Vox Romanica
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Francke Verlag Tübingen
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2016
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Kristol De StefaniRéplique de l’auteur au compte rendu de M. Greub
121
2016
Venceslas Bubenicek
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Besprechungen - Comptes rendus 322 48 Ce deuxième paragraphe semble représenter un état rédactionnel postérieur au premier. 1 Titre emprunté au livre célèbre de Nathalie Sarraute 1956. a été exprimée pour la première fois par B.Wahlen 2010: 218-19, qui aurait donc dû être citée ici. Le deuxième paragaphe de la note de M. B., qui commence par les mots «Réflexion faite» (cf. citation ci-dessus) 48 , représente, sur la base de l’identification de B. Wahlen, un état plus avancé de la discussion, qui utilise l’existence d’un autre texte dérivé déjà présent dans A(2) lui-même (ce texte dérivé a été identifié comme tel par M. B. en 1993) pour reconnaître une seconde source. Pour Wahlen, la Suite Merlin représenterait une source supplémentaire, directe ou indirecte, du manuscrit Ferrell. Pour M. B. qui, contre Roussineau (cf. ci-dessus N31), pense que la Suite Merlin s’inspire du récit de Guiron figurant dans A(2), il n’y avait pas à examiner l’éventuelle influence de celle-ci sur le récit du manuscrit Ferrell. Mais ce n’est que cette deuxième étape de la réflexion de M. B. qui représente un apport original. On en vient donc à se demander quels sont, dans cette deuxième partie du volume, les éléments vraiment neufs et quels sont ceux qui avaient déjà été découverts et présentés par d’autres savants. 14. En conclusion, nous devons nous avouer déçu par cette publication. Il n’est certes pas question de douter du fait que ce volume rendra des services, que le travail de transcription de deux manuscrits (A(2) et T) a été important et le plus souvent bien réalisé, ni que le texte a été en général compris par l’éditeur; mais ni l’édition du texte lui-même ni les compléments qui l’entourent ne sont vraiment satisfaisants. L’édition contient plus d’erreurs et de problèmes d’interprétation qu’on ne l’attendrait, y compris dans un texte long comme celui-ci, et même si elle venait à être achevée un jour elle ne pourrait donc pas être considérée comme fournissant une base stable et sûre aux travaux futurs sur Guiron. Mais c’est surtout l’usage de la bibliographie dans l’introduction et les commentaires qui crée une gêne: indépendamment même du problème moral qui s’attache à la dissimulation, plus ou moins complète, de l’existence de toute une part de la recherche récente, l’utilisation trop réduite (qu’elle soit avouée ou non) du progrès de nos connaissances sur Guiron durant les dix dernières années fait que, dès sa parution, ce volume ne représente plus l’état actuel de la science. Yan Greub H Réplique de l’auteur au compte rendu de M. Greub 0. Monsieur Yan Greub m’ayant adressé, «par courtoisie», son compte rendu de mon édition de Guiron le Courtois avant parution dans Vox Romanica, je remercie la rédaction de la revue de me laisser répondre à ce texte souvent injuste et parfois diffamatoire, à mon avis. 1. «Ère du soupçon» 1 Le postulat de Yan Greub (plus loin Y. G. ou M. G.) est simple: une étude publiée en 1985 - date de la soutenance de ma thèse de 3 e cycle qui forme, modifiée (j’y reviendrai), la 1 re partie du volume de 2015 - doit nécessairement avoir profité des travaux parus entre temps; aussi se livre-t-il dans son compte rendu, surtout quand cela l’arrange, à une comparaison systématique entre les deux textes dans le but de démontrer que j’ai profité des travaux Besprechungen - Comptes rendus 323 2 L’achevé d’imprimer du volume de B.Wahlen date de novembre 2010. 3 Édition partielle du Roman de Meliadus, 1 re partie de Guiron le Courtois, à paraître chez Champion, C.F.M.A. 4 C. Lagomarsini (ed.) 2014: Les avantures des Bruns. Compilazione guironiana del secolo XIII attribuibile a Rustichello da Pisa, Firenze. 