Vox Romanica
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Francke Verlag Tübingen
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Kristol De StefaniJean Froissart, Chroniques de France et d’Angleterre. Livre quatrième. Édition critique par Alberto Varvaro, Bruxelles (Académie royale de Belgique) 2015, xxx-758 p.
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Besprechungen - Comptes rendus 333 1 On peut aussi télécharger la version pdf sur academie-editions.be/ catalogue/ 63-jeanfroissart. html pour la modique somme de 3,99 € . 2 Œuvres de Froissart: Chroniques, publiées par M. le baron Kervyn de Lettenhove, 26 vol., Bruxelles 1867-1877 (réimpression: Osnabrück 1967). 3 Chroniques de J. Froissart, publiées pour la Société de l’Histoire de France par S. Luce, 8 vol., Paris 1869-79. 4 www.hrionline.ac.uk/ onlinefroissart/ index.jsp. letteratura italiana delle origini, paragonando i cantari con il materiale della tradizione arturiana da cui essi potrebbero derivare, per concluderne che le probabili fonti potrebbero essere traduzioni in volgare di sì in prosa di quei romanzi francesi che cominciavano, a metà del XIII secolo, a circolare per la penisola. Destinatario sarebbe stato quel pubblico borghese che avrebbe assistito a pubbliche performances teatrali (273). Più innovativo (per quanto anch’esso orientato verso una pura ricerca sulle fonti che oggi forse è un po’ metodologicamente datata), ci sembra invece l’intervento di Shaun Lalonde, «La réécriture des vidas et des razos provençales dans la nouvelle italienne: une source de la quatrième nouvelle du cinquième jour du Décameron» (274-84), che esplora i debiti contratti dal Boccaccio con le vidas e le razos provenzali nella stesura della quarta novella del quinto giorno del Decameron. Lalonde propone di riconoscervi una parodia del linguaggio della fin’amors, parodia di cui si intravvedono i contorni anche nella ironia che tappezzerebbe la razo della canzone di Bernart de Ventadorn «Quan vei la lauzata mover», di cui sono ben noti i rapporti con i canzonieri di Chretien de Troyes e di Raimbaut d’Aurenga (283). Un articolo di Nicholas Arrigo sulla bibliografia dedicata al tema delle réécritures (319- 58), conclude i contributi raccolti in questo volume dedicato a un tema, e a opere, di solito denegate o sottovalutate, mentre una bibliografia completa delle opere citate negli articoli, i profili biografici dei contributors, e un indice delle cose, dei personaggi storici e delle nozioni, aiuta a percorrere le pagine di questo utile contributo. Il risultato è un utile contributo alla migliore comprensione della evoluzione del fatto letterario lungo i secoli del maturo e tardo medioevo. Gerardo Larghi H Jean Froissart, Chroniques de France et d’Angleterre. Livre quatrième. Édition critique par Alberto Varvaro, Bruxelles (Académie royale de Belgique) 2015, xxx-758 p. 1 Les chroniques de Jean Froissart ont connu plusieurs éditions depuis l’édition incunable d’A.Vérard à la fin du XV e siècle, mais celle du baron Kervyn de Lettenhove, parue entre 1867 et 1877 2 , est restée jusqu’à nos jours la dernière édition complète. Dans son introduction, Kervyn décrit un nombre important de manuscrits, mais son choix des manuscrits de base pour son édition, notamment celle du manuscrit d’Amiens pour le premier livre, n’était souvent pas très judicieux. En plus, il ne justifie jamais les corrections apportées au texte. En ce qui concerne les différentes versions du premier livre, c’est le classement proposé par Siméon Luce dans son édition pour la Société de l’Histoire de France 3 qui fait autorité jusqu’à nos jours. Pour les livres II et III, il existe des éditions valables dans la même collection; elles sont dues à Gaston Raynaud, Léon et Albert Mirot. Cependant, le livre IV n’a jamais vu le jour. The Online Froissart, édité par Peter Ainsworth et Godfried Croenen 4 , rend accessible le texte de certains manuscrits, mais d’aucun manuscrit complet du livre IV. Besprechungen - Comptes rendus 334 5 Selon The Online Froissart (About the edition: How the material was selected), les quatre livres comptent à peu près 1’390’000 mots, dont 300’000 mots pour le livre IV, et il existe quelque 150 manuscrits, dont seulement 21 pour le livre IV. 6 B. Guenée, La folie de Charles VI, Paris 2 2016: 18. 