Vox Romanica
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Francke Verlag Tübingen
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Kristol De StefaniJean Miélot, Vie de sainte Katherine, édition de Maria Colombo-Timelli, Paris (Classiques Garnier) 2015, 276 p. (Textes littéraires du Moyen Âge 34)
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Maud Becker
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Besprechungen - Comptes rendus 336 1 M. Colombo-Timelli/ A. Schoysman (ed.), «Jean Miélot», Le moyen français 67 (2010). 2 M. Colombo-Timelli/ C. Galderisi (ed.), «Pour acquérir honneur et pris». Mélanges de Moyen Français offerts à Giuseppe Di Stefano, Montréal 2004. 3 M. Sepet (ed.), Vie de Ste Catherine d’Alexandrie, par Jean Mielot. Texte revu et rapproché du français moderne par Marius Sepet, Paris 1881. manuscrit de base de l’édition Kervyn de Lettenhove, et que Varvaro critique ce choix parce que, à son avis, David Aubert était un copiste qui intervenait massivement dans le texte. C’est pourquoi Varvaro a préféré le manuscrit B67 (Bruxelles, Bibliothèque royale, IV.467) comme manuscrit de base de son édition. Il considère que c’est le texte le plus proche de la version originale. Il contient néanmoins des erreurs manifestes. C’est pourquoi il l’a comparé au manuscrit P48 (Paris, B.N.f.fr. 2648), représentant la famille a, et au manuscrit Bre, édité par Kervyn de Lettenhove. Les 795 corrections apportées au manuscrit de base sont signalées par des chiffres gris et justifiées dans les notes philologiques à la fin du volume. On peut évidemment regretter que Varvaro n’ait pas collationné tous les manuscrits. Cela aurait peut-être mené à des conclusions différentes, mais, dans ce cas, il y a fort à parier que son édition n’aurait jamais vu le jour. Les éditeurs des chroniques de Froissart pour la Société d’Histoire de France avaient eu l’ambition d’être exhaustifs et Varvaro n’a probablement pas tort quand il voit là «l’une des principales causes de la lenteur de l’entreprise, jusqu’à provoquer la paralysie totale» (xxviii). Il était donc raisonnable de se fixer un but limité. Notre éditeur n’a pourtant pas voulu renoncer à des notes historiques assez fréquentes, sans lesquelles le texte serait difficile à comprendre. Il a ajouté un glossaire sélectif et un index exhaustif des noms de personnes et des lieux, index où l’on trouve plus facilement ce que l’on cherche que dans les annexes pléthoriques de l’édition Kervyn. Réjouissons-nous donc de disposer enfin d’une édition moderne et fiable du livre IV des chroniques de Jean Froissart. On l’attendait depuis 140 ans! Jakob Wüest H Jean Miélot, Vie de sainte Katherine, édition de Maria Colombo-Timelli, Paris (Classiques Garnier) 2015, 276 p. (Textes littéraires du Moyen Âge 34) Le texte édité par M. Colombo-Timelli s’inscrit dans la tradition des vies de saints en prose du XV e siècle, traduites d’hagiographies latines et compilées pour un riche mécène, dans ce cas, Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Il s’agit d’un genre prolifique, alimenté par des compilateurs et translateurs productifs à l’image de Jean Miélot. Ce type de textes et leurs auteurs connaissent une revalorisation, qui se traduit notamment par la monographie de 2010 consacrée à Miélot 1 , ou encore par de nombreux articles sur les aspects de cette production dans les mélanges offerts à Di Stefano en 2004 2 . L’attrait pour ce genre de texte n’a pas toujours été évident. De plus, l’absence d’études peut en partie être attribuée à la mauvaise qualité des anciennes éditions de ces textes. C’est le cas pour la Vie de Sainte Katherine dont le précédent éditeur, Marius Sepet 3 , souhaitait rendre le texte plus accessible pour les «familles chrétiennes et [les] hommes de goût» (16-17). Le texte avait ainsi été «revu et rapproché du français moderne» et «débarrassé des longueurs inutiles qui le départ dans l’original ... à son sujet propre» (17). Le résultat en est une édition philologiquement mauvaise et inutilisable scientifiquement. La Vie de Sainte Katherine éditée par Colombo-Timelli remédie à cela en donnant un nouvel accès au texte et en montrant l’intérêt que de telles œuvres peuvent avoir pour la langue et la culture hagiographique françaises du XV e siècle. Plusieurs points en Besprechungen - Comptes rendus 337 4 M. Colombo-Timelli, «La Vie de sainte Katherine de Jean Miélot (1457) - Prolégomènes à une édition critique», Le moyen français 67 (2010): 13-35. Cet aspect est principalement abordé dans cet article, en présentant un inventaire des manuscrits de différentes vies de Sainte Catherine de cette époque, 18-20. 