5 C. Lagomarsini (ed.) 2015: Lais, épîtres et épigraphes en vers dans le cycle de Guiron le Courtois, Paris. 6 CR, sect. 1, 2, 3, 4, etc. Ce n’est que dans une de ses dernières notes (N43) que Y. G. admet que je n’ai «sans doute pas pu voir» l’édition de 2015! 7 Ph. Ménard, rapporteur; E. Baumgartner, présidente; J. Cerquiglini-Toulet, G. Roussineau, D. Quéruel, M. Pfister, membres. 8 Cf. ma note 7. de mes devanciers sans m’y référer. Or, ayant envoyé mon manuscrit complet à Niemeyer, Tübingen (racheté par W. de Gruyter), début de 2012, si j’ai eu le temps d’utiliser des parties des thèses de S.Albert, B.Wahlen et N. Morato, parues en 2010 2 et en rapport direct avec la présente publication qui, je le souligne, est avant tout une édition de textes, j’avais bien été obligé de laisser de côté, pour la faire paraître ultérieurement 3 , la discussion détaillée des travaux précités. Je pouvais, par conséquent, encore moins mentionner les publications de C. Lagomarsini, parues, respectivement, en 2014 4 et 2015 5 , manques que M. G. me reproche à plusieurs reprises 6 . Ce qui frappe donc constamment tout au long de ce compte rendu est le soupçon que Y. G. fait peser sur toutes mes déclarations. Un exemple parmi tant d’autres: commentant un passage de mon livre où je décris le texte particulier du ms. de l’Arsenal comme «une véritable troisième branche du roman» de Guiron le Courtois (VII), Y. G. (CR, section 4) met en doute ma bonne foi en affirmant en effet que «cette idée a d’abord été exprimée publiquement par d’autres» (il se réfère, notamment, au travail de S.Albert 2010). Or, mon texte ne fait que reproduire, quasi textuellement, ce que j’ai écrit dans la Synthèse du Travail en vue de l’habilitation à diriger les recherches (18-20), thèse soutenue en Sorbonne en 1998, et que tous les membres de mon jury 7 doivent encore posséder. Toujours à l’affût de quelque «larcin non avoué» - on jugera de son acharnement au ton employé dans l’aveu suivant «Il est certain que tout dans ce chapitre ne vient pas des travaux de Cigni» (CR sect. 4) -, l’auteur de la présente recension conclut, à propos du même passage: «l’idée que François de Gonzague aimait prêter ses livres [Bubenicek 2015: 31] vient probablement de Wahlen 2010: 47». Désolé de démentir, une fois de plus, Y. G.: mon texte, très différent de celui de B.W. a été, pour l’essentiel, rédigé dès avant 1998: voir la Synthèse citée ci-dessus, 26 8 . On trouvera la référence à ce même volume dans mon article de 1998 intitulé «Quelques figures de Rois-chevaliers errants dans le roman en prose de Guiron le Courtois», Bien dire et bien aprandre. Revue de médiévistique. La figure du roi, vol. 1, Lille 1998: 54 N24. Curieusement, cet article qui recoupe un chapitre de la thèse précitée de B.W. (2010, voir chap. IV, consacré aux «rois-chevaliers»: 139-74) contient des rencontres sémantiques troublantes, comme celle qui fait dire à l’auteure de la thèse que «Pharamond, Marc et Méliadus ne sont rois qu’à mi-temps» (142), alors que dans l’article précité, antérieur d’une douzaine d’années, j’use d’une formule assez voisine, parlant « [des] rois ... chevaliers ... à temps partiel» (60). J’ajouterais que B.W., qui fait preuve d’une riche documentation, trouve le moyen de ne pas citer mon article, portant sur le même thème, une seule fois ... Par conséquent, si je poursuivais le même raisonnement que mon critique, devrais-je déduire de ce que je viens de signaler que B.W. a «dissimulé» les sources de son développement? Pareillement, à propos d’un épisode de la Continuation du roman de Meliadus, où l’on voit, à l’intérieur d’un cycle de contes, racontés par des chevaliers et portant sur la «plus Besprechungen - Comptes rendus 324 9 Marchal, R./ Guidot, B. (ed.) 1993: Lorraine vivante. Hommage à Jean Lanher, Nancy: 285-99. 