7 La tragédie de l’histoire. La dernière œuvre de Jean Froissart, traduit de l’italien par A. Hanus, Paris 2011 (désormais cité sous le titre Tragédie). Comment expliquer cette lacune? Publier les chroniques de Froissart est un travail de longue haleine à cause de leur longueur et du nombre de manuscrits conservés 5 . Jean Froissart était un auteur prolixe, qui nous a également laissé de nombreuses œuvres poétiques dont un roman arthurien de plus de 30’000 octosyllabes, Méliador. Son incontestable talent littéraire lui assure une place de choix parmi les chroniqueurs du XIV e siècle. En même temps, ses chroniques sont parfois une lecture fastidieuse parce qu’il raconte tout par le menu. On note en particulier son recours massif au discours direct, qui est évidemment un procédé littéraire, car ces discours sont, comme disait Voltaire (Encyclopédie 8, 225), «une fiction imitée d’Homère». Si les historiens ont souvent mis en cause la fiabilité de Froissart, ils se sont parfois aussi laissés tenter par son talent. Pour l’épisode du 5 août 1392, où se manifeste pour la première fois ce qu’on appelait à l’époque la «frénésie» de Charles VI, roi de France, nous possédons essentiellement deux narrations, celle de Froissart (livre IV, chapitre 29) et celle de la chronique dite du Religieux de Saint-Denis. Ce dernier était présent sur les lieux, et les historiens devraient, par conséquent, se fier à sa narration, mais ils se sont laissés tenter le plus souvent par la narration plus dramatique de Froissart: «La postérité a préféré le brillant homme de lettres à l’historien sérieux mais un peu terne» 6 . En examinant les 21 témoins du livre IV, Alberto Varvaro distingue deux types de manuscrits. Il y a d’abord onze manuscrits de facture plutôt modeste, généralement sur papier et sans enluminures. Ils forment la famille α , pour laquelle Varvaro nous propose un stemma codicum (xii). Par contre, il n’en propose aucun pour les dix autres manuscrits, de facture plus luxueuse et dont les acheteurs «étaient intéressés par la qualité de l’objet plutôt que par la fidélité du texte» (xvii). On aurait pourtant pu pousser la comparaison des manuscrits plus loin, car notre éditeur s’est contenté d’étudier un seul chapitre, le quatrième, dans tous les manuscrits. En 2004, Varvaro avait déjà publié avec Peter Ainsworth des extraits des livres III et IV. En 2011 est ensuite parue son étude intitulée La Tragédie de l’Histoire 7 , une étude essentiellement littéraire destinée à accompagner l’édition du livre IV, dont il disait à l’époque qu’elle était «désormais sous presse» (Tragédie, 8). L’éminent romaniste italien étant décédé le 22 octobre 2014, sans que l’édition soit sortie de presse, on pouvait craindre le pire. Heureusement, elle a finalement paru à titre posthume en 2015. En ce qui concerne les manuscrits conservés, Varvaro constate qu’aucun «ne peut être daté avec certitude d’avant 1460» (v). Nous avons pourtant connaissance d’un manuscrit copié en 1452 pour Philippe le Bon, duc de Bourgogne, mais aujourd’hui perdu. De plus, Enguerrand de Monstrelet, mort en 1453, l’auteur d’une continuation des chroniques de Froissart pour les années 1400 à 1444, a dû connaître le livre IV (cf. Tragédie, 29-31). Toujours est-il que le livre IV ne doit pas avoir circulé immédiatement après la mort du chroniqueur, décédé au tout début du XV e siècle. Varvaro en conclut que le livre IV était un texte que le chroniqueur a laissé inachevé à sa mort et qu’il n’avait plus eu le temps de réviser. Le dernier chapitre laisse en effet une impression d’imperfection. Il commence par des considérations très personnelles sur la mort du roi d’Angleterre Richard II et finit par mentionner quelques événements contemporains dans une brièveté inhabituelle pour un auteur aussi prolixe que Froissart. Dans les manuscrits de la famille α , on a encore ajouté au dernier chapitre un texte qu’un inconnu avait Besprechungen - Comptes rendus 335 8 In: History of William Marshal, ed. by A. J. Holden, S. Gregory et D. Crouch, 3 vol., London 2002-06, III: 27. 