5 Voir par exemple F. Duval, «Le vocabulaire de la Rome ancienne chez Jean Miélot», Le moyen français 67 (2010): 63-77. particulier peuvent être soulevés à la lecture du texte: dans le cas de Jean Miélot, traducteur et compilateur à la production particulièrement abondante, lié à la cour de Bourgogne - pour laquelle il a translaté, entre autres, les vies de saint Fursy, Saint Josse et saint Adrien - l’étude de ces textes peut nous informer sur les «goûts et [les] intérêts du milieu bourguignon pendant les années 1450-1470» 4 . Au niveau de la langue, l’examen des travaux de l’auteur, picard d’origine, permet de relever quelques traits régionaux, principalement lexicaux. Finalement, le processus de traduction est également reflété par l’analyse de ces textes, et de leurs sources 5 . Ces points d’intérêts sont abordés dans l’édition de Colombo-Timelli, qui touche à de nombreuses facettes du texte et de la tradition hagiographique française du XV e siècle. L’édition s’ouvre sur une présentation des manuscrits édités (11-13): le manuscrit B.N.f.fr. 6449, manuscrit auctorial destiné au Duc de Bourgogne, et la copie de David Aubert réalisée pour Marguerite d’York, ms. B.N.f.n.a.fr. 28650. La copie, indépendante du manuscrit B.N.f.fr. 6449 (39), est éditée dans sa totalité, à cause des trop nombreuses variantes qui auraient poussé à «transcrire cette copie quasi intégralement» et de «l’intérêt que l’on porte depuis quelques années aux adaptations du copiste bourguignon» (56). L’analyse se concentre sur le texte de Miélot, tout en faisant les liens nécessaires entre les deux manuscrits, afin d’éclairer les processus de copie et d’altération mis à l’œuvre par Aubert. Après un rappel des œuvres hagiographiques présentes au répertoire de Miélot (14-16), Colombo-Timelli procède à la description du texte: sa structure et les sources de sa matière (16-20), dont la principale est une légende rédigée par un moine franciscain, Frater Petrus, au XIII e siècle. Ensuite, la traduction de Miélot est mise en regard de la Legenda, uniquement conservée dans un incunable de 1500, afin de dégager les modalités de traduction. En raison de sa source latine, le lexique de Miélot est parsemé de «latinismes et de calques formels» (23), parfois «accompagn[és] de synonymes plus courants». Sa syntaxe est parfois latinisante, et présente certaines particularités morphosyntaxiques directement héritées du modèle latin (25). Colombo-Timelli montre que certains particularismes de la syntaxe, responsables d’ambiguïtés, peuvent être éclairés par une mise en regard des textes - incluant la copie de David Aubert (27). L’introduction se poursuit avec une comparaison du manuscrit de la vie de Sainte Catherine et de la copie de David Aubert (29-39). Cette comparaison permet de mesurer l’originalité de ce copiste et remanieur, et des modifications apportées au texte - la mesure de ceci peut aussi être prise avec l’annexe 2 qui présente en vis-à-vis les titres de chapitres des deux versions (243-53) - comme une tendance à la réduplication synonymique (30) et une amplification par insertion d’éléments lexicaux (31). Il est montré qu’il fait plus rarement recours à l’insertion d’informations absentes de la traduction de Miélot (33). La comparaison entre les deux copies permet à l’éditrice de résoudre quelques leçons suspectes (35), qui suggèrent l’emploi par David Aubert d’une version antérieure de la traduction de Jean Miélot, dont le ms. B.N.f.fr. 6449 est également dérivé. Une autre possibilité dégagée par les leçons problématiques est l’existence d’une copie perdue dont la version de David Aubert