10 Wahlen, B. 2010: L’écriture à rebours. Le roman de Meliadus du XIII e au XVIII e siècle, Genève: 393-416. 11 Bubenicek, V. 2015: xxxv, 180-83. 12 I. désigne le tome, A le ms., en l’occurrence, celui de l’Arsenal 3325; 47.5-6 renvoie au § et aux lignes de mon édition. 13 Titre partiel d’un article de R.Trachsler 1994: «Brehus sans Pitié: portrait-robot du criminel arthurien», CUER-MA, Aix-en-Provence: 527-42. grande peur» vécue par eux, le récit du Bon chevalier sans Peur, Y. G., se fondant sur ma méconnaissance du ms. Ferrell 5 lors de la rédaction d’un autre de mes articles, «Du bûcher à l’exposition au froid: avatar d’un motif hagiographique. Guiron le Courtois et la Suite du Merlin» 9 , déclare que «l’idée que le récit du ms. Ferrel provient de A(2) (§I.86 s.) a été exprimée pour la première fois par B.Wahlen 2010: 218-19». Il suggère donc que dans la note aux §180-83 (1183), j’ai omis de citer B.W. après m’être inspiré d’elle. Si, dans mon travail de 1993, je n’ai rapproché que trois textes contenant le motif (que j’ai nommé «le châtiment d’un homme adultère par exposition au froid»), dès juillet 2008, au 22 e Congrès international de la Société arthurienne, tenu à Rennes, j’ai présenté une communication approfondie sur la Continuation où j’ai abordé, entre autres, le problème du personnel de ce texte, de son héros ... et de la «chronologie du roman», calendrier dont on trouve quelques traces dans l’Analyse que B.W. a faite dans sa thèse de 2010 10 . Préparant, dès avant 2008, l’édition partielle et l’Analyse de la Continuation, y compris celle du récit de la plus grande peur du Bon Chevalier sans Peur 11 , récit ici incriminé, j’ai donc été en mesure de poursuivre ma réflexion, et, pour reprendre une expression de mon «(re)censeur», utilisé à mon endroit, je n’ai pas attendu B.W. pour écrire que le texte du ms. 3325 est à la base du développement de la Continuation contenue dans Ferrell 5. Le problème majeur que me semble soulever une recension comme celle de Y. G. est que, partant des travaux antérieurs - dans le cas mentionné ci-dessus de F. de Gonzague, prêteur éclairé de romans, il s’agit, bien sûr, des études de Bertoni, de Novati et al. - ou dans le cas de la filiation du conte du Bon Chevalier sans Peur de la Continuation - du texte manuscrit, on peut exprimer, indépendamment l’un de l’autre, une même idée ... M. G., enfin, atteint le sommet dans ce domaine en s’attaquant à ma note à I.A.47.5-6 12 , «tout un petit article sur ... Brehus sans Pitié» (CR, sect. 11). La longueur lui en paraît excessive; c’est que, ne voulant pas trop remanier mon texte relatif à la «Valeur littéraire» de l’œuvre éditée (chap. IX), j’avais décidé de consigner dans les notes les progrès de la critique littéraire. Il était donc normal que mon développement prît la forme d’une synthèse des connaissances récentes, texte où j’avais mis à contribution plusieurs chercheurs s’étant intéressés au personnage du «criminel arthurien» 13 , que je cite aussi souvent que possible. Or, mon contradicteur s’évertue à me trouver en faute de «copie», au sujet de l’article précité de R.Trachsler. La démarche eût été, il me semble, légitime si l’étude de l’un des directeurs du «groupe Guiron» avait été utilisée sans avouer son origine, mais R.T. est cité au moins 8 fois! Est-il utile, dans ces conditions, de me «pister» en cherchant à trouver des expressions communes, un ordre identique d’œuvres citées, voire des erreurs prouvant que je m’étais servi - ce que j’avoue fort volontiers - du travail de mon collègue de Zurich? Je déplore, toutefois, que ce développement inutile ait permis à M. G. de passer sous silence l’originalité de ma contribution relative à Guiron le Courtois, après un «socle commun» où je résume, non sans discernement, ce qui a été fait avant moi. En conséquence, j’estime que la formule dont use Y. G. en tête de sa critique - «un ... article ... certainement intéressant ...» - ne rend pas bien compte de la réalité. Besprechungen - Comptes rendus 325 14 Il y a, certes, quelques critiques positives mais elles sont noyées dans une masse de jugements négatifs; c’est un «mais» correcteur, modérateur qui fait lien entre les deux espèces d’affirmations. 