qu’il aurait été possible d’intégrer synthétiquement les matériaux et les réflexions tirés de Fritz dans cette partie de l’introduction plutôt que de les laisser isolés. II.A.160.2 On peut lire les lettres lau puis une autre lettre encore est illisible; la solution de l’éd., l’aut’ (l’aut’ chevalier) est invraisemblable. II.A.161.17 il avoit a no] le manuscrit porte bien non, mais même dans le cas inverse il aurait fallu corriger. II.A.160.29 Les mots si grant ont été imprimés deux fois par erreur. II.A.164.6 Le point placé entre mort et Ceste sépare la subordonnée (puis q’il vos crioit merci ...) de la principale, et doit donc être remplacé par une virgule. II.A.172.10 qar au moisne feroit ccortoisie grant qi donroit aide a un tel home cum est cestui. On ne sait pas comment le texte édité doit être compris, mais celui du manuscrit ne pose pas de problème: le premier des deux c du mot ccortoisie (qui serait une curiosité notable) est en réalité un e, et on a donc qar aumoisne feroit e cortoisie grant, où les locutions faire aumône et faire courtoisie, de sens proche en contexte, sont coordonnées. On regrette quelques corrections superflues (le mot parole doit-il vraiment être ajouté en II.A.145.21-22? ) mais dans l’ensemble c’est plutôt un conservatisme excessif qui peut gêner la lecture, comme dans les cas où manque dans le manuscrit la barre de nasalisation (nous en avons cité quelques exemples typiques plus haut, mais il y en a d’autres) 42 ou une lettre finale (p.ex. tordr II.A.173.18), ou dans le cas de répétitions de segments de texte (II.A.198.27), et où l’on peine à voir pourquoi la correction n’a pas été apportée. L’éditeur en vient aussi parfois à éditer, sans commentaire, un texte incompréhensible, sans d’ailleurs que le manuscrit l’impose toujours. L’habitude de placer une virgule avant le pronom relatif ou entre propositions principale et subordonnée pourra gêner le lecteur, comme celle d’écrire en deux mots atout, anuit, qelqe. 12. Le glossaire (927-54) est étendu. Il serait possible de lui donner quelques compléments ou d’en ôter certaines entrées moins intéressantes. Un «index des noms propres, des anonymes et des lieux» donne très utilement des références complètes, et il faut remercier l’éditeur pour ce gros travail. 13. La présence d’une deuxième partie plus hétérogène est difficile à justifier, et son utilité paraît moins grande que celle du reste du volume; elle est neuve, puisqu’elle ne figurait pas dans la thèse de 1985. Il s’agit d’une somme d’informations portant sur le manuscrit Ferrell 5, et plus particulièrement sur la Continuation du Roman de Meliadus qu’il contient; elle aurait tout son sens dans une édition de ce texte, mais on n’a de celle-ci qu’une petite partie, qui n’en offre qu’une sorte de présentation préliminaire. Enfin, et malgré les liens qui l’unissent à la Suite Guiron, il s’agit bien d’un texte distinct, qui n’avait pas spécialement vocation à figurer dans le même volume que l’édition partielle de celle-ci. On se permettra aussi de suggérer que, dans le cas de ce cycle en très grande partie inédit, il n’était pas urgent de donner de nouvelles éditions de textes déjà publiés, parfois plusieurs fois. Ainsi l’extrait III a déjà été édité par Wahlen 2010 et par Lagomarsini 2015 43 , les extraits VI et VII par les deux mêmes, ainsi que XII et XIII; les numéros I-II, IV-V, VIII-XI, XIV-XXXIV, XXXVI-XLVI et XLVIII-LI contiennent des analyses et de courtes citations du texte seulement: le choix Besprechungen - Comptes rendus 321 44 «Nous avons édité in extenso les pièces versifiées de la Continuation, particulièrement intéressantes par les moyens stylistiques déployés» (viii). 