est la copie (39). Colombo-Timelli montre qu’il n’est pas possible de tirer de conclusion définitive quant à une version antérieure sur la base des données disponibles. L’analyse linguistique du ms. B.N.f.fr. 6449 (40-55) met en relief des picardismes graphophonétiques, morpho-syntaxiques et lexicaux; Miélot toutefois montrerait une «tendance à ‹dé-picardiser› les textes qu’il copie» (40), alors que la copie de David Aubert est plus Besprechungen - Comptes rendus 338 fournie en picardismes. Quelques régionalismes et mots rares sont analysés et assortis de commentaires métalexicographiques, ce qui permet d’antédater certains lexèmes, comme prevenu ‘sous l’influence de’, ou d’en étendre l’usage, par exemple frentissant ‘grinçant’ (52-54). Pour les mots plus fréquents, l’éditrice renvoie au glossaire (209-35), extrêmement fourni. L’étude linguistique est exhaustive, et donne une idée précise de la langue du texte, ainsi que du style de Miélot, profondément lié à la source latine (54-55). Le glossaire réunit les mots «disparus dans la langue moderne ou dont la signification a évolué au point de les rendre incompréhensible ou ambigus pour le lecteur d’aujourd’hui» (209). Pour ce qui est de la copie de David Aubert, seuls les mots qui lui sont exclusifs sont signalés. Les lexèmes sont accompagnés de gloses définitoires et parfois par le correspondant latin dans la source - voir «bataillans, n.m.pl.: ‘combattants ...’ (lat. ‹certantium›)» (212), «premieraine, adj.f.: ‘précédente, primitive ...’ (lat. ‹pristina›)» (229), etc. - afin de clarifier certains mots dont la signification était ambiguë (209). Certains termes omis auraient pourtant mérité également, à notre avis, une place dans le glossaire, de par leur forme ou leur signification obscure. En voici trois exemples: - Esdittes pron. (6v°) «... Oultre les choses que j’ay trouvé esdittes cinq légendes»: «dans les éléments ci-dessus mentionnés»: cette forme fléchie du pronom ne se trouve pas telle quelle dans les dictionnaires et pourrait poser des difficultés de compréhension à des lecteurs peu expérimentés. - Votive adj. (39v°) «Qui est la ... region du monde si estrange de la conversion humaine qui ne baille au seul grant dieu la culture de religion votive? »: «qui exprime un vœu, qui a rapport à un vœu»: il est difficile de déterminer si le syntagme religion votive provient de la source, mais la rareté de l’adjectif jusqu’au XVI e siècle - trois attestations dans le DMF, dont deux du XIV e siècle et une pour le syntagme messe votive, du XV e siècle - et la difficulté de compréhension de la phrase pousseraient à placer ce mot dans le glossaire. - Rechuprent 3 e p. plur. (46v°a) «[tous] rechuprent Constantin en grant triumphe»: «reçurent»: le p présent dans cette forme peut être dû à une volonté d’utiliser une graphie latinisante. Ce type de graphie ne se trouve pas dans les dictionnaires de référence et mérite donc d’être signalée. Certaines formes pourraient être corrigées ou, si elles ne sont pas considérées comme fautives, être signalées dans le glossaire. C’est le cas de acompy (74v°), forme de la 3 e p. sing. non attestée du verbe accomplir. L’édition du texte propose la transcription des deux manuscrits présentés plus tôt. Elle suit les normes habituelles du toilettage de texte. Les notes sont présentées en deux parties: en bas de page se trouvent les notes qui présentent les leçons modifiées par l’éditrice; à la fin de chaque chapitre se trouvent les nombreuses notes traitant des rapports entre les deux versions du texte et la source latine, parfois citée extensivement. Ces notes, pouvant occuper jusqu’à la moitié d’une page (60-61, 108) entravent la fluidité de la lecture et auraient trouvé une place plus adéquate en bas de page ou en fin de volume. L’emplacement et la description des enluminures du ms. B.N.f.fr. 6449 sont signalés entre les chapitres, ce qui apporte à la compréhension de la relation entre le texte et l’image, dans la perspective d’une édition d’un manuscrit connu pour ses riches enluminures en grisaille. Pour l’intéressé, cela permet d’étudier la relation entre la narration et