15 Le jury d’alors avait comparé mon travail à une thèse d’État. 16 Pour une autre répartition de la matière narrative, voir Morato 2010: 191 N7; où situe-t-il sa «ligne de partage des eaux»? sa partition du texte s’accompagne-t-elle de quelques signes que Y. G. me reproche de ne pas trouver? Sauf erreur de ma part, il ne semble pas les indiquer. 2. Une mauvaise foi. Le c.r. de Y. G., quasi constamment négatif à mon égard 14 , use, pour rabaisser mon livre et pour mettre en valeur les travaux du «groupe Guiron», d’une exagération permanente. 2.1. Ainsi, lorsqu’il s’étonne qu’«une partie seulement de ce dernier texte» (c’est-à-dire de ce que N. Morato avait appelé «la Suite Guiron») fasse l’objet de la présente publication (CR, sect. 2, N10). Cette partie éditée représente, tout de même, plus de la moitié du texte particulier que renferme le ms. Ars. 3325, et il me paraît quelque peu indécent d’en demander plus à une thèse de 3 e cycle ... 15 2.2. Si le titre de Guiron le Courtois. Roman arthurien en prose du XIII e s. figurant sur le premier plat de la couverture du volume est un titre générique qui renvoie au «cycle» de Guiron, voici mon lecteur rassuré, trouvant, dès le deuxième plat, l’indication précise qui fait état de la «troisième branche» de l’œuvre, éditée présentement, ce qui n’induit point en erreur, comme l’affirme le CR (sect. 2). 2.3. «La répartition du texte» entre deux tomes n’aurait pas «d’autre effet que de compliquer les renvois», déclare Y. G. (CR, sect. 3), tout en reconnaissant, quelques lignes plus loin - voici un de ses repentirs fréquents, ici introduit par un «si» adversatif -, que «le récit ... connaît ici (entre les deux tomes) ... une importante articulation». Mais outre que tout le 1 er tome converge vers le combat judiciaire du Pont Norgalois (cf. I.A.1.3,8; I.A.306.1), le dernier § du tome I est marqué par le départ d’Yvain aux Blanches Mains, personnage qui n’a pas quitté la scène pendant ce premier tome ... Quant au tome II, s’il n’a pas l’unité particulière, il se termine tout de même par la formule canonique, propre aux romans en prose «Mes atant leisse ore li contes a parler d’eaus et retorne» (II.A.199.9-10). J’ajouterai que la rédaction du §1 du tome II a la forme d’un «sommaire», à défaut de la formule «Or dit li contes que», en reprenant l’information précédemment énoncée 16 . Si j’ai parlé d’«une deuxième unité» (IX.1.1: 48), désignant ainsi le futur tome III de l’édition, c’était pour rapprocher celle-ci du tome I, car tous deux, l’actuel tome I et le futur tome III, sont construits sur un même mouvement, à savoir un déplacement vers une rencontre chevaleresque (tournoi de Louverep pour le tome III). 2.4. Autre point controversé: il y aurait «absence d’une présentation complète de la matière narrative» (CR, sect. 8). Je soulignerai ici le caractère de mon travail qui est, avant tout, une édition de textes. Comme tel, il se devait de décrire principalement les manuscrits utilisés, ce qui est fait, il me semble, dans le détail, et figure clairement à la «Table des matières» (chap. X Les manuscrits, une description: 85-90, et XIII Variantes et apparat critique de l’édition: 170 s.). Pour situer le texte du ms. de l’Arsenal (A(2), j’ai fourni, p. 14, un rapide tableau des autres «versions», où je donne, en note, toute la bibliographie récente les concernant. Le ms. F (Morato Fi), Florence, Ash. 123 étant d’une grande complexité, j’ai préféré renvoyer le lecteur au tableau complet donné par R. Lathuillère dans son ouvrage fondamental, me réservant un tableau plus restreint, limité