45 Les renvois qu’y fait l’éd. p. viii et 1174 et indirectement p. 1173 sont trop peu clairs. 46 Pour la correspondance entre certains des fragments et le texte du ms. Ferrell 5, on ajoutera une référence à Morato 2010: 15N. 47 M. B. a peut-être eu le même sentiment, et cela expliquerait qu’il ne mentionne pas l’existence de l’analyse de Wahlen. d’éditer les insertions lyriques 44 paraît donc peu rentable, puisque seul les numéros XXXV et XLVII (qui sont il est vrai les plus longs) constituent de nouvelles éditions. Ces deux extraits permettent d’insérer des textes déjà publiés par Monica Longobardi 45 dans la trame narrative 46 , et de mieux les comprendre, et accroissent également la portion du texte éditée. Cela excepté (44 pages d’édition, ou une douzaine de folios), il reste une analyse des folios 217-88 du manuscrit Ferrell. Mais précisément, Barbara Wahlen avait donné une analyse de ces mêmes folios 217 à 288 dans sa thèse de 2010 (p. 393 s.) et on ne comprend pas du tout pourquoi il était nécessaire de refaire ce travail 47 . Mais ce n’est pas la seule occasion où la thèse de Barbara Wahlen est curieusement négligée: toute sa troisième partie (p. 175-280) est consacrée à la continuation du Roman de Meliadus du ms. Ferrell 5, dont elle propose une étude littéraire, une analyse et une édition partielle, tandis que M. B. en propose, dans la deuxième partie du volume recensé, une étude littéraire et linguistique, une analyse et une édition partielle. On s’attend donc à ce que M. B. procède à des citations nombreuses et à une discussion serrée de l’ouvrage de celle qui l’a précédé. Or, celle-ci est à peine mentionnée: en N54 (p. 982), pour signaler l’adoption du titre qu’elle a proposé, ou pour indiquer des divergences de lecture ou d’interprétation dans les pièces lyriques qu’elle avait déjà éditées: à ce moment, le lecteur, s’il ignore l’existence de l’édition précédente, restera sans doute interdit, M. B. n’ayant pas pris la peine de signaler l’existence de celle-ci. Un tel silence ressemble moins à la conséquence fortuite d’une différence d’approche de l’étude littéraire qu’à une damnatio memoriae, dont les causes restent obscures. M. B. a parlé plusieurs fois du manuscrit Ferrell 5, mais il donne ici pour la première fois une histoire complète du manuscrit, qui repose sur une très bonne information bibliographique. Il aurait pu informer le lecteur du fait qu’une histoire complète du manuscrit, très bien informée bibliographiquement, avait déjà été donnée par B.Wahlen 2010: 44-52; cela lui aurait permis de signaler une divergence d’interprétation: pour M. B., il est établi (978) que le ms. Ferrell ne fait qu’un avec celui que possédait François Gonzague en 1407, alors que Wahlen tire des mêmes faits une conclusion inverse (2010: 46). En l’absence d’une discussion explicite de cette divergence d’opinion et des arguments avancés par Wahlen, on ne pourra pas considérer que la question est décidée. Le silence de M. B. va en réalité plus loin que ce qu’on attendrait dans le cadre d’une publication scientifique. A la p. 1183, le début de la note aux §180-3 de l’édition partielle du manuscrit Ferrell a la forme suivante: «Ce deuxième conte de la ‹plus grande peur›, raconté par le Bon Chevalier sans Peur, semble entretenir des rapports étroits avec le récit publié par nous ci-dessus (I ère Partie, B., Les textes, t. I. §86-130) et tiré du manuscrit A(2). Voir Bubenicek 1993, et ici même II ème partie, II.2.2 ... Réflexion faite, suite à une comparaison attentive des textes dont nous disposons, il nous semble que l’auteur de G a combiné les données des deux récits fournis par A(2), celui de la ‹délivrance de Marc› par Lac et Yvain aux Blanches Mains ... et celui narré par un vavasseur ...». Le lecteur croit devoir comprendre que cette mise en rapport vient de V. Bubenicek, et qu’il l’a exprimée dès 1993. Or, l’article de 1993 ne fait aucune allusion au manuscrit Ferrell et n’a donc pu établir aucun rapport avec lui. A notre connaissance, l’idée que le récit du manuscrit Ferrell provient de celui de A(2) (§I.86 s.) Besprechungen - Comptes rendus 322 48 Ce deuxième paragraphe semble représenter un état rédactionnel postérieur au premier. 