l’emplacement des «tableaux» - et également de se rendre compte des décalages possibles entre le texte et ses illustrations (105). L’édition est complétée par des annexes: un inventaire des vies de Sainte Catherine rédigées au XV e siècle (241-42); les titres de chapitre des deux manuscrits édités, accompagnés d’une brève analyse linguistique et de leur mise en regard (243-53); la Vie de Sainte Catherine apparaissant dans le Martyrologe de Jean Miélot (ms. Bruxelles, KBR, 9946-9948) (255-63). Besprechungen - Comptes rendus 339 1 Cf. G. Doutrepont, Les mises en prose des épopées et des romans chevaleresques du XIV e au XVI e siècle, Bruxelles 1939 (Nachdrucke Genève 1969, 2011). 2 Cf. Répertoire 2014: 7. 3 La rédaction a supprimé ici quelques propos désobligeants que l’auteur a consacrés aux conditions de travail du monde scientifique actuel, jugées désastreuses pour les sciences humaines, mais qui étaient sans rapport avec l’ouvrage recensé. En définitive, l’édition constitue un pas en avant pour la valorisation de ce genre textuel. Elle peut être lue aux côtés de la monographie de 2010, pour plus d’informations sur Jean Miélot et sa volumineuse production. Ces ouvrages peuvent également éclairer les mécanismes de translation des hagiographies françaises en prose du XV e siècle, ainsi que d’autres textes compilés par Miélot. L’analyse linguistique de l’édition permet de se rendre compte que, malgré une certaine neutralisation de ses picardismes, l’écriture de Miélot n’en est pas totalement dénuée. La syntaxe latinisante employée par l’auteur est mise en lumière de manière efficace, offrant un regard précis sur les systématismes de l’auteur. Au niveau du lexique, l’édition met en lumière un vocabulaire modérément régional et atteste quelques termes rares, qui permettraient d’actualiser certaines entrées de dictionnaire. Finalement, l’édition offre un texte fiable et une introduction éclairante, notamment sur les relations entre les deux copies que nous connaissons de la Vie de Sainte Katherine et sur les modalités de traduction de Jean Miélot. Maud Becker H Maria Colombo Timelli/ Barbara Ferrari/ Anne Schoysman/ François Suard (ed.), Nouveau Répertoire de mises en prose (XIV e -XVI e siècles), Paris (Classique Garnier) 2014, 929 p. Es kann nicht geleugnet werden: Die Überblicksdarstellung zu den Mises en prose aus dem Jahre 1939 von Georges Doutrepont ist in die Jahre gekommen 1 . Nicht, dass wir die Qualität seiner Darstellungen in Zweifel ziehen würden und seine großartige Sammler- und Analytikerleistung nicht hinreichend würdigen würden - aber die Forschung hat in den letzten mehr als 75 Jahren nicht geschlafen. Es sind neue Texte, neue Manuskripte zu bekannten Texten entdeckt worden und die analytische und interpretatorische Arbeit an und mit den Texten hat z.T. überraschende Früchte getragen. Eine neue Darstellung des von Doutrepont so meisterlich behandelten Themenfeldes drängt sich somit auf. Diese Fronarbeit haben die vier Herausgeber auf sich genommen. Neben ihren eigenen Beiträgen muss v.a. ihre organisatorische Leistung gewürdigt werden, denn es ist ihnen gelungen, innert kürzester Zeit ein Kollektiv von 46 Beiträgern zusammenzustellen und auf ein einheitliches Vorgehen einzuschwören; diese «verschworene» Gemeinschaft hat dann innerhalb von nur 2 Jahren ein Panorama von 78 Darstellungen erarbeitet. Warum dieser Druck, diese Eile? Nun, das Projekt ist von offizieller Seite gefördert worden, und zwar durch das italienische MIUR (Ministero dell’Istruzione, dell’Università e della Ricerca) und insbesondere durch dessen Ableger an den Universitäten Mailand und Siena 2 . Und dieser Sponsor gesteht nun für die Realisierung eines angenommenen Projekts maximal 2 Jahre zu. Ist das nicht Wahnsinn im Rahmen des heutigen Wissenschaftsbetriebs mit all seinen Unwägbarkeiten, nicht kalkulierbaren Risiken und nicht vorhersehbaren Überraschungen 3 ? Doch verlassen wir das wenig erfreuliche organisatorische Umfeld dieser (und vieler anderer) neueren Publikationen und kehren wir zu diesem in jeder Hinsicht beeindruckenden
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