aux 7 sections (sur 10) de ce codex, éditées présentement (88 N351). Il faut, certes, consulter les renvois que nous donnons dès que F s’écarte du texte de A(2); p.ex. - et je réponds à une objection de Y. G. au sujet de la difficulté «de s’y retrouver» (CR ibid.) - ce qui précède dans F avant le §I.131 est non seulement indiqué par Besprechungen - Comptes rendus 326 17 Il se réfère à mon article paru en 1998: «À propos des textes français copiés en Italie: le cas du roman de Guiron le Courtois», Atti del XXI Congresso Internazionale di Linguistica e Filologia Romanza, vol. 6, Tübingen: 59-67. 18 Selon P. Collomp 1931: La critique des textes, Paris: 121-22, «le choix des sigles [doit être] logique et tradui[re] le classement des sources». 19 Cf. ci-dessus, N17. 20 Cf. ci-dessus, N4. la Na (323), mais déjà à I.F.86.1 Na (256), note qui comporte un double renvoi: à l’App. III et aux §131 à 137 de A(2). Si ce système est d’une certaine complexité, il ne fait que refléter celle du ms. Ashburnham 123. 2.5. Un problème lié au précédent est celui des sigles désignant les manuscrits. Si dans la présente édition j’utilise la nomenclature de R. Lathuillère - le lecteur trouve les indications à ce sujet, comme déjà signalé, aux chap. X et XIII -, il m’arrive d’employer une gamme différente lorsque je me réfère à mon édition du Roman de Meliadus, objet de ma thèse d’habilitation de 1998. Lorsque N. Morato, en 2010: 6, critique ma façon de nommer mes manuscrits par «le lettere progressive dell’alfabeto latino» 17 - fait auquel fait allusion Y. G. (CR, sect. 5) - au nom de la «pénibilité» d’un tel usage pour le lecteur et au prétexte que l’alphabet latin n’est pas suffisamment étendu pour désigner tous les manuscrits du cycle, on n’est évidemment pas obligé de s’incliner, même si Y. G. a tendance à présenter les travaux de N. Morato et al. comme un modèle à suivre. Le choix du système alphabétique permet, me semble-t-il, au contraire d’introduire une certaine hiérarchie entre les ms., en fonction de leurs qualités respectives 18 , manuscrits qui, pour la partie éditée du Roman de Meliadus, ne sont pas trop nombreux. Introduire ce système ne me paraît donc pas «compliquer et embrouiller les études guironiennes de manière irrémédiable», comme le déclare, avec quelque emphase, Y. G. à la fin de la sect. 5 de son CR; l’essentiel est de donner les correspondances entre sigles. 2.6. M. G. me fait, par ailleurs, un mauvais procès lorsqu’il parle, à propos du tableau commenté ci-dessus (cf. supra, 2.4.), d’«un tableau ... entaché d’autres erreurs» CR., sect. 8), alors qu’il n’y en a qu’une seule: à la 3 e ligne, il faut lire «83a» au lieu de «82d»! 2.7. Par ailleurs, il déclare, de manière péremptoire: «Ces informations sont d’ailleurs rendues douteuses par le fait que dans l’édition il n’y a pas d’édition du §132 de F ... (CR, ibid.)». Or, ce passage, non introduit dans ce ms. par un alinéa, est signalé à I.F.131 Nd.: 324. 2.8. Plus haut (CR, sect. 3), Y. G. déplore que «Le système des renvois ne [soit] pas toujours univoque»; suit un seul exemple, et encore est-il injuste. En effet, s’il est normal de renvoyer aux lignes du texte critique publié, il est tout aussi normal de renvoyer aux variantes des ms. de contrôle en utilisant aussi un système «chiffré», mais précédé de la mention «var.». C’est ce qui se passe à la p. 33 que M. G. a mal lue: ce n’est pas «118.13», comme il l’indique, mais «... T, var.118.13»! 2.9. Enfin, à mon avis, M. G. se laisse emporter par l’emphase lorsqu’il fait état (sect. 3 de son CR) des «dizaines de pages» écrites par N. Morato «sur la Suite Guiron», texte présentement édité par moi. Si je ne m’abuse, le chercheur italien a consacré à ce texte les p. 185 à 207 de son travail de 2010, soit 22 pages au total, que j’ai eu tort de ne pas citer, je le reconnais. En revanche, je trouve fort discourtoise sa manière de comparer mes «quelques pages» sur la tradition manuscrite du Roman Meliadus 19 - qui ont été, certes, utilisées par les spécialistes, en dépit de leur taille réduite, mais assez comparables à ce que N. Morato a rédigé sur notre Suite -, aux «études immenses de Morato 2010 et Lagomarsini 2014» 20 . Besprechungen - Comptes rendus 327 21 G. Roussineau (éd.), La Suite du roman de Merlin, 2, 546.12-16, et ci-dessus N9. 