9 Froissart, Chroniques. Dernière rédaction du premier livre. Édition du manuscrit de Rome Reg. Lat. 869, éd. par G.T. Diller, Genève/ Paris 1972: 24. adressé à Froissart pour lui raconter les circonstances de la mort du roi. C’est un texte qui devait se trouver sur la table de travail de Froissart à sa mort et qu’il n’a plus pu utiliser. On le trouve dans une annexe de l’édition. Que les vingt derniers chapitres (63-82) du livre IV soient presque exclusivement consacrés au conflit entre le comte Henry Bolingbroke et le roi Richard II, est un cas plutôt exceptionnel dans une chronique médiévale, car celles-ci ne se présentent pas comme des récits continus, mais sont constituées par une suite d’épisodes, souvent sans autre lien entre eux que l’ordre chronologique des événements. David Crouch 8 parle à ce propos de péricopes, car c’est ainsi qu’on appelle ce genre d’épisodes dans les livres historiques de la Bible. Si Froissart nous présente un récit continu à la fin du livre IV, ce n’est pourtant pas forcément un argument pour l’inachèvement de son manuscrit. Froissart était un chroniqueur qui essayait de rendre ses narrations plus cohérentes que celles de ses concurrents. C’est apparemment pour cette raison qu’il a réécrit à deux reprises le premier livre, qui, au départ, était un pur démarquage de la chronique de Jean le Bel. C’est ce que pense notamment George Diller, l’éditeur du manuscrit de Rome, la dernière version du premier livre: «... on trouve dans le texte de Rome une unité de composition et de vision qui manque aux rédactions précédentes du premier livre» 9 . Froissart est d’ailleurs un des rares chroniqueurs qui nous racontent comment ils ont recueilli leurs informations. Dans certains chapitres des livres III et IV, il apparaît lui-même, à la première personne du singulier, comme un protagoniste de sa narration. Nous apprenons ainsi que Froissart a beaucoup voyagé et a profité de ses voyages pour se faire raconter ce qui s’était passé par des gens qu’il pouvait considérer comme des témoins oculaires. Dans un épisode souvent cité, Froissart nous narre comment il a fait le chemin de Pamiers à Orthez en compagnie d’un chevalier du comte de Fois, Espan de Lion, qui revenait d’Avignon. Celui-ci lui racontait ce qui s’était passé dans les villes qu’ils traversaient: Des paroles que messire Espaeng de Lyon me comptoit estoie tout rafreschi, car elles me venoient grandement à plaisance et toutes très bien les retenoie, et si tost que aux hostelz sur le chemin que nous fesismes ensamble, descendu estoie, je les escripsoie, fust de soir ou de matin, pour avoir en tou[t] temps advenir mieulx la memoire, car il n’est si juste retenue que cest d’escrpiture. (cité par Varvaro, Tragédie, 38) Il est donc vraisemblable que le chroniqueur avait sous les yeux les notes prises lors de ses voyages, quand il rédigeait ou, plus vraisemblablement, quand il dictait ses chroniques. Il est donc fort possible, comme le pense Varvaro, que les premiers éditeurs du livre IV avaient trouvé sur sa table de travail non seulement le manuscrit inachevé, mais aussi ses notes sur des feuilles volantes. C’est sur une telle feuille que devait se trouver la note de la mort de Richard II qu’un copiste a ajouté aux manuscrits de la famille α . Varvaro croit qu’une autre feuille volante contenait la narration de la réunion auprès du comte Aubert de Bavière, qui s’inquiétait du voyage de son fils à Londres. Ce serait une information que Froissart aurait reçue après avoir rédigé le chapitre correspondant, et qu’il n’aurait plus eu le temps d’y intégrer. Un copiste l’aurait alors fait à sa place. Cependant, cet épisode n’apparaît que dans le manuscrit Bre (Breslau 1, aujourd’hui conservé à la Staatsbibliothek de Berlin). Il faut alors supposer que David Aubert, qui a copié ce manuscrit particulièrement luxueux en 1468, ou en tout cas le copiste du manuscrit qui lui servait de modèle avait eu accès aux textes laissés par Froissart. Ce qui me gêne dans ce cas, c’est que Bre est le Besprechungen - Comptes rendus 336 1 M. Colombo-Timelli/ A. Schoysman (ed.), «Jean Miélot», Le moyen français 67 (2010). 