1 Titre emprunté au livre célèbre de Nathalie Sarraute 1956. a été exprimée pour la première fois par B.Wahlen 2010: 218-19, qui aurait donc dû être citée ici. Le deuxième paragaphe de la note de M. B., qui commence par les mots «Réflexion faite» (cf. citation ci-dessus) 48 , représente, sur la base de l’identification de B. Wahlen, un état plus avancé de la discussion, qui utilise l’existence d’un autre texte dérivé déjà présent dans A(2) lui-même (ce texte dérivé a été identifié comme tel par M. B. en 1993) pour reconnaître une seconde source. Pour Wahlen, la Suite Merlin représenterait une source supplémentaire, directe ou indirecte, du manuscrit Ferrell. Pour M. B. qui, contre Roussineau (cf. ci-dessus N31), pense que la Suite Merlin s’inspire du récit de Guiron figurant dans A(2), il n’y avait pas à examiner l’éventuelle influence de celle-ci sur le récit du manuscrit Ferrell. Mais ce n’est que cette deuxième étape de la réflexion de M. B. qui représente un apport original. On en vient donc à se demander quels sont, dans cette deuxième partie du volume, les éléments vraiment neufs et quels sont ceux qui avaient déjà été découverts et présentés par d’autres savants. 14. En conclusion, nous devons nous avouer déçu par cette publication. Il n’est certes pas question de douter du fait que ce volume rendra des services, que le travail de transcription de deux manuscrits (A(2) et T) a été important et le plus souvent bien réalisé, ni que le texte a été en général compris par l’éditeur; mais ni l’édition du texte lui-même ni les compléments qui l’entourent ne sont vraiment satisfaisants. L’édition contient plus d’erreurs et de problèmes d’interprétation qu’on ne l’attendrait, y compris dans un texte long comme celui-ci, et même si elle venait à être achevée un jour elle ne pourrait donc pas être considérée comme fournissant une base stable et sûre aux travaux futurs sur Guiron. Mais c’est surtout l’usage de la bibliographie dans l’introduction et les commentaires qui crée une gêne: indépendamment même du problème moral qui s’attache à la dissimulation, plus ou moins complète, de l’existence de toute une part de la recherche récente, l’utilisation trop réduite (qu’elle soit avouée ou non) du progrès de nos connaissances sur Guiron durant les dix dernières années fait que, dès sa parution, ce volume ne représente plus l’état actuel de la science. Yan Greub H Réplique de l’auteur au compte rendu de M. Greub 0. Monsieur Yan Greub m’ayant adressé, «par courtoisie», son compte rendu de mon édition de Guiron le Courtois avant parution dans Vox Romanica, je remercie la rédaction de la revue de me laisser répondre à ce texte souvent injuste et parfois diffamatoire, à mon avis. 1. «Ère du soupçon» 1 Le postulat de Yan Greub (plus loin Y. G. ou M. G.) est simple: une étude publiée en 1985 - date de la soutenance de ma thèse de 3 e cycle qui forme, modifiée (j’y reviendrai), la 1 re partie du volume de 2015 - doit nécessairement avoir profité des travaux parus entre temps; aussi se livre-t-il dans son compte rendu, surtout quand cela l’arrange, à une comparaison systématique entre les deux textes dans le but de démontrer que j’ai profité des travaux