22 Cf. notre éd. du Roman de Meliadus, t.I,28, 13-16 (à paraître chez Champion); B.Wahlen, quant à elle, ne fait pas appel à Cligès et interprète l’épisode différemment: Wahlen 2010: 144-45. 23 Quant à la référence à F. Lot 1954: 211 N5 (cf. CR, sect. 6 N26), elle pose le problème plus ou moins général de l’usage des anagrammes, comme en témoigne, au reste, le libellé de ma N72, p. 13, et ne prétend pas, évidemment, résoudre notre problème ... 24 Ch. Bruneau (éd.) 1929: La Chronique de Philippe de Vigneulles, vol. 2, Metz: 38. 3. De quelques erreurs ... 3.1. Lorsque Y. G. écrit (CR, N5) que «c’est l’édition proprement dite qui correspond exactement à la publication de la thèse [de 1985]», il se trompe: non seulement l’introduction a été remaniée, et cela non «passablement», mais l’apparat critique a été revu (variantes), des notes - elles étaient absentes de l’éd. de 1985 - ajoutées, mettant le texte au courant des travaux récents, le glossaire - curieusement laissé de côté - augmenté. 3.2. Dans son commentaire du «rayonnement ... de la Suite Guiron» (ch.VI: 26; CR, sect. 6), Y. G. interprète inexactement mes propos. Soulignant les «incohérences» de la Suite (Huth) de Merlin à propos du motif de «l’exposition au froid», je note l’absence de l’effet du froid sur le cours d’eau situé à proximité, alors que ce même froid rend les «voies dures de la gellee», et le romancier suggère même que la victime, en l’occurrence Baudemagus, aurait pu s’y jeter ... 21 Comme la présence de la glace qui empêche la noyade de la victime, occupe la position centrale du motif, je considère le récit de la Suite Merlin comme secondaire par rapport à celui de A(2) - cf. notre éd., I.A, F.86-130 - et renvoie le lecteur au tableau comparatif, p. 1183-86. 4. ... et de quelques critiques injustes. 4.1. Pour prouver que la «mise à jour de la bibliographie était parfois superficielle» (CR, sect. 3) - ce qui ne l’empêche pas d’avouer, quelques lignes plus loin, qu’elle est «très riche et maîtrisée» -, notre critique recourt à deux ex.: d’abord il me fait grief de me servir encore de l’Analyse de Löseth, au lieu de renvoyer à l’éd. de R. L. Curtis, sans remarquer, tout à côté (22 N115), qu’une double référence renvoie à l’édition moderne (celle de G. Roussineau) et à l’édition ancienne (celle de J. Ulrich et de G. Paris) de la Suite Merlin, puis me reproche de citer la Syntaxe de Ph. Ménard dans son édition de 1973, ce qui peut paraître ridicule ... 4.2. Ce qui me paraît beaucoup plus grave est le fait que, parfois, Y. G. balaie d’un revers de la main, et sans les discuter, certaines affirmations qui ne lui conviennent pas car elles ne doivent pas «cadrer» avec l’opinion reçue du «groupe Guiron». 4.2.1. Ainsi du rapprochement fait entre Cligès de Chrétien de Troyes et notre roman (10- 11) 22 ; ainsi encore des rapports possible entre Alfasar, nom d’un frère d’Esclabor, héros du début du récit, et le sultan Al-Asraf, taxés d’«illusoires» (ibid.: 12-13), argumentation serrée qui a bénéficié des avis d’un spécialiste (cf. 13 N75) 23 . La conclusion de Y. G. est significative (CR, sect. 6): il veut démontrer que la présente étude n’a rien apporté de neuf et qu’on en est toujours au même point, et écarte, par là même, presque tout lien avec l’Italie méridionale. 4.2.2. La même visée - nier sans preuves des contacts avec les milieux impériaux - semble inspirer le commentaire de la note à II.A.100.37 (CR, sect. 11), concernant la cérémonie de le nuyt de Noël 1356, se déroulant à la grande église cathédralle de la cité [de Metz], où l’empereur Charles IV chantait la VIIe lisson de matine, tenant l’espee au poing toucte nue ... 