2 M. Colombo-Timelli/ C. Galderisi (ed.), «Pour acquérir honneur et pris». Mélanges de Moyen Français offerts à Giuseppe Di Stefano, Montréal 2004. 3 M. Sepet (ed.), Vie de Ste Catherine d’Alexandrie, par Jean Mielot. Texte revu et rapproché du français moderne par Marius Sepet, Paris 1881. manuscrit de base de l’édition Kervyn de Lettenhove, et que Varvaro critique ce choix parce que, à son avis, David Aubert était un copiste qui intervenait massivement dans le texte. C’est pourquoi Varvaro a préféré le manuscrit B67 (Bruxelles, Bibliothèque royale, IV.467) comme manuscrit de base de son édition. Il considère que c’est le texte le plus proche de la version originale. Il contient néanmoins des erreurs manifestes. C’est pourquoi il l’a comparé au manuscrit P48 (Paris, B.N.f.fr. 2648), représentant la famille a, et au manuscrit Bre, édité par Kervyn de Lettenhove. Les 795 corrections apportées au manuscrit de base sont signalées par des chiffres gris et justifiées dans les notes philologiques à la fin du volume. On peut évidemment regretter que Varvaro n’ait pas collationné tous les manuscrits. Cela aurait peut-être mené à des conclusions différentes, mais, dans ce cas, il y a fort à parier que son édition n’aurait jamais vu le jour. Les éditeurs des chroniques de Froissart pour la Société d’Histoire de France avaient eu l’ambition d’être exhaustifs et Varvaro n’a probablement pas tort quand il voit là «l’une des principales causes de la lenteur de l’entreprise, jusqu’à provoquer la paralysie totale» (xxviii). Il était donc raisonnable de se fixer un but limité. Notre éditeur n’a pourtant pas voulu renoncer à des notes historiques assez fréquentes, sans lesquelles le texte serait difficile à comprendre. Il a ajouté un glossaire sélectif et un index exhaustif des noms de personnes et des lieux, index où l’on trouve plus facilement ce que l’on cherche que dans les annexes pléthoriques de l’édition Kervyn. Réjouissons-nous donc de disposer enfin d’une édition moderne et fiable du livre IV des chroniques de Jean Froissart. On l’attendait depuis 140 ans! Jakob Wüest H Jean Miélot, Vie de sainte Katherine, édition de Maria Colombo-Timelli, Paris (Classiques Garnier) 2015, 276 p. (Textes littéraires du Moyen Âge 34) Le texte édité par M. Colombo-Timelli s’inscrit dans la tradition des vies de saints en prose du XV e siècle, traduites d’hagiographies latines et compilées pour un riche mécène, dans ce cas, Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Il s’agit d’un genre prolifique, alimenté par des compilateurs et translateurs productifs à l’image de Jean Miélot. Ce type de textes et leurs auteurs connaissent une revalorisation, qui se traduit notamment par la monographie de 2010 consacrée à Miélot 1 , ou encore par de nombreux articles sur les aspects de cette production dans les mélanges offerts à Di Stefano en 2004 2 . L’attrait pour ce genre de texte n’a pas toujours été évident. De plus, l’absence d’études peut en partie être attribuée à la mauvaise qualité des anciennes éditions de ces textes. C’est le cas pour la Vie de Sainte Katherine dont le précédent éditeur, Marius Sepet 3 , souhaitait rendre le texte plus accessible pour les «familles chrétiennes et [les] hommes de goût» (16-17). Le texte avait ainsi été «revu et rapproché du français moderne» et «débarrassé des longueurs inutiles qui le départ dans l’original ... à son sujet propre» (17). Le résultat en est une édition philologiquement mauvaise et inutilisable scientifiquement. La Vie de Sainte Katherine éditée par Colombo-Timelli remédie à cela en donnant un nouvel accès au texte et en montrant l’intérêt que de telles œuvres peuvent avoir pour la langue et la culture hagiographique françaises du XV e siècle. Plusieurs points en