24 Besprechungen - Comptes rendus 328 25 22 e Congrès international de la Société Arthurienne, juillet 2008. 26 M. G. mentionne «de courtes citations ... seulement»: CR, sect. 13. 27 Cf. D.Trotter (ed.), Manuel de la philologie de l’édition, Berlin, 2015: 56 N25, et ci-dessus, N. 6. 28 Mon jugement paraît d’ailleurs s’accorder avec les réserves de R.Trachsler 2014: «Nouvelles recherches sur Guiron le Courtois. À propos de trois livres récents», R 140: 234 N8, et celles de C. Lagomarsini 2015: 184-87 (cf. ci-dessus, N5). 4.3. Ce qui est dit, à la N45, au sujet de «peu de clarté» des renvois à des textes «déjà publiés par M. Longobardi» - il s’agit des passages de la Continuation du Roman de Meliadus, que l’éditrice ne pouvait pas identifier - est fort malveillant: se reporter aux p. 981-82 de mon livre (I.2 Les fragments «Longobardi»), et, surtout, à la N57, qui donne les dimensions exactes de ces morceaux. Comment pourrait-on être moins obscure? Paradoxalement suit, tout aussitôt, un passage qui se félicite de la publication de ces textes, insérés, désormais, dans leur «trame narrative» (CR, sect. 13). 4.4. Mais, d’une manière générale, Y. G. a du mal à accepter la seconde partie de mon édition consacrée à la Continuation. Après avoir évoqué la «difficile justification» de sa présence au sein du volume - ses notes mêmes l’expliquent par les «liens qui unissent son texte à la Suite Guiron» (ibid., et supra dans le CR), il essaie de rabaisser l’importance de cette publication: il s’agirait d’une édition d’«une petite partie», qui représente, tout de même, d’après mes calculs, quelque 20% du texte ... Pour l’édition versifiée, voir infra, le point 4.5.2. À propos de l’Analyse de la Continuation, Y. G. estime qu’«il [n]était [pas] nécessaire de refaire ce travail»; mais je ne l’ai pas refait puisque j’ai dû travailler en même temps que B.W., comme en témoigne ma communication au Congrès de Rennes 25 et que, de toute manière, un simple coup d’œil sur nos deux textes permet de voir la différence: 35 p. au total pour B.W., 120 pour moi, éditions partielles comprises, sans parler de larges citations 26 du ms. Ferrell, qui expliquent l’ampleur de cette section. Enfin, à en croire Y. G., «le [pauvre] lecteur ignore[rait] l’existence de l’édition précédente»; pourtant le livre de B. Wahlen est signalé dès la p. vii N27 de l’Introduction et, surtout, à la Bibliographie, section «I.1.1 Analyses et extraits [de Guiron le Courtois]», p. 1242, en ces termes: «Wahlen, B., L’Écriture ... Le Roman de Meliadus ... (analyse ... 393-416; ... choix de textes, 439-472)». 5. Absence ou refus de la discussion. Tout au long de son CR, Y. G. me reproche de dissimuler les travaux récents «d’une équipe de jeunes chercheurs» 27 ou de refuser d’entrer en discussion avec eux. Comme je l’ai signalé précédemment, j’ai discuté ou cité les publications parues en 2010 ou avant lorsque ces dernières concernaient directement mon édition de la Suite Guiron ou celle de la Continuation du Roman Meliadus. J’en veux pour preuve deux exemples: 5.1. M. G. me rend coupable de ne citer Fabrizio Cigni «qu’une seule fois» à propos d’«un point d’extrême détail» (CR, sect. 4); or ce que le «recenseur» omet de dire, c’est que M. Cigni est non seulement cité mais, lorsque ses travaux touchent la matière même de mon édition, discuté: voir le développement que je consacre au ms. F, Florence, Ashburnham 123, dont l’origine est controversée, et au sujet duquel F. Cigni est cité six fois en trois pages ... (Bubenicek 2015: 88-90). De même, à propos de l’Arsenal 3325 (A(2), voir ibid., p. 86 N338. 5.2. Quant à B.Wahlen, j’ai dûment confronté son édition des pièces versifiées du ms. Ferrell 5, consulté directement à Cambridge, pour constater que sa publication pouvait être améliorée 28 , fait que Y. G. passe sous silence. Éditer ces pièces n’est donc pas une entreprise «peu rentable», comme il le pense (CR, sect. 13), mais nécessaire. Besprechungen - Comptes rendus 329 29 Chose surprenante: Y. G. paraît ignorer l’édition du ms. F, pourtant mis au même niveau que A(2): voir sa conclusion (sect. 14 du CR). 30 L’exemple allégué en conclusion de la section 11 du CR, un cas de répétition de segment de texte (II.A.198.27), me paraît relever d’un effet de style et doit être laissé. 31 Je relève, à ce sujet, que G. Roussineau, un éditeur chevronné, écrit a tout ‘avec’ en deux mots; voir La Suite du roman de Merlin, vol. 2, glossaire. 6. M. G. a passé au crible mon édition du texte de la Suite Guiron 29 , et la liste de ses remarques peut paraître longue (CR, sect. 11). Les faits de celle-ci n’étant pas classés, elle juxtapose, à côté des «trouvailles», des faits de ponctuation, sans porter atteinte à l’intelligence du texte édité; bourdons d’imprimeur, parfois pris pour des fautes de lecture ou mises sur le compte de mon «conservatisme» 30 ; la manière d’écrire les mots ensemble ou séparément 31 ; ou encore de ne pas corriger certains faits phonétiques, comme la dénasalisation, faits que j’étudie dans la partie réservée à la langue et auxquels je renvoie dans mes notes. Il y a, aussi, un certain nombre de problèmes que l’auteur du présent CR laisse sans solution. À la lecture de ce texte long, on se pose nécessairement la question de la finalité d’un travail aussi détaillé que celui que Yan Greub vient d’effectuer. En présence d’une «jeune équipe» s’occupant de Guiron, la réponse ne saurait être qu’univoque: tout reste à faire en matière d’études guironiennes ...! Venceslas Bubenicek H Dorothea Kullmann/ Shaun Lalonde (ed.), Réécritures. Regards nouveaux sur la reprise et le remaniement de textes, dans la littérature française et au-delà, du Moyen Âge à la Renaissance, Toronto (Pontifical Institute of Mediaeval Studies) 2015 (Studies and Texts 190) Dalle varianti manoscritte alle traduzione, dagli adattamenti ideologici alle metamorfosi strutturali o di genere, il Medioevo, e quello tardo in particolare, fu l’epoca che, più di ogni altra, mise al centro del proprio modus operandi la variatio, figura retorica che si situa al cuore stesso della sua concezione ideologica, ma anche e soprattutto letteraria. Scrivere trasformando i contenuti, modificando la forma, adattando ad un nuovo genere, ma anche recuperare espressioni, personaggi, caratteri per meglio situarli in una nuova temperie culturale e storica, furono, in quei secoli che ormai sappiamo essere stati tutt’altro che bui e per nulla incivili o «di ferro», ma anzi raffinatissimi e robustamente colti, operazioni che videro coinvolti non solo artisti dal dubbio carisma, ma anche veri e propri geni della creazione poetica o della scrittura in prosa. Il volume che qui recensiamo raduna quindici articoli che fanno luce su singole vicende testuali, ma che insieme fanno il punto delle nostre attuali conoscenze su queste prassi e sul loro sottofondo culturale e ideologico. Il contesto preso in esame dall’elegante volume curato da Dorothea Kullmann e Shaun Lalonde, è soprattutto di ambito e lingua francese, per quanto non manchino - ed anzi sono alcuni tra i più significativi interventi che vi possiamo leggere - scorribande in altri e diversi domini, fino a qualche articolo nel quale non manca neppure il taglio comparatistico che coinvolge le letterature portoghese, occitana e italiana, a dimostrazione di come la Romania fosse intesa come una grande unità culturale ben oltre quelli che siamo abituati a considerare i confini dell’epoca medievale e delle origini. Le specole da cui questa galassia è stata osservata sono state soprattutto quello delle tecniche di adattamento impiegate e della intertestualità, ma